IV

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Nous mangeons en silence, sans même nous regarder, il n'y a que les tintements de nos couverts contre nos assiettes qui brisent le silence environnant. Purée à la truffe accompagnée de canard et de sa sauce au miel. C'est délicieux, mais j'ai du mal à en profiter tant l'ambiance est pesante.

Je risque un œil devant moi, Abee, dans une robe couleur jaune, qui fait joliment ressortir son teint de porcelaine, est incruster de pierre noire qui reflète la lumière des bougies sur la table. Elle mange doucement, ses cheveux couleur de feu ondulés tombent sur sa poitrine délicate. Sentant certainement mon regard sur elle, elle lève ses yeux bruns vers moi. Un léger sourire se dessine sur sa bouche et ses ailes se dressent dans son dos, lui donnant soudain une apparence d'ange même si elles sont transparentes.

J'ai toujours été intrigué par le faites que ces ailes se déploient et bougent en fonction de ses émotions, et a cet instant, elles sont droites dans son dos, en mode, curiosité ou intrigué. Elle me fait un signe de tête discret pour me demander si ça va et j'acquiesce d'un signe de tête.

Père se racle soudain la gorge et se met à nous poser des questions sur des banalités. Nous répondons chacune notre tour avec des phrases courte et sans détails. Nous n'avons pas l'habitude de se genre de situation, nous mangeons ainsi d'une à deux fois par semaine quand Père n'as pas de visiteur à satisfaire, de réunion ou qu'il soit en déplacement. La plupart du temps, le soir, nous mangeons seule dans notre chambre. Il n'y a que les midis ou nous mangeons entre filles et que nous pouvons nous lâcher un tant soit peu. Enfin, quand je mange avec elles, car je ne suis pas vraiment la bienvenue.

- D'ailleurs Crystal... Dit soudain Père d'une voix plus grave ce qui nous fait toute sursauté. Le Ministre des sciences, qui est une personne très importante, est notre invité demain et passera la nuit ici, il me demande t'as présence, tu nous accompagneras pour lui tenir compagnie.

Crystal, qui a déjà une tonalité de peau blanche extrême, blêmie, mais accepte d'un signe de tête. Moi, je me tasse sur ma chaise jalouse, elle va pouvoir sortir du manoir et se promener dehors, c'est une chance que mes sœurs ont et que je n'ai pas, car personne ne demande ma présence. Suis-je vraiment moins jolie que mes sœurs ? Pourquoi je ne plais pas ? Pourquoi personne ne veut ma compagnie ? Suis-je ennuyante ?

Bien sur ce produire sur scène et être adulé arrange un peu les choses mais quand même, je suis toujours derrière Père, ne me voient-ils pas ? Je voudrais moi aussi accompagner Père et ses visiteurs pour sortir un peu de ce manoir et voir le monde de dehors.

C'est sur une note sucrée, mais sans plus d'appétit que le repas pesant s'achève, Père se lève, nous souhaite une bonne nuit et s'en vas en silence. Mes sœurs se détendent une fois qu'il est parti et Crystal jure dans sa barbe. Nos vigiles respectifs s'avancent alors vers nous pour nous raccompagner à nos chambres. Je vois Sora me jeter un coup d'œil avant de se pencher vers Crystal pour lui demander de la suivre. Elle lui hurle dessus qu'elle n'a pas besoin qu'ont lui disent quoi faire et part d'une démarche rapide dans les couloirs, Sora sur ses talons, essayant de garder le rythme derrière elle.

Je rigole doucement en voyant la tête de Sora quand une main se présente devant moi.

- Miss Oria. Dit Ashe, le chef sécurité qui m'accompagne ce soir.

J'accepte sa main sous le regard intrigué de Abee qui n'en perd pas une miette. Vu que les vigiles n'ont pas le droit de nous toucher, elle me regarde bouche bée accepter et prendre sa main. Rosine elle, trop occuper à remettre sa robe rouge en place ne fais pas attention à moi. Je ne sais pas pourquoi, mais ce soudain intérêt de ma sœur qui me surprend à faire un petit geste interdit me rend fière.

Je me relève et mon vigile passe une main derrière mon dos pour m'inviter à le suivre. Je me cale sur son allure en silence après avoir souhaité une bonne nuit à mes deux sœurs. Arrivée dans les escaliers qui mène a mon étage, il se tourne vers moi.

- ça va ? Me demande-t-il.

Ce simple ça va me fais soudain du bien, j'ai l'impression que jamais personne ne s'intéresse à moi. À savoir si je vais bien ou pas, cette phrase aussi simple qu'il soit me fait l'effet d'un médicament contre le mal-être. Et même si je ne le connais pas, même s'il n'est sans doute pas sincère dans sa question, et même si je ne me confirais pas à lui, je lui réponds chaleureusement un oui, merci.

C'est quand j'arrive à ma chambre, qu'il fait un tour de reconnaissance pour savoir si tout est en sécurité et qu'il va pour s'en aller en me souhaitant bonne nuit que je me rends compte que je suis d'une impolitesse exagérer pour ne pas lui avoir retourné la question de toute a l'heure.

- Attends. Je dis rapidement.

Il se retourne vers moi intrigué et je le regarde réellement pour la première fois. Il a un visage plutôt fermé et autoritaire, mais on devine une intense douceur dans ses yeux noirs.

- Et toi... Ça va ?

Un discret sourire se dessine sur ses lèvres et je remarque la beauté de celle si dans la même occasion. Je détache rapidement mon regard de sa bouche avec gène en espérant qu'il n'est pas vu mon regard soudain insistant.

- ça va aussi. Merci.

Sa voix grave me chatouille le ventre et je prend soudain peur de ses sensations nouvelle et bizarre. Je recule d'un pas en fermant la porte sur son regard.

- Bon... Bonne nuit à vous aussi...

Il acquiesce en souriant, ses yeux ne me quittant pas du regard, et je ferme enfin la porte. J'ai chaud et soudain soif, je trottine jusqu'à la salle de bain ou je me sers un verre d'eau fraîche. Que m'arrive-t-il ? Je ne le connais même pas. Je suis tellement en manque d'attention que le premier venu qui s'intéresse un peu à moi, je suis sous son charme. Je suis tellement ridicule. Il est simplement gentil, car c'est son boulot, qu'est ce que je crois ?

Je me détache les cheveux et me gratte le crâne nerveusement. Ma réaction... N'importe quoi. Je me secoue pour oublier tout ce qu'il vient de se passer et commence a enlever mes bijoux puis les bretelles de ma robe quand je me rends compte, qu'une fois encore, la fermeture éclair est dans mon dos et que je ne peux pas l'atteindre. Foutu robe.

GOLDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant