XXXI

33 6 8
                                    

Je me redresse en sursaut et je saute à la fenêtre. Mon cœur s'apaise un instant quand mes yeux ne rencontrent qu'une camionnette blanche et bleue avec un logo marqué Physicus dessus, puis s'accélère quand il se pose sur un fourgon noir aux vitres teintées juste derrière. Mon pire cauchemar, ils m'ont retrouvé. Mon premier réflexe est de prévenir Baba que je l'ai mise en danger et que je suis désolé, mais en regardant autour de moi, je constate que je suis seule.

Je me précipite à la porte. Peut-être était-elle dehors et elle s'est cachée, ou peut-être qu'ils l'ont attrapé. J'essaye de me rassurer en me disant qu'ils ne lui feront certainement rien, que c'est moi qu'ils veulent, pas elle. Puis je me rends compte que la porte d'entrée est fermée à clef et que je suis bloqué à l'intérieur de la maison sans possibilité de fuite. Elle m'a probablement enfermé en pensant que j'allais être à l'abri chez elle, mais ce n'est pas le cas et je suis pris au piège. Je me colle à la fenêtre et j'essaye de l'ouvrir, mais celle-ci est aussi verrouillée. Je panique et j'essaye de me conforter dans l'idée que Baba est en train de m'aider, mais quand je lève les yeux vers le fourgon noir ou trois hommes ont fait irruption, mon cœur se brise.

Elle m'a trahi.

 Baba discute avec les hommes en montrant sa maison du doigt, tandis que la fourgonnette Physicus décharge des sacs de denrée alimentaire, d'outils, ainsi que des cages dans lesquelles se trouve poule et lapin. Tout ce qui sort de la fourgonnette porte le logo Physicus dessus, même les animaux porte un bracelet ou une boucle avec le logo. Je me retourne et regarde les sacs en toile de jute au sol ainsi que les cagettes de légume sur la table. Tout ce qui m'entoure porte le logo Physicus. Que je suis bête et naïve, évidemment qu'elle m'a vendu. Tout me saute aux yeux maintenant. Son confort, simple, mais sans doute luxueux par ici, son puits d'eau fraiche, son jardin bien vert tel un oasis dans se lieu sec et désertique, ses placards pleines de victuaille. La vérité est affreuse. Je suis vendu pour quelques sacs de nourriture et quelques pauvres bêtes. Et dans tout ça, je n'ai pas été capable de le remarqué avant. Il y a des signes de partout, qui ne trompe pas, malgré la fausse gentillesse de Baba. 

J'ai trop parlé et je m'en mords les doigts, j'aurais dû me taire. Malgré tout, je lui ai pourtant dit que mon don, c'était l'or, mais elle m'a quand même vendu et j'en reste perplexe. Puis je me rends compte que c'est logique, une personne âgée seule, avec une belle maison et de la nourriture doit attirer les convoitises, elle doit certainement avoir une certaine sécurité, un contrat avec eux. L'or ne l'intéresse pas, non, se faire bien voir par les hommes de Fragrance, la haute société, pour avoir un certain confort et surtout une sécurité. Voilà ce qu'elle veut... et ce qu'elle a. 

Je ne dois pas être la première fille qu'elle trahit. Cette situation, cette trahison me fait monter les nerfs, je vois rouge, j'ai chaud et en plus d'être en colère contre Baba, je suis doublement en colère contre moi-même. Je suis d'une naïveté exaspérante. Je fulmine et donne des coups de pieds dans les sacs en tulle par terre, j'écrase et je jette ses légumes contre les murs. Si c'est son confort qu'elle veut, elle va le regretter de m'avoir vendu.

J'attrape mon sac a dos par terre aux pieds du lit et je le remplis avec tout ce qui me passe sous la main, j'attrape une boite dans laquelle je me mets un peu de soupe puis d'un coup de pied, je fais tomber la marmite au sol. La nourriture se répand sur le beau tapis en laine et j'en suis ravi. Je ne me laisserai pas attraper facilement et je vais lui pourrir son confort. Je laisse tomber la boite de soupe dans mon sac puis le jette sur mon épaule. J'attrape tous les ustensiles pour les jeter sur la fenêtre, je tape avec mes mains puis mes pieds, mais la fenêtre tient bon.

Je me retourne vers la cheminée ou quelques braises crépite encore avec de toute petite flamme. J'attrape un des morceaux de bois ou une flamme est plus grosse que les autres et je regarde celle si dansée devant mes yeux. J'ai mal à la tête et j'ai chaud, des larmes de colère glissent sur mes joues, je n'arrive pas à me raisonner quand je tends mon bras ou tiens la branche enflammée et que je laisse le feu prendre au rideau de la fenêtre.

Je regarde celle-ci prendre avec plaisir. Elle voulait tout, elle n'aura plus rien. Je suis comme hypnotisé par la beauté des flammes et je finis par sortir de mon état second quand la fumée commence à gratter le fond de ma gorge. Je me rue à la porte, mais celle-ci tient toujours bon. 

À prendre des décisions sur le coup des émotions, je finis par me prendre au piège toute seule, du coup, au lieu de mourir, capturer, je vais mourir, asphyxier, mais je ne me laisserai pas mourir sans me battre. Je me cache le nez dans mon bras en m'accroupissant au sol et je cherche un objet imposant qui pourrait m'être utile. Je me décide finalement à retourner le lit et à arracher un latte que je prends à deux mains. Dans ma panique et mes émotions, la latte se teinte rapidement de cette belle couleur dorée, tandis qu'elle se fait plus lourde dans mes mains.

En usant de toutes mes forces, je frappe à plusieurs reprise le verre de la fenêtre, tandis que le feu commence à prendre sur le plafond en bois au dessus de ma tête. Avec tous mes efforts et toute ma force, la vitre finis par se fissurer, puis à se casser en morceaux qui se répandent dedans et dehors. Je ne fais pas attention au verre et je me glisse rapidement par l'ouverture. Je retombe de l'autre côté à l'air pur et en liberté. Je prends une grande aspiration pour soulager ma gorge meurtrie, puis je me précipite hors de vue des hommes qui tente encore d'éteindre le feu. J'entends les cris et les lamentations de Baba quand je me dirige vers la montagne rouge pas loin derrière.

Grace au feu que j'ai créé, ça fait diversion et j'en profite pour me tirer en toute discrétion. À cause de l'agitation, personne ne me remarque, tandis que grimpe rapidement la roche rouge et que je me glisse dans une fissure de la montagne quelques mètre plus haut. Je distingue le paysage et la maisonnette en feu a contrebas. D'ici, j'ai un œil pour surveiller ce qui m'entoure et je suis caché pour la nuit à venir car si je me risque à continuer à marcher, dans l'immensité du désert, on me verra à trois kilomètres et ils n'auront aucun mal à me cueillir comme une fleur. Alors que là, ici, ils ne me chercheront certainement pas si proche, ni si haut dans la roche de la montagne. Je m'installe à couvert et je regarde mon œuvre avec jouissance. La maisonnette partir en fumée, les kidnappeur qui tente d'éteindre le feu sous les plaintes de la vieille dame, tandis que la camionnette qui a déchargé est déjà partie loin de tout ce capharnaüm rapidement.

Quelque minute plus tard quand le feu se fais moins vif, je regarde les kidnappeurs accéder à la maison et constater que je ne m'y trouve pas, qu'il n'y a aucun corps.

 Leurs visages perplexes, je m'en délecte. 

Je les regarde chercher tout autour de la maison, puis venir se plaindre à Baba en faisant de grand geste, et enfin partir, en laissant la maison en flamme. Avec les petits bras potelé de Baba et le peu de force qu'elle a, les flammes reprennes de plus belle et elle regarde sa maison partir en fumé sans rien faire. Les plaintes et les cris de Baba est un pur bonheur pour mes oreilles, et même si je me mords les doigts d'être si naïve, ma vengeance, m'a fait du bien. 

GOLDМесто, где живут истории. Откройте их для себя