Chapitre 39: Interlude pluvieuse

720 36 7
                                    

Le temps est une chose bien curieuse... "Tout change. Tout se transforme. Tout s'écroule. Tout reste toujours semblable. Nous ne cessons jamais de rouler entre le bien et le mal, du chagrin à l'espoir et de l'espoir au chagrin, du désir à l'ennui et de l'ennui au désir."

Je n'ai jamais eu autant l'impression que quelque chose soit aussi vrai depuis que nous nous étions fixé un objectif. Le temps semble à la fois s'écouler si vite, et en même temps, tout semble suspendu. J'ai l'impression qu'hier encore, nous n'étions qu'une bande de gamins. C'est toujours le cas, mais tout comme le temps, nous avons changé, et sommes restés les mêmes à la fois. Est-ce nous qui avons grandi trop vite, obligés de s'adapter à un monde trop rude où les enfants oublient leur candeur ? Ou est-ce les enfants d'aujourd'hui qui transforment le monde de demain ? Les deux probablement...

- Chaton ? Ça va ? T'as l'air pensive.

Je détournais la tête pour rencontrer le regard interrogatif, légèrement emprunt d'inquiétude de l'homme que j'aime,bassis à côté de moi et lui souris.

Oui, j'étais juste plongée dans mes pensées.

- J'ai vu ça. C'est drôle, t'es toujours comme ça les jours de pluie. Tu regardes par la fenêtre et tu ne dis plus rien, dans ton monde. Je me demande ce qu'il peut bien se passer dans ta si jolie tête.

Beaucoup trop de choses.

- Dans ces moments-là, je me dis que j'aimerais bien être la pluie.

Hein ? Qu'est-ce que tu racontes ?

- Comme ça, tu garderais toujours les yeux sur moi et me regarderais intensément.

Waow, dites-moi Monsieur Baji Keisuke, depuis quand êtes-vous aussi poétique, ça ne vous ressemble pas.

- Depuis que je t'aime tellement que j'en viens à être jaloux de putain de gouttes d'eau ?

Je te rassure, tu as au moins un point commun avec elle.

- Lequel ?

Tu es con comme la pluie.

Il me jeta un coussin au visage et je ne pus m'empêcher de rire.

- Je suis même pas sûr que cette expression existe !

Moi non plus, mais pas grave, on a qu'à dire que je l'ai inventé. Viens on sort ?

- Hein ? Tu veux sortir par un temps pareil ?

Pourquoi pas ? C'est romantique, non ?

- Si on veut... T'es bizarre, mais ok.

Tout est romantique tant que je suis avec toi de toute façon.

- Beurk. Et après c'est moi le poète niais ?

Je l'embrasse furtivement pour seule réponse, avant d'aller enfiler un manteau et des chaussures. Lui ne se couvre pas plus que ça et se contente de prendre un parapluie.

Tu ne prends pas de veste ?

- Non.

Tu vas tomber malade.

- Eh bien voilà une chose que la pluie n'aura pas, tu pourras t'occuper de moi.

Pfff n'importe quoi !

Sans savoir où nous allions, nous marchons simplement, tranquillement, sans se préoccuper de notre destination.

En fait, je pensais à nous.

- Hm ?

On était que des gosses quand on s'est rencontrés... Tout est passé si vite. Quelque chose à changer et pourtant... on est toujours les mêmes. Parfois, je me dis que j'ai peut-être pas assez profité.

Moitié-Moitié (Baji Keisuke x Reader)Where stories live. Discover now