chapitre 3

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« Mona ? Mona ? Viens » me dit une voix enjouée, que je connaissais bien.

« Aller Mona, viens »


Cette petite voix résonnait comme une caresse à mes oreilles, si pure, quelque peu vaporeuse, si douce.


« Mais où m’emmènes tu Ana ? » Dis-je en souriant.


Tu aimais me faire découvrir des endroits que tu affectionnais particulièrement. Je me souviens de nos nombreuses escapades, loin de la ville, des parents et des soucis du quotidien.


« Mona, je te présente monsieur Tree » me dis-tu en pointant un vieux chêne.


Sur le moment, je t’avouais que je m'étais demandée si tu allais bien, mais j’avais fini par comprendre lorsque tu m’avais expliqué que cet arbre était ton confident. Je trouvais triste que ton confident soit aussi seul dans son coin, loin des autres arbres.


Nous nous trouvâmes dans une forêt, parsemée de grands arbres. Nous nous assîmes sur le gazon qui tapissait le sol.
Je respirai l’air frais.
La force du vent fit voler les mèches de mes cheveux dans tous les sens.
Mon cœur battit à la chamade et mes sens firent la danse de la joie.
Ma peau se maria très bien avec l’air frais et mes joues transpirèrent le rouge.
Je fermai les yeux et me laissai basculer en arrière.
Tu me suivis dans mon geste, le brouhaha des feuilles qui discutèrent entre elles et la chanson du vent dans nos oreilles.
Le cri des oiseaux qui s’organisèrent en chorale apaisa nos sens.
Tu décidas alors de te retourner sur le côté, la tête posée dans ta paume et ton coude soutenant le reste du haut de ton corps.
Je te sentis me fixer intensément malgré mes yeux fermés.
Les bras positionnés en croix, en dessous ma tête, je me mis à chantonner un air que nous connaissions bien :

«si, si jamais c’était possible, j’enlèverais toutes les épines de ta rose, juste pour te serrer dans mes bras…et si, si jamais c’était possible, j’effacerais tous ces mots qui nous opposent, juste pour te serrer dans mes bras…»


Le cœur en paix et toi à côté de moi, il ne manquait rien.


« Mona ? » dis-tu sans réussir à capter mon attention.


Mon esprit et mon âme discutaient avec les anges, ma pensée était concentrée sur cette petite scène magnifique.


« Mona ? » continuas-tu, sans succès, de ta petite voix.


Ah ta voix, une réelle ritournelle pour mon ouïe.


Je me laissai tout doucement bercer par cette atmosphère parfaite.
Soudainement, je n’entendis plus ta voix si douce.
Le temps changea d’un coup, passant de légèrement chaud et doux à froid et glacial.
Je ne sentis plus ton regard sur moi.
J’ouvris les yeux progressivement en remarquant premièrement que le ciel s’était assombri.
Je me redressai immédiatement et fronçai les sourcils en réalisant que tu n’étais plus là.
Je me mis immédiatement à paniquer.


« Ana ! Ana, où es-tu ? » T’appelai-je avec pour seule réponse le vent qui devint plus violant et me gifla de plein fouet.


Je me mis alors à te chercher, impossible pour moi d’accepter que tu sois de nouveau parti, que tu m’aies de nouveau abandonné toute seule.
Les oiseaux, eux, s’arrêtèrent de chanter et le soleil se barricada derrière les nuages épais.
Je me mis à courir dans tous les sens en t’appelant.
Les arbres perdirent leurs feuilles et ces dernières se laissèrent traîner par le vent.
Le sol, au départ recouvert d'herbe, devint tout boueux.
D’un coup, j’entendis ta voix de nouveau et elle me sembla étouffer.
Je te répondis immédiatement, mais avec tout ce bruit autour de moi, impossible de savoir de quel côté elle vint.
J’eus comme l’impression que les éléments de la nature se déchaînèrent sur moi, voulant m’empêcher à tout pris de te rejoindre.
Puis, j’entendis de nouveau ta voix.


« MONA ! » Hurlas-tu, tellement fort que j’eus l’impression que mes tampons explosaient.


Je me bouchai, par réflexe, les oreilles. Ce fut tellement fort que j’en eus une migraine affreuse. Je n’arrivai plus à penser, mes jambes flanchèrent et je tombai à genoux.


Tu n’arrêtais pas de hurler mon nom. On aurait dit que tu tentais de me faire perdre la raison.


Je voulus me lever pour te porter secours mais tes cris me paralysèrent.


« Arrête Ana, je t’en supplie arrête » Hurlai-je à mon tour, les mains bouchant toujours mes oreilles au maximum, en vain.


Je sentis mon crâne se fissurer au fur et à mesure que tu montais en décibel.


« Stop ! » Hurlai-je, toujours aussi fort, en me tortillant de douleur, sans effet aucun.


Je commençai à perdre la raison. Je frappai ma tête avec mes poing mais rien n’y faisait. Je finis par m’écrouler au sol avec un sentiment de m’enfoncer dans un trou noir.


Cette douleur à l’arrière de ma tête était de retour.


En ouvrant les yeux, ces derniers se firent griller par le retour de la lumière. Je les fermai alors de nouveau. Cette fois-ci, je pus porter ma main à l’arrière de ma tête et je sentis une bosse et un peu de liquide chaud. Puis, quelque chose attira mon attention.


Du bruit, il y avait du bruit et pas n’importe lequel, c’était du bruit de sirène.


J’ouvris alors immédiatement les yeux et je fus surprise de me retrouver sur cette route que je connaissais très bien.


Deux personnes se trouvaient près de moi, deux jeunes hommes.


Je pus voir qu’il s’agissait d’un agent de police et d’un infirmier car, l’un portait un uniforme de police et je pus voir qu’accrocher à son épaulette gauche, se trouvait un appareil qui émettait des sons ou plutôt des brouillement de signal, quant-à l’autre, vêtu tout de blanc, il avait un stéthoscope autour du coup et semblait vérifier si tout allait bien chez moi.
Quand je me décidai à lever les yeux, je vis des personnes courir autour de nous. J’essayai alors de me lever  mais manquai aussitôt de tomber. Je sentis immédiatement deux mains me soutenir m’empêchant ainsi de m’écraser au sol.


« Vous allez bien ? » Me demanda l’infirmier


Je pris ainsi, appuis sur lui. En me redressant, je remarquai enfin ce qui m’entourait. Je vis une ambulance, quelques voitures de police avec des clignotants bleu et rouge. J’arrivai mal à percevoir de façon claire, mes yeux ne s’étant pas encore assez habitués à la lumière, mais pourtant je vis bien que des agents de police m’encerclaient. Je peinai à tenir debout et cette douleur à l’arrière de ma tête ne faisait qu’augmenter. Je réussis quand-même à apercevoir un grand sac noir posé sur un brancard. Je titubai alors jusqu’à ce dernier, sans vraiment savoir pourquoi, lâchant ainsi l’infirmier, qui semblait être retourner récupérer sa caisse de premier secours. Je m’arrêtai juste devant. Une longue fermeture éclaire semblait verrouiller l’accès au contenu de ce sac, toujours sans comprendre, je fis baisser cette dernière et me réveillai en hurlant :


«Ana !»


Un songe…un unième songe qui m’avait paru si réel et intense que j’avais cru ressentir encore cette douleur à l’arrière de ma tête. Mais rien de tout ça n’était réel.

Mon ange déchuWhere stories live. Discover now