Avez-vous déjà perdu un proche ?
Une personne chère à votre cœur ?
Vous souvenez-vous des premières secondes après l'annonce du décès ?
Lorsque vous espériez qu'il s'agisse d'une erreur, d'une blague, ou encore d'une autre personne ?
Cet état, s'ap...
Déjà quatorze jours, quatorze jours que Monica n’a plus vu la lumière du jour, quatorze jours que Sami ne dort plus à la maison, quatorze jours que les Spencer pleurent leur fille, quatorze jours que la ville est deuil.
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«Maman ?» lançai-je, la voix casée après avoir passé autant de jours à hurler ton nom.
Maman, qui était en train de faire la vaisselle dans la cuisine se retourna en sursaut, surprise de me voir debout, hors de ma chambre.
«Monica ? Tu as besoin de quelque chose ?» me demanda-t-elle, ne sachant pas trop ce que je faisais là.
À vrai dire, moi non plus. J’ignorais la raison pour laquelle je me tenais là, à l’embrasure de la porte de la cuisine, tenant le mur pour ne pas tomber ; d’ailleurs je me demandais comment j’avais fait pour descendre les escaliers et arriver jusqu’ici.
Maman me tira une chaise afin que je m’asseye. Mon ventre ne tarda pas à faire savoir qu'il était là. Elle le remarqua et m’apporta des croissants et un yaourt sur un plateau. Je fixai ce dernier sans vraiment savoir ce que je voulais.
Je n’avais pas envie de manger, je n'avais envie de rien à vrai dire, pourtant je sentais bien que mon corps était en manque de nutriments.
J'eus à peine le temps d'hésiter, mon cerveau n’eut même pas le temps d’interdire à mon corps de faire quoi que ce soit, que mes mains se jetèrent sur les croissants, ce qui fit maman sourire.
Cela faisait plusieurs jours que je me contentais de boire de l’eau et de la soupe que maman me préparait.
Au bout du cinquième croissant, j’attrapai le yaourt et le bus d’une traite, sans me laisser le temps de respirer.
«Tu en veux plus » me demanda maman, toujours enjouée de me voir avec autant d’appétit.
Je lui fis oui timidement de la tête et elle me déposa un deuxième plateau, cette fois ci rempli avec des brioches, des croissants, quelques fruits, un verre de jus et deux autres pots de yaourt que je me dépêchai d’avaler.
Mon corps n’en pouvait plus de plus se nourrir. Moi qui habituellement était chargée de remplir l’estomac de plusieurs personnes, j’avais négligé le mien et cela se voyait de par mes os qui étaient devenus apparents. À chaque bouchée que je prenais, je sentais mes forces revenir, ma vision s’éclaircir et ma tête cognait moins. Tout semblait redevenir normal dans mon corps. Juste mon cœur et mon esprit demeuraient respectivement, brisé et absent. Peut-être c’était ça la solution, reprendre la vie comme si rien n’était jamais arrivé. Peut-être que tout comme mon corps, mon cœur a besoin juste de reprendre ses habitudes.
Je m’arrêtai soudainement de manger et regardai maman. Elle, qui me regardait manger avec tendresse, prit un air inquiet et me demanda ce qu’il y avait.
