Chapitre 19

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Mes jambes recommencent doucement à se mouvoir sous le poids de mon corps et de ma tête qui semblent tout à coup peser une tonne. Sa façon de m'avoir remise à l'ordre et son regard sont comme un électro choque qui me rappelle cette situation malsaine dans laquelle nous sommes depuis la première seconde ou nous nous sommes adressé la parole, dans cette foutue salle de classe. Je voyais dans son regard que je n'étais à ce moment-là qu'un fardeau qu'il devait porter en plus de tout les autres. Je flâne la tête complètement ailleurs dans les rues de Lisbonne, je marche au moins trente minutes jusqu'à ce que mon estomac me rappelle qui était grand temps que je m'occupe un peu de lui. Je m'arrête dans une petite boulangerie, je m'installe à une table et mange en remettant en question tout ce que j'ai vécu depuis ce fameux soir ou ma mère, à débarquer en pleure dans ma chambre avec son billet de loterie dans sa main tremblante.

— Tout va bien ?

Je sursaute n'ayant même pas vu le serveur quitter son comptoir.

— Oui, merci, j'étais dans mes pensées.

— Des pensées qui ont l'air compliqué.

— Assez oui.

Il rit et me regarde longuement dans les yeux.

— Tu veux encore un peu de café ?

— Volontiers, merci beaucoup.

— Avec plaisir, tu sais où me trouver.

Il me fait un sourire charmeur et retourne derrière son comptoir pour servir un homme qui vient d'entrer. J'ai tout le loisir de le regarder et je regrette de ressentir une pointe de culpabilité envers Evan de trouver ce petit boulanger très sexy. Après tout, il est en couple, et j'étais censé m'amuser comme une folle pendant ce voyage. Peut-être que si je m'amuse avec un autre, je n'aurai plus ces envies incontrôlables envers Evan. Je me lève pour payer mon addition.

— Combien je te dois ?

— Rien, c'est la maison qui offre.

— Comment je peux te remercier alors ?

— Accepte d'aller boire un verre avec moi ce soir.

Je souris face à sa sincérité et à sa prise de risque. Je suis sur le point de répondre quand mon téléphone se met à sonner.

— Sauvée pas le gong.

Il rit et retourne à ses petits pains pendant que je sors mon téléphone. Evan.

— Rentre immédiatement.

— Pardon ?

— Tu m'as bien entendue.

— Tu n'as pas à me donner d'ordre.

— Tu es suivie.

Un silence s'installe et la panique me gagne si bien que j'oublie une minute de respirer.

— Rentre, comme si tu ne savais rien, reviens à l'hôtel et tout se passera bien, mes hommes sont sur le coup.

J'entends qu'il essaie de se montrer rassurant, mais sa colère empêche toute autre émotion de transparaître de son discours.

Il raccroche, je remets mon téléphone dans ma poche la main tremblante.

— Est-ce que tout va bien ?

— Je dois rentrer, je suis désolée.

— Mince, tu ne sais pas ce tu rates.

Il rit, mais je n'arrive pas à attraper la perche qu'il me tend à cet instant.

Je sors de la boulangerie sous son regard frustré et j'essaie de me souvenir par quel chemin je suis passée plus tôt.

Je retrouve par miracle mon chemin et m'engouffre dans la porte de l'hôtel le plus vite possible.

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