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— Oh Zou regarde, c'était mon doudou quand j'étais bébé, s'écria Keisuke en sortant une peluche d'un carton.
— C'est quoi ?
— Ben c'est un dinosaure ! Je jouais tout le temps avec, c'était mon doudou préféré et quand je l'avais pas pour dormir je pleurais !
— Eh ben, il a bien vécu ton doudou, dit Kazutora en riant.
Keisuke lui lança un regard boudeur, et serra sa peluche contre lui comme pour le protéger. Il était vrai que son dinosaure était un peu rapiécé. Il était déchiré à certains endroits, le tissu était délavé, et effrité, et le rembourrage était à moitié parti du corps de la peluche. D'ailleurs il manquait une des petites pattes du dinosaure. Le pauvre... Et dire qu'il était enfermé dans son armoire depuis presque treize ans. Keisuke venait de le retrouver par pur hasard, alors qu'il était occupé à vider son armoire. Avec Kazutora, ils étaient en train de vider sa chambre et de tout ranger dans des cartons, alors ils en profitaient pour faire un peu de tri dans leurs affaires, enfin surtout dans celles de Keisuke puisque c'était sa chambre à l'origine.
Maintenant qu'ils avaient signé le bail pour leur nouvel appartement, ils déménageraient bientôt et vivraient ensemble, rien que tous les deux pour la première fois ! Leurs cartons étaient presque prêts, ils avaient déjà tout récupéré de ce qu'il y avait chez Kazutora, et il ne manquait plus qu'à emballer les affaires de Keisuke.
   Cette maison allait lui manquer, il y avait passé une grande partie de sa vie, et se dire qu'il allait avoir un autre chez soi lui faisait bizarre. C'était ici que tous les plus grands moments de sa vie étaient arrivés. C'était dans cette chambre que Peke J était venu pour la première fois et qu'il l'avait adopté. C'était ici qu'il avait pleuré pour ses premiers chagrins d'amour parce qu'il n'arrivait pas à sortir avec Kazutora, et c'était dans son lit qu'il avait fait sa première fois avec lui. C'était dans sa cuisine qu'il avait mis le feu pour la première fois, et dans son salon où il pleurait tout le temps pour ses exercices de japonais. Qu'il avait joué à Just Dance avec Mikey et qu'il avait cassé un vase. C'était dans la salle de bain qu'il avait fait ses premiers soin pour les cheveux (très important pour lui), les premières colorations de ses amis. C'était là qu'il s'était coupé la joue en se rasant pour la première fois, et aussi qu'il avait fait ses premières photos intimes...
   Et aujourd'hui il allait partir d'ici.
   — T'es triste de partir, dit Kazutora en voyant qu'une expression triste peignait son visage.
   — Un peu... Ça va me manquer, dit Keisuke en baissant les yeux sur sa peluche.
   — Tu sais tu pourras revenir ici.
   — Oui bien sûr... Je suis juste un peu nostalgique.
   Kazutora ne répondit rien, et vint seulement près du jeune homme pour le prendre doucement dans ses bras. Il déposa sa tête contre la sienne et lui fit un petit baiser sur la joue, et Keisuke posa sa main sur sa cuisse pour la caresser.
   — Mais tu sais, je suis aussi heureux d'habiter avec toi, ça va faire avancer notre relation et on va aller encore plus loin ensemble !
   — T'as pas peur de vivre avec moi ?
   — Tu veux dire, de vivre avec une terreur comme toi ?
   — Oui...
   — J'ai pas peur du tout, t'es ma terreur préférée mon zouzou, dit Keisuke en plantant un baiser baveux sur sa joue.
   — T'es dégoûtant, dit Kazutora en grimaçant. J'aime pas les bisous baveux.
   — Mais moi j'adore, dit Keisuke en prenant son visage entre ses mains pour le couvrir de baisers. Mon petit cœur, t'es trop mimi quand tu fais cette tête.
   — Arrête ou je viens pas habiter avec toi.
   — Si tu vas venir, et tu sais pourquoi ?
   — Pourquoi ?
   — Parce que tu peux pas te séparer de moi ! En plus, tous les matins je te ferais tes tartines à la crème pas bonnes.
   — Elles sont trop bonnes mes tartines, c'est du fromage blanc avec des herbes !
— C'est pas bon, ça a pas de goût, en plus on dirait plus de la crème fouetté que du fromage.
— Tu préfères que je mange du vrai fromage et que je pue, répliqua Kazutora.
— Ah non, sinon je pourrais plus t'embrasser !
— Alors laisse-moi manger mes tartines en paix. Moi je te laisse bien manger ta soupe de viande pas bonne.
— Je préfère te manger toi, répondit Keisuke en lui volant un petit baiser.
   — Mouais tu te rattrapes bien, dit Kazutora en souriant.
   — Je me rattrape toujours bien mon cœur.
   Keisuke embrassa sa joue, puis il reporta son attention sur son carton, et vit de nouveau sa peluche. Il n'avait pas besoin de l'emmener, il pouvait la laisser là, avec ses souvenirs. Elle serait très bien dans son lit. Et dire que c'était la dernière fois qu'il le faisait...
   — T'as dit à ta mère que tu déménageais, demanda Keisuke, une pointe de tristesse dans la voix.
   — Oui, je lui ai même montré le quartier.
   — Et elle était contente pour toi ?
   Kazutora sourit et acquiesça.
   — Tant mieux. On va être heureux tous les deux, dit Keisuke en s'appuyant sur son carton.
   Son petit ami leva la main et caressa tendrement ses cheveux.
   — Moi je suis toujours heureux avec toi, dit-il avec douceur.

I've got my eyes on youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant