Chapitre quatre

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Contrairement à la nuit dernière, Aaron et moi avons pu dormir ensemble dans mon lit, chacun de notre côté. Dormir tous les deux sans rien faire de plus est quelque chose d'assez récent dans notre relation. Parfois, j'ai l'impression d'avoir fait certaines choses dans le désordre. On a couché ensemble très vite, presque avant toute autre chose. Mais pour ce qui est des mots d'amour ou des gestes tendres, ils nous viennent petit à petit. Et jour après jour, j'en ressens de plus en plus le besoin et je suis rassuré de voir qu'Aaron aussi.

Quand je me réveille le lendemain, je suis le premier à partir à la fac, laissant Aaron dormir derrière moi. Je sais qu'il commence dans deux heures alors je lui laisse mes clés sur la table basse, tout en me demandant s'il est trop tôt ou non pour lui donner un double. Peut-être que ça l'est, pourtant j'en ai envie.

Lorsque j'arrive sur le campus, je rejoins mes amis et fais le chemin jusqu'à mon casier avec eux. Lorsqu'on est ensemble, nous devenons ce genre de groupe qui parle fort, qui rigole et je ne calcule pas vraiment ce qui se passe autour, encore moins les élèves collés à leur casier qui osent à peine lever les yeux vers moi. Et pourtant, je le remarque lui, Ethan. Parce qu'il est pile devant mon casier et qu'il me regarde même si pour cela il doit lever la tête.

Je me poste devant lui en mettant mes mains dans les poches de ma veste et je le regarde d'un air impatient, attendant qu'il m'explique pourquoi il reste planté là.

« Est-ce qu'on peut parler ? »

Je secoue la tête et le bouscule doucement pour pouvoir avoir accès à mon casier.

« Je suis désolé pour hier. J'aurais pas du te parler comme ça. »

Je m'arrête de fouiller dans mon casier lorsque j'entends ses excuses. Pour la forme, je garde un air sérieux jusqu'au moment où je referme la porte et croise son regard.

« T'inquiète, c'est oublié. »

Et je le pense. Je ne souhaitais rien de plus que ça : qu'il se rende compte de son erreur et s'excuse. Maintenant que c'est fait, il n'y a plus de problème entre lui et moi.

« Cool merci... »

J'acquiesce par réflexe et m'apprête à lui tourner le dos quand il pose une main sur mon épaule pour me retenir.

« Attends, est-ce qu'on pourrait parler ? »

Je fronce les sourcils, curieux face à sa demande. Il n'a pas l'air à l'aise du tout face à moi, peut-être parce que certains de mes amis le regardent aussi.

« De quoi tu veux parler ?

- Certains trucs qui... expliqueraient pourquoi j'ai réagi comme ça hier. »

Je suis immédiatement intrigué par ces mots. Et comme le dirait Aaron, il ne connaît personne de plus curieux que moi, alors il ne me faut pas une seconde de plus pour prendre la décision de louper ma prochaine heure de cours.

« Ça te dérange de sécher ? lui demandé-je.

- Non.

- Okay, alors on va aller se poser dehors. »

Je préviens mes amis de monter en cours sans moi puis je me dirige vers les portes de sortie avec Ethan qui me suit sans broncher. Entre deux bâtiments de sciences, se trouve un petit escalier extérieur menant à une porte désormais condamnée. J'avais l'habitude de venir ici en début d'année quand je fumais encore. Je n'y avais pas remis les pieds depuis des mois. C'est l'endroit idéal car je sais qu'on ne sera pas dérangés ici.

Je m'assois sur les premières marches, mes coudes prenant appui sur celle juste au-dessus pour être à l'aise. Ethan se sent visiblement mieux debout car il reste droit comme un piquet face à moi.

PretenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant