Chapitre douze

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La nuit suivant ma conversation avec Courtney, je ne dors quasiment pas, peut-être deux heures si l'on compte tous mes légers endormissements mis bout à bout. Je ne peux juste pas arrêter mon cerveau de se répéter en boucle les mots de Courtney. Et si c'était la vérité ? Si ça l'était ? Qu'est-ce que je ferais dans ces cas-là ?

Aujourd'hui, c'est samedi. Je n'ai rien de prévu à part ce stupide entraînement rajouté pour se préparer au mieux pour le match qui a lieu dans cinq jours. Jusqu'à la dernière minute, je suis convaincu de ne pas y aller. Je n'en ai pas la motivation ni le courage, j'ai peur de ne pas savoir comment réagir quand je me retrouverai face à Aaron. Mais en me retournant une énième fois dans mon lit, je me rends compte que rester dans cette situation, dans ce flou dans lequel je suis actuellement, est pire que tout. Mon cerveau me joue des tours. Par moment, je me mets à être persuadé que Courtney fait preuve de beaucoup d'imagination pour arriver à ses fins, et à d'autres je me mets à considérer réellement ses mots.

Alors juste avant le moment où j'ai le sentiment que je vais exploser, je quitte mon lit. Je m'habille en tenue de sport, prends mon sac et sors de mon appartement. Je ne prends pas ma voiture et décide d'y aller en courant. J'ai ce besoin de me défouler d'un seul coup, de me fatiguer et respirer.

J'arrive le premier sur le terrain. Pas étonnant, j'ai trente minutes d'avance. Je m'assois sur la pelouse pour reprendre mon souffle. Je ne me sens pas mieux, peut-être même pire car maintenant ma tête me tourne. Je ferme les yeux et tente de me concentrer sur l'air que je sens glisser sur ma peau. Et ça m'apaise. Je reste immobile de longues minutes, à ne penser à rien jusqu'à ce que j'entende des voix lointaines. J'ouvre alors les yeux et remarque que d'autres joueurs commencent à arriver. Je ne me lève pas pour aller vers eux comme j'aurais fait d'habitude. Je reste dans mon coin et observe chaque arrivée.
Jusqu'à la sienne.

Quand j'aperçois Aaron, j'ai espoir qu'il ne vienne pas me voir, même si je sais au fond que c'est exactement ce qu'il va faire. Et c'est pour ça que je n'ai jamais douté de lui. Il est celui qui cherche le plus mon attention et ma présence. Je ne peux pas douter de lui avec un comportement comme le sien.

Mes yeux ne quittent pas sa silhouette qui s'approche des autres pour les saluer. Puis je le vois regarder autour de lui et je sais qu'il me cherche. Car lorsque son visage se tourne dans ma direction, il ne perd pas une seconde et commence à marcher vers moi.
Mon cœur s'accélère soudainement et mon angoisse monte, tout comme hier. Il s'approche rapidement, beaucoup trop pour que je puisse réfléchir à comment agir avec lui. Il ne m'en laisse pas le temps.

« Salut toi. »

Une fois en face de moi, il plie ses genoux et pose ses mains sur mes cuisses pour y prendre appui et pouvoir m'embrasser. Je me crispe mais je ne le repousse pas. Son baiser est éphémère. Dès qu'il s'éloigne, j'ai l'impression de l'avoir imaginé.

« Ça va ? me demande-t-il en s'asseyant en tailleur face à moi.

- Ouais. »

Ma voix sonne rocailleuse. Je n'ai pas parlé depuis des heures.

« Je t'ai envoyé des messages hier mais tu m'as pas répondu. »

Pas une seule seconde, je n'ai pensé à regarder mon téléphone. Et s'il savait pourquoi, il le comprendrait. Est-ce que je dois lui en parler ? Comment le faire ? Est-ce que lui aussi va me mentir ? Les questions reviennent en masse dans ma tête et j'ai à nouveau cette sensation que je vais imploser. Alors pour ne pas le faire devant lui, je me lève d'un coup.

« Ça va bientôt commencer, on devrait se rapprocher des autres. »

Je commence à me diriger vers les marches sans l'attendre mais je vois du coin de l'œil qu'il trottine jusqu'à atteindre mon niveau et ensuite copie son rythme sur le mien.

PretenceWhere stories live. Discover now