16| Lo'ak

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— Payakan ! Payakan !

J'appelle mon ami plusieurs fois puis je sens les vagues de l'eau éclabousser mon dos, annonçant sa présence. Je me retourne au même moment où il me prend sur sa nageoir.

— Salut mon grand, dis-je gentiment en posant mon front près de ses deux yeux.

Il émet un crie joyeux. Takara m'a un peu appris à comprendre les tulkuns.

— Comment vas-tu ?

"Bien. Tu m'avais manqué."

Toi aussi.

Je me frotte le visage, essayant de rassembler tout le courage en moi pour lui poser cette question qui reste coincée dans ma gorge depuis un moment.

"Que se passe-t-il ?"

Mmh... tu sais, au clan, tout le monde me dit que tu es un meurtrier. Je ne les crois pas, je précise précipitamment avant qu'il ne le prenne mal. Juste que... parle moi de ton passé.

Payakan détourne le regard.

"C'est trop douloureux."

— Payakan, tu peux me faire confiance. J'ai confiance en toi, et je sais que j'ai raison de le faire. Tu ne dois pas avoir peur de me parler. Je veux t'aider.

Sans un mot de plus, il plonge dans l'eau et, sans comprendre, je le suis. Il me regarde de ses yeux étrangement attachant.

Il ouvre la bouche et je suis attiré vers elle. Je nage à l'intérieur, sans me poser de questions.

Puis lentement, sa bouche se referme et je me retrouve enfermé. Mon cœur s'emballe un moment, et je regarde autour de moi.

L'intérieur de sa bouche est encore plus incroyable que l'extérieur. Des petits points blancs illuminent son palais, un peu comme ceux sur mon corps.

Et plus loin, il y a des filaments oranges, comme ceux au bout de ma tresse.

Je m'y approche et me lie.

Aussitôt mon esprit et remplie d'images effrayantes. Je vois du sang, des tulkuns morts. Ceux qui viennent du ciel.

C'est toujours eux qui sont à l'origine des problèmes.

Quand mes visions s'arrêtent, je ressens un goût amer au fond de ma gorge que je reconnais comme de l'amertume. Mes yeux me piquent, annonçant l'arrivée de mes larmes. J'ai un haut le cœur en revoyant ses images. Payakan n'est pas un tueur, il était juste le seul survivant d'une lignée de tulkuns tuée par les démons. Et il a été banni bien parce qu'il était le seul à s'en être sorti.

Il a perdu une nageoir et reçu un harpon dans l'autre.

Et dire que dans mes veines coulent le même sang que ses monstres.

Je ressors de sa bouche et m'installe sur sa nageoir avant de poser mes mains sur lui, essayant de lui faire un câlin. Ses yeux sont fermés mais je sais que s'il les ouvrait je verrais la souffrance s'emparer d'eux.

— Je suis tellement désolé. Vraiment désolé, Payakan. Tu ne méritais pas ça.

Je laisse glisser mes cinq doigts le longs de sa peau rugeuse et humide, en signe de caresse affectueuse.

— Je savais que tu n'étais pas un meurtrier. J'irais prévenir me clan. Comme ça tu ne seras plus banni.

"Ça ne serre à rien, Lo'ak. Ils ne voudront pas t'écouter."

Takara m'écoutera.

Ses yeux quittent les miens pour regarder quelque chose dans le vide. Mais j'aperçois une lueur mécontente. Je ne comprends pas ce qu'il a contre elle.

Lo'akWhere stories live. Discover now