Lo'ak

33| Takara

Ma vision est floue. Je vois une tache blanche, si lumineuse que ça m'oblige à plisser les yeux, encore plus qu'ils ne le sont déjà. Je n'ai plus mal à la jambe, mais je ne m'empêche pas de la tâtonner à la recherche d'un bandage. 

Et j'en ai un. 

─ Takara ? murmure une voix à mon oreille. Tu es réveillée ? 

Un visage apparait devant moi et il me faut un moment avant de reconnaitre ma sœur, avec ses grands yeux remplis d'espoir, et ses longs cheveux qui encerclent son visage au dessus de moi. J'observe la petite perle accrochée à son front, qui vacille devant moi.

─ Tsireya ? 

─ Oh mon dieu, tu es enfin réveillée !

Elle me saute dans les bras, me clouant au sol alors que j'essayais de me relever. Ma respiration se coupe sous le choc alors que ses bras emprisonne mon cou.

─ Doucement, Titi. 

Je passe un bras autour de sa fine taille et la soulève avant de me redresser. Puis d'une main, je repousse ses cheveux qui cache son visage et vois ses grands yeux brillants, alors que ses lèvres m'affichent un grand sourire chaleureux.

─ Tu as l'air fatiguée, je constate. 

─ Ce n'est rien. Je suis si contente que tu sois enfin réveillée !

Ma main entoure toujours son dos, alors que je nous maintient de l'autre, pour qu'on ne s'étale pas sur le sol. 

─ Depuis combien de temps je dors ? 

─ Plus ou moins cinq jours. 

─ Cinq jours ?!

Elle hoche la tête. 

─ Et... 

Mon cœur se contracte un moment. 

─ Neteyam ? 

─ Il s'est réveillé hier. 

─ Il n'est pas mort ? Quel soulagement. 

Je lâche un soupire d'allégresse. 

─ Tu devrais dormir, Titi. Maintenant qu'on peut vivre en paix, nous aurons toute notre vie pour passé du temps ensemble. 

Elle hoche la tête. Puis je l'embrasse au coin de la paupière et la dépose sur son lit alors qu'elle ferme les yeux, rongée par la fatigue. Je suppose qu'en cinq jours, elle a dormi moins de temps qu'en une nuit normale. 

Je lui caresse la joue avant de quitter la loge. 

Je redécouvre le soleil, qui vient me réchauffer agréablement la peau. Avec un sourire de satisfaction, je ferme les yeux et respire l'air frais, les bras légèrement décollés de mon corps, les mains ouvertes. 

On ne croirait presque pas qu'il y a eu une guerre, voilà cinq, ou presque six, jours.

─ Takara ? 

Je me retourne alors que ma mère sort de l'eau. Elle lâche tout ce qu'elle a en main puis court vers moi. Ses mains se déposent sur mon visage, sur mes épaules, sur mes bras.

─ Je suis bien vivante, maman, dis-je en interprétant le fond de ses pensées. 

─ Oh, merci Eywa, merci.

Elle me serre dans ses bras et je laisse échapper un rire en passant mes bras autour d'elle, tandis qu'elle embrasse ma joue. 

─ Je suis si heureuse de te revoir, ma fille. 

─ Moi aussi maman, mais tu... me serre un peu fort. 

─ Oui, pardon. 

Elle se détache de moi et garde mes mains entre les siennes, me regardant avec un sourire rassuré.