31| Lo'ak

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Pitié Grande Mère, réveillez moi de ce cauchemar.

Pitié Grande Mère, faites que je me retrouve dans la forêt avec Takara.

Pitié Grande Mère, faites que je sois de retour chez les Omaticaya.

Pitié Grande Mère, faites que Neteyam ne soit pas mort.

Pitié...

Envahit par toutes sortes de pensées atroces, j'essaie de me concentrer sur le moment présent, alors que plus loin je vois un cercle de feu.

C'est bien la seule lumière dans cette nuit lugubre.

Il n'y a plus de trace de navire. Je crois qu'il a coulé. Ou peut-être sont-ils partis. Non. Je les aurais vu. Et puis vu dans quel état nous l'avons laissé, ça serait étonnant qu'il puisse bouger.

Je passe en dessous du cercle de feu, la tête dans l'eau. Priant pour que ma famille soit là, à attendre que je vienne les aider.

Mais je ne vois que deux personnes.

— Lo'ak ! me crie Spider en détresse.

J'arrive près d'eux.

— Maman et papa, ils sont encore dans le bateau.

— Venez. Venez ! On doit les aider.

Spider et Kiri s'accrochent à mon Ilu et nous plongeons. Le navire a bien coulé. Il se trouve au fond de l'océan, et je me rends compte que si je n'avais pas pris des cours d'apnée avec les Metkayina, je serais peut-être déjà en train de me noyer.

Kiri se détache de l'Ilu et je m'enfonce dans le navire détruit avec Spider.

Arrivés à l'intérieur du navire, nous nous détachons à notre tour et mon Ilu part. Avec mes mains, je demande à Spider de prendre sa lampe torche et de chercher de son côté.

— D'accord, souffle-t-il derrière son masque à oxygène.

Il part d'une direction et je prends celle opposée, regardant par où je passe pour ne pas avoir de problème au retour.

Pitié qu'ils ne soient pas partis eux aussi.

J'ignore où se trouve ma mère. J'ignore où s'est perdu Tuk. J'ignore où s'est engagée Takara.

Mais ce que je vois n'est plus que le centre de mon attention.

Mon père, couché au fond du bateau, les yeux fermés, encore atteint de quelques spasmes.

Je nage vers lui et passe mes mains autour de ses aisselles avant de prendre appui sur le sol pour me propulser vers le haut.

L'eau n'a pas encore atteint le plafond et je sors la tête de mon père de l'eau.

— Papa ! Papa réveille toi.

Il tousse plusieurs fois avant de reprendre une grande inspiration, et je soupire de soulagement.

J'observe sa tête, il s'est battu, vu les griffes ensanglantées qui recouvrent son visage.

Dans ce noir, on aperçoit si bien les petites taches blanches qui brillent sur nos corps.

— Neteyam ?

Je ressens un pincement au cœur.

— Non, c'est moi. C'est Lo'ak.

— Oh Lo'ak.

Je ne dis rien. Je n'ai rien à dire. Je ne sais juste pas dans quel sens il voulait dire ça, mais une chose est sûre, ça me fait encore plus mal qu'autre chose.

Lo'akWhere stories live. Discover now