Lo'ak

21| Lo'ak

J'arrive dans les bois, et prends du temps avant de la retrouver.

Cachée entre deux buissons, la tête enfuie dans ses bras, les genoux repliés près de son ventre, je me rends compte à quel point ça me fait mal de la voir dans cet état.

Ses cheveux encerclent son visage, la cachant complètement.

Je m'avance lentement pour ne pas faire de bruit, mais elle m'entend car elle lâche d'une voix morose.

— Je veux être seule.

Je franchis les derniers mètres qui nous sépare et m'installe à ses côtés. Je vois qu'elle ouvre ses yeux et me regarde à travers son rideau de cheveux.

— J'ai besoin d'être seule, Lo'ak, va-t-en, me dit-elle de cette voix fatiguée.

— J'avais besoin d'être seul l'autre soir, mais tu es quand même venu et ça m'a fait du bien.

Elle soupire et se redresse, rejetant ses cheveux en arrière. Je revois enfin son visage.

— J'ai été collé par ma mère toute la journée. J'ai envie d'être seule, elle répète.

— Attends, tu ne viens pas de te réveiller ? Tsireya m'a dit que...

— Tsireya ment. Tu es en retard Lo'ak. Ça fait deux jours que je suis réveillée.

Je hausse un sourcil.

— Je n'ai pas envie de parler, est-ce que tu peux partir.

— J'en ai pas vraiment envie.

Trouve une solution grâce à ton cerveau et ton cœur, résonne la voix de ma mère a l'intérieur de ma tête.

Je ne sais pas qui entre mon cœur et mon cerveau aura le dernier mot.

— Ma mère ne veut pas que tu restes avec moi, non plus.

— Quoi ? Pourquoi ?

Elle soupire et tourne la tête vers le ciel, les bras croisés sur ses genoux. J'ai envie de la serrer dans mes bras, mais il faut que j'y aille doucement pour qu'elle se réhabitue.

— Elle pense que c'est de ta faute, dit-elle sans émotion.

Je me masse le visage. J'aurais dû m'en douter.

— Ce n'est pas la seule, je marmonne.

— Tu n'y es pour rien, Lo'ak. Crois moi. Ça vient tout seul. C'était une, mauvaise, coïncidence que ça se passe au moment où nous étions ensemble.

Elle passe une main dans ses cheveux fins et soyeux. Son visage n'exprime aucune émotion. On dirait presque une morte.

— Quoi qu'il en soit, tu ne devrais pas être ici.

— Tu as vraiment envie que je parte...

Elle hoche la tête, légèrement, après un long moment de réflexion. Ce simple geste me transperce le cœur, mais je ne veux pas partir, je ne peux pas partir. Je veux l'aider, je ne veux pas la laisser seule avec ses pensées.

— Qu'est-ce qui te ferait plaisir, d'autre que ça ?

Elle hausse les épaules.

— Une promenade ?

— Non.

— Un tour en banshee ?

— Hum... non.

— Un tour sur la falaise ?

— Non.

— Dans l'eau ?

— Non.

— Dormir, peut-être ?