35| Lo'ak

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Mon père a demandé qu'on se rejoigne tous dans la loge pour qu'on ait une discussion dite sérieuse.

Je me suis réveillé il y a de ça une heure et je n'ai pas encore vue Takara. Pourtant j'aurais juré l'avoir entendu promettre d'être là à mon réveil.

Peut-être qu'elle a aussi des choses importantes à faire.

Je regarde le sol, les pensées bien loin de ce qui se passe autour de moi. Mon esprit est brouillé par des beaux yeux bleus, une longue chevelure foncés et bouclés, des lèvres douces qui me sourient, un visage fins que j'attrape entre mes doigts.

— Lo'ak ?

Une peau douce sous mon touché. Ses mêmes lèvres, qui jadis étaient collées au mienne, venaient maintenant me murmurer des mots doux au creux de l'oreille.

— Lo'ak ?!

Je relève la tête alors que mon père me regarde d'un drôle d'œil.

— Oui ?

— Tu m'écoutes ?

— Je suis tout ouïe, chef.

Je me redresse alors que petit à petit, les regards de ma famille se détache de moi pour regarder mon père, mais celui de Neteyam s'attarde sur moi alors qu'il me regarde avec un sourire amusé.

— Comme je le disais, reprend mon père alors que j'essaie d'être attentif, nous avons eu de la chance que Neteyam et Takara soient en vie.

Ma mère sourit en tournant les yeux vers mon frère et lui serre la main.

— C'est vrai, dit-elle.

— Mais rien de tout ça ne serait arrivé si nous étions restés chez nous. Je parle pour le clan Metkayina.

Si nous étions resté à la maison, ça aurait peut-être pu être pire. Ou pas. Je ne sais pas.

— Et je pense que nous en avons déjà assez fait ici. Nous avons risqué leur vie pour sauver la notre.

Tuk se tortille entre les bras de Kiri, alors que ses petites tresses tombent devant ses yeux au moindre mouvement.

— Nous allons rentrer chez nous.

— Quoi ? je m'entends dire.

Quand je regarde autour de moi, je remarque que Kiri fronce les sourcils, alors que Tuk arrête de gesticuler, soudainement figée. Neteyam ne dit rien, et son visage n'exprime aucune émotion. Il doit déjà être au courant. C'est sûr.

— Non, on ne peut pas partir.

Mon père et ma mère tournent leur tête vers moi, l'un fronçant les sourcils et l'autre me regardant d'un air perplexe.

Je me relève, les obligeant à lever les yeux vers moi.

— Mais tu semblais vouloir rentr-

— Avant, je le coupe. Avant je voulais rentrer chez moi. Et je le confesse, la forêt me manque. Mais...

Les mots s'emmêlent dans ma tête et plus aucun son ne sort de ma bouche entrouverte. Mes yeux voyagent entre chaque membre de ma famille.

Mon père se lève à son tour. Il est beaucoup plus grand que moi, et quand il s'approche de moi, je ne peux m'empêcher de reculer.

— On ne peut pas partir, papa.

— Pourquoi ?

— Parce que, j'ai... je me suis attaché aux Metkayina...

— Mais ta vraie famille est chez les Omaticaya.

Je secoue la tête.

Je sais qu'il a raison. J'ai passé quinze ans de ma vie dans la forêt, et ça fait moins d'un an que je vis ici. Mais, là-bas, je n'avais pas trouvé de frère, comme Payakan. Là-bas je me sentais rejeté par tous ces gens qui me regardaient comme un monstre avec mes cinq doigts. Alors qu'ici, les gens ne semblent plus choqués, sans doute parce que leur "princesse" est comme moi. Là-bas je n'avais pas réussi à trouver ma place.

Mais aussi et surtout, là-bas je n'avais jamais trouvé l'amour. Après quinze ans d'existence je n'ai jamais trouvé une seule Na'vi à la hauteur de mes attentes. Aucune d'elles ne m'attiraient, ne serait-ce qu'un petit peu. Aucune d'elles ne m'a fait éprouver ce que Takara m'a fait ressentir en quelques semaines. Takara m'a tapé à l'œil à la première seconde où je l'ai vu.

L'amour était pour moi qu'une phase inutile dans la vie, facilement oubliable mais s'il y a bien quelque chose d'inoubliable c'est cette fille. Ces moments passés avec elle. Sa voix. Son rire. Son sourire. Son corps.

Tout chez elle.

Tout ce qui m'empêche de dormir la nuit, et me fait vivre le jour.

Si je retourne chez les miens je ne vivrais plus jamais ça. Je ne verrais plus la fille que j'ai temps aimé.

— Je ne veux pas partir, dis-je sérieusement. Je ne peux pas partir, ça me briserais.

Mon père tente de poser une main sur mon épaule mais je passe en dessous de son bras tendu et je sors de la maison d'un pas sûr et énervé.

— Lo'ak, attends ! me crie ma mère alors que je pars en direction de l'eau.

Comment ils peuvent me faire ça. Si papa veut partir... alors il n'aurait jamais dû venir ici. J'ai souffert en arrivant mais ça me détruirais si je devais partir.

Mon cœur est lié à celui de Takara. Ma vie ne dépends plus que d'elle, malheureusement.

Mais mes parents ne semblent pas le comprendre.

Je m'enfonce dans l'eau et commence à nager, faisant aller mes bras et mes jambes rageusement, jusqu'à ce que l'air me manque.

A ce moment-là, je remonte à la surface, et c'est là que je me rends compte que je me suis fort éloigné du camp, que je vois comme une toute petite île au loin.

Je me laisse flotter dans l'eau, observant les quelques nuages blancs qui voyagent dans le ciel, me provoquant des frissons quand ils passent devant le soleil, faisant disparaître la douce chaleur qui régnait sur mon visage et les quelques parties de mon corps qui se trouvent en dehors de l'eau.

Mes yeux me picotent et je sens la douceur d'une larme glisser sur ma joue.

Ce n'est pas la première larme que je verse à cause de cette fille.

Takara m'aura fait passer par toute les émotions.

_____

Hey hey

Un chapitre pas très long

Franchement vous êtes tous incroyable. Je vous aime vraiment. Tous vos petits mots réconfortants alors que je ne me sentais pas très bien, mon mieux guéri que mon vieux daphalgan.

Vous êtes géniaux.

Dites moi, vous préférez Naëlys ou Aesira (hey-si-ra  avec un bel accent anglais pour le ra, si jamais vous vous demandez comment on prononce) Comme prénom.

On se revoit bientôt 🫶

~Pe_001E23~

Lo'akحيث تعيش القصص. اكتشف الآن