Chapitre 19 - Noirceur.

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Je lance un dernier regard à mon reflet, et constate que j'étais bel et bien prête. Certes, mes cheveux étaient encore mouillés, mais c'était bien le dernier de mes soucis. En temps normal, je n'aurais pas aimé laisser ma chevelure encore humide, néanmoins, pour aujourd'hui, je m'en foutais bien.

À cet instant, la seule chose qui m'obsédait était ce que je comptais faire avec Hémon.

Bien sûr, plusieurs idées m'avaient traversé l'esprit, mais j'essayais de trouver celle qui le fera davantage souffrir et qui me comblera de bonheur, à la fois.

En effet, à partir d'aujourd'hui, je n'allais vivre que pour ça.

À faire souffrir toutes les personnes qui m'avait fait subir les pires atrocités, et à me réjouir de voir leurs visages qui ne seront que souffrances et supplices.

Et, évidemment, j'allais débuter avec Hémon.

Celui qui m'avait tout ôté, sans que je ne puisse m'y opposer.

En outre, il était celui qui avait sali mon corps avec toutes ses marques de violence, et parmi elles, mes paumes pour qui, contrairement à avant, je ne ressentais plus rien. Allongée dans ce modeste lit durant ces cinq derniers jours, mes yeux s'étaient subitement baissés vers mes paumes, et contre toute attente, je n'avais rien éprouvé.

Toutes émotions et tous sentiments avaient disparu, si bien que, dorénavant, je pouvais les regarder sans pleurer ou bien, à être en colère.

J'étais pleinement indifférente face à elles.

Et c'était très libérateur, je devais le reconnaître.

Démunie de tous ce que pourrait éprouver un être humain, je ne ressentais, également, rien pour Hémon que ce soit positive ou négative. Je savais que cela pouvait paraître fou, j'en étais moi-même surprise, mais je ne pouvais qu'en profiter.

Vivre une vie dans laquelle je ne me préoccupais plus des conséquences, ni des émotions ou sentiments que pourraient susciter mes actes. C'était le genre de vie que je méritais d'avoir. La seule chose dont je devais me soucier était de satisfaire cette part d'ombre qui m'avait entièrement consumée et qui m'avait sauvée.

Sur cette idée plus que réjouissante, je sautillais presque vers la sortie de la salle de bain et claquais la porte derrière moi avant de marcher en direction de l'escalier en acier. En bas de ce dernier, je me figeais et remarquais que j'étais seule.

Les hommes de main d'Hémon n'étaient pas là, du moins, pas à l'intérieur.

Je regardais de l'autre côté du rez-de-chaussée et compris qu'Hémon n'était pas encore rentré. Éros m'avait prévenu qu'il arriverait bientôt, mais j'ignorais bien quand. Une partie de moi espérait qu'il vienne vite afin que je puisse me défouler comme je le souhaitais, tandis que l'autre me poussait à profiter de cette solitude pour me préparer.

Et, malgré ma hâte, je décide de suivre la deuxième option, et, rapidement, mon regard se bloqua sur quelque chose qui pourrait bien m'aider. Certes, je n'avais pas aimé la première fois que j'y avais goûté, mais pourquoi pas ne pas laisser une dernière chance à l'alcool.

Et puis, il est dit que l'alcool aidait les hommes à s'amuser et agir, sans réfléchir.

Accro comme il était, Hémon avait refait le plein de bouteilles d'alcool et de paquets de cigarettes depuis le jour où j'avais vidé le mini bar. Les bouteilles étaient nombreuses et bien rangées sur le petit bar, ainsi que les paquets de cigarettes qui me répugnaient à vue d'œil.

Je ne connaissais pas grand-chose à l'alcool, mais il était évident que la plupart des bouteilles qui se tenaient sous mes yeux étaient des bouteilles de whisky. À première vue, cela ne me donnait pas très envie, mais comme poussée par l'insouciance, je saisissais une des bouteilles avant de me diriger vers la cuisine pour y prendre un verre et de m'appuyer sur le comptoir.

Sous son empriseWhere stories live. Discover now