Chapitre 28 - Souffrances révélatrices.

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Les trois lettres que je venais de prononcer s'envolèrent, tel un écho, dans le silence qu'Hémon avait choisi de nous plonger.

Il avait préféré reporter son regard face à lui, alors que moi, je me suffisais de le regarder en essayant désespérément de connaître ses pensées. Et aux vues de son regard figé et de ses traits forts marqués sur son visage pâle, ces dernières ne semblaient pas lui plaire.

Ou bien, était-ce de... la souffrance ?

En effet, il avait ce même regard que lorsqu'il avait le malheur de sombrer dans l'un de ses cauchemars. Ma gorge se noua à cette idée et à la tristesse qui était encore en moi, mais je tentais de la calmer en me mordant les lèvres.

- Non. Balança soudainement Hémon.

Quoi ?

- Va-t'en. Ajouta Hémon froidement.

Totalement incrédule face à son ton, mais aussi résignée, je reste stoïque sur la terrasse à le regarder.

Et, sentant toujours ma présence, Hémon tourna la tête en ma direction et me jeta un regard colérique et agacé, si bien qu'il m'ordonne froidement :

- Dégage !

Non, Hémon.

Il faut que je reste.

- Irène ! S'écria Hémon.

- Tu ne peux pas me forcer à partir. Je ne partirai pas.

- Pars, Irène. Répéta Hémon en reportant, à nouveau, son attention face à lui.

Il avait peur.

Je pouvais le voir dans son attitude.

J'ignorais ce qu'il l'horrifiait, mais cela le rongeait au plus profond de lui-même et c'est ce qui expliquait cette furie inexplicable.

- De quoi as-tu peur ?

- Tu ne m'écoutes pas, Irène... Souffla Hémon d'agacement. Dégage. Ajout-il en réancrant ses iris sombres dans les miens.

- Non, Hémon, c'est toi qui ne m'écoutes pas. Je ne compte pas partir.

Et là, avec le peu de forces qu'il avait encore en lui, Hémon se détacha de la rambarde de la terrasse et s'avança vers moi jusqu'à que nos corps soient presque collées et que mes yeux ne plongent dans les siens qui n'étaient qu'obscurité.

- Je ne veux pas, compris ? Je ne veux pas que tu restes. Je ne veux pas te voir. Et puis, je ne veux pas de cette relation que tu as quoi ? Accepté ? Je n'en veux pas. Alors maintenant, dé-ga-ge.

Hémon avait peut-être l'espoir que ces mots allaient me faire pleurer au point de vouloir partir, mais il avait tout faux. Cela ne faisait que grandir cette colère que j'essayais de canaliser depuis le jour où je m'étais réveillée dans ce lit inconnu.

C'était même bien plus que ça qui m'habitait.

C'était toutes ces choses que je me retenais de dire depuis longtemps.

Alors, sans réfléchir davantage, je me mets à suivre les pas d'Hémon qui avait décidé de quitter la terrasse pour marcher en direction du grand jardin des Clarke et lance :

- Et toi, tu m'as demandé ?!

Hémon, par je ne sais quelle force, accélère le pas, mais peine perdue car je ne réfléchis pas davantage et retire mes talons afin de gagner en vitesse.

- Tu m'as demandé si... si je le voulais quand tu m'as droguée et kidnappée ?!

- Tais-toi. Rétorqua Hémon.

Sous son empriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant