Chapitre 45 : Question de vie, ou de mort

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Dryade, terrain d'entraînement.

PDV d'Oxylus.

Le duel entre l'intrépide Moros et Noah s'est terminé en bain de sang, suivi d'une transformation de ce dernier très inquiétante, mais qui m'est hélas familière. En tant que chef, je dois faire quelque chose. Mais quoi ?

Noah me fait face et ses pupilles disparaissent. Ses yeux blancs ainsi que sa respiration grave et saccadé rendent mes jambes instables et tremblotantes. Je me claque le visage et me prépare avec peine à l'affronter.

Soudain, l'ami de ce dernier me rejoint dans la bataille et s'interpose en tentant d'apaiser le petit. Sa voix et ses mots, bien que calme et apaisante ne suffit point à calmer ce dernier, qui se mît soudainement à marcher frénétiquement en sa direction. Qu'il s'agisse de son ami, ou bien même un membre de sa famille n'y changera rien et celui-ci tuera sûrement sans pitié tout ce qui l'entrave. J'aurais aimé ne plus jamais assister à un tel calvaire un jour, mais, Poséidon en a voulu autrement, encore une fois.

Le souvenir de cet homme qui, il y'a de cela plusieurs années, faisait preuve d'une telle puissance et agressivité m'accable. Il lui ressemble étrangement, c'en est presque déconcertant.

Physiquement, ses cheveux grisâtres étaient également aussi longs que lui, mais, il paraissait beaucoup plus vieux, plus grand également mais tout aussi mince. Ils partagent étrangement les mêmes traits de visages, y compris même la cicatrice à l'arcade.

Cet étranger avait débarqué au sein de notre village très affaibli et venait sûrement de la plage, pas très loin d'ici. Très méfiant au début, nous avons appris à le connaître et, aveuglé par sa gentillesse légendaire ainsi que de sa générosité sans pareille, nous avons rapidement accepté sa présence parmi nous.

Durant plusieurs mois, nous l'avons soigné, logé, blanchi et nourri. Il appréciait vivre à nos côtés et apprenait, doucement mais sûrement, nos coutumes et s'en apprivoisait très naturellement. Il était curieux et avait soif d'apprendre. Peut-être un peu trop par moments, ce qui me perturbait légèrement, mais rien d'alarmant néanmoins.

Généreux et serviable, il aidait les habitants dans leurs tâches quotidiennes et participait également aux travaux du village. Mais, quand un groupe de Zorak surgirent par surprise et nous prirent en chasse sur nos propres terres, cet homme, de nature si pacifique et aimante se transformât en une bête féroce et sauvage aux yeux blancs veiné de rouge accompagné de muscles ayant doublé de volume. Son souffle était lui aussi très saccadé et de la bave tombait de sa bouche tel un monstre affamé.

Minotaures, griffons, tritons ou encore alphas, rien n'était comparable à la bête que j'avais maintenant devant moi. Immédiatement, les Zorak battirent en retraite à la vue de ce dernier et, celui-ci fut resté de marbre : Cela lui était complètement égal. Un rire diabolique et terrifiant retentissait au sein du village et paralysait la quasi-totalité des habitants de Dryade. S'en suivit ensuite le chaos.

Voir mon peuple ensuite pratiquement décimé ainsi que mon village partiellement détruit en une fraction de seconde simplement à cause de la rage et la fureur d'un seul être, qui plus est un mortel... S'en était trop pour moi. Armé d'une colère aussi noir qu'une nuit sans lune, la décision de faire face à celui avec qui j'avais pourtant noué un lien presque indestructible me paraissait logique et naturelle. Je le portais dans mon cœur, mais ma priorité était mon peuple et mon village. C'était l'une des décisions les plus difficiles que j'avais eu à prendre de toute ma vie.

Malheureusement, il était bien trop fort. J'ai voulu tenter le tout pour le tout en lui rappelant son humanité, lui expliquant, la boule au ventre que celui qu'il était sur le point d'achever était son ami, en lui remémorant les bons souvenirs que nous avons passés ensemble comme nos longues discussions autour du feu les soirs d'été, les travaux effectués afin de bâtir plusieurs autres cabanes ou encore, quand on partait à la chasse ainsi qu'à la pêche sous un ciel bleu dépourvus de nuage.

Et soudain, ses pupilles revenaient posséder ses yeux et l'expression de son visage redevenait plus ''humain''. Ayant pris conscience de tout le mal qu'il avait pu provoquer, ce dernier s'était levé et, je me souviendrais toute ma vie de ses derniers mots : ''Je suis désolé''.

Depuis, je n'ai plus de nouvelles de lui. Et pourtant, une bonne dizaine d'années s'est écoulé. Je ne sais ni ce qu'il est devenu, ni ce qu'il s'était passé ce jour-là. Mais, en regardant Noah et en me remémorant les souvenirs de cet homme gentil mais terriblement dangereux, une question me turlupine : Le petit pourrait-il être son fils, par le plus grand des hasards ?

Je vais garder cette hypothèse en tête. Quoi qu'il en soit, il va falloir que je calme ce dernier avant qu'il n'arrive malheur.

- Ecartez-vous s'il vous plait, vous ne servez à rien ! Peu importe ce que vous allez dire ou faire, il ne vous écoutera pas et vous écrasera quand l'occasion se présentera, croyez en mon expérience ! Dis-je à l'ami du petit.

- Je sais également ce que je fais, j'ai déjà vécu cette situation et je sais parfaitement ce qu'il doit être fait.

De quoi parles-t-il ? Il a déjà vécu cette situation? 

Mais, pas le temps de réfléchir : Noah nous attaque enfin. Je pousse violemment son vieil ami sur le côté, mais il est bien trop rapide. Il vient de bondir à plus de trois mètres de hauteur et charge en plein saut son poing en ma direction. Je le charge à mon tour, mais, l'impact est tel que les os de l'entièreté de mon bras se broient instantanément, ce qui le rend complètement inutilisable. Une terrifiante onde de choc s'éparpille également au sein du camp d'entrainement, provoquant la propulsion et même la chute de la totalité des personnes présentes.

Alfdan et Thalia me rejoignent, prêts et déterminés à me porter secours. Mais, je ne suis pas de cet avis. Malgré le pouvoir de leurs pierres respectives, ils ne seront pas de taille à l'affronter. Le petit est bien trop puissant et, je ne mettrais ma fille en danger pour rien au monde.

- Partez. Vous n'avez rien à faire ici ! Dis-je d'un ton ferme.

- Oxylus, nous pouvons l'arrêter en combinant nos...

- PARTEZ, J'AI DIT ! Rétorquais-je en coupant la parole à Alfdan. Vous n'êtes pas de taille ! Surveille ma fille et emmène-la loin d'ici, c'est un ordre !

- ... Bien. Thalia, suit moi et ne regarde pas derrière !

- Mais... Bégayait cette dernière.

- Dépêchez-vous, il revient de plus belle ! Criais-je, le regard inquiet.

Sous mes ordres, le vieux sage et ma petite fille aux cheveux blancs partent donc sans se retourner. Mais, Noah est visiblement bien décidé à en finir une bonne fois pour toute avec moi. Armé que d'un seul bras, il ne me reste plus beaucoup d'options sous la manche. Pour la première fois depuis très longtemps, la peur d'y laisser ma peau m'anime et m'effraie. Je suis assailli de doutes et d'hésitation, car je sais que je ne suis pas de taille.

Mais, tout un peuple compte sur moi et ma victoire dans ce duel à mort. Ma fille, les Dryadois, Alfdan... Il est de mon devoir de tout tenter, quitte à y laisser la vie.

L'Atlantide, l'île perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant