Chapitre 70 : Tension palpable

9 3 2
                                    

- Alors, cette discussion avec ton père ? Me surprend Lana, qui s'allonge avec moi sur l'herbe.

- Ça va, répondis-je, dissimulant le reste.

- C'est tout ?

Je préfère ne rien lui dire, encore moins le fait d'avoir pleuré dans les bras de mon père comme un môme qui ne veut pas aller à la crèche.

- Tu sais, reprend-t-elle, j'ai tout vu et tout entendu alors tu ne peux rien me cacher, cette fois-ci !

Elle me l'a déjà fait, ce genre de coup. Je ne me ferais plus avoir.

- Je t'écoute alors ? Taquinais-je le sourire en coin.

- Euh... Je, euh ...

C'est bien ce qu'il me semblait. Une fois, pas deux.

- On se connaît depuis l'enfance Lana, tu devrais savoir que sa ne marche plus avec moi, me moquais-je.

- On se connaît certes depuis l'enfance, mais je suis encore obligé d'user de la ruse afin de communiquer avec toi. Et, je ne trouve vraiment pas ça normal.

- Ne pleure pas, tout ira bien ma belle, taquinais-je encore une fois.

Ça m'avait manqué, tiens.

- Viktor ! Crie cette vieille pie en me tapant l'épaule.

- On s'est réconcilié, affirmais-je spontanément.

- Sérieusement ? Comme ça, en une simple discussion ?

Je vais tourner autour du pot. J'ai envie de lui confier pleins de choses, mais je ne peux pas lui dire que j'ai chialé. C'est plus fort que moi.

- Il a apparemment diminué sa consommation d'alcool et m'a fait son mea culpa, rétorquais-je, toujours en regardant vers les cieux. Tu me connais, je l'ai laissé parler, j'ai accepté de le prendre dans mes bras et il est parti.

- C'est tout ?

- Ouais.

- Ça ne t'a pas touché ?

- Bof, je m'en foutais un peu pour être honnête, mentais-je.

Puis là, elle éclate de rire et me montre toutes ses dents, les yeux plissés. Elle se tiens le ventre et se roule sur le sol.

- Quel menteur tu fais ! S'exclame la petite peste qui me sert d'ami. Tu as chialé comme un gosse, j'en met ma main à couper !

Ce qu'elle m'irrite les tympans ! Bordel mais pourquoi j'ai voulu revenir la voir ? Quel imbécile ! Au lever du jour, je me casse !

- Je rigole avec toi Viktor, arrête de faire cette tête-là, me dit-elle, visiblement consciente de mon agacement.

Je ne réponds pas et continue à faire ma tête de mule.

- Ça a l'air de t'avoir touché, alors je m'excuse. Tu sais, vu la relation ainsi que le passif que tu as avec ton père et même sans ça, pleurer ne fait pas de toi quelqu'un de faible, au contraire.

- Pfff. Conneries, affirmais-je en soufflant. Pleurer est un aveu d'impuissance, c'est s'avouer vaincu. C'est la meilleure manière de montrer notre faiblesse.

- Nous sommes humains avant tout, reprend-elle. Voir un homme qui pleure est pour moi une personne qui a conscience de ses émotions ainsi que ses faiblesses car, pour moi, être capable de connaître ses faiblesses t'apportera la capacité à connaître ses forces.

- Pleurer m'aidera à connaître mes forces, selon toi si j'ai bien compris ?

- C'est bien plus profond que ça ... Laisse tomber pour le moment, je t'expliquerais plus tard. Tu n'es vraiment pas fûté, parfois.

- Tu sais à qui tu parles, la ?

Elle est folle ?

- Ouais. Et, tu ne me fais absolument pas peur, me dit la sirène aux longs cheveux bruns.

- Ne me cherche pas.

- Sinon ?

- Ne joue pas à ce jeu Lana, tu sais que tu perdras.

Elle est folle, c'est officiel.

Soudain, celle-ci se met à glisser ses doigts près de mes côtes, la ou je suis le plus sensible. Je me mets à rire puis gesticuler dans tous les sens. Soudainement, je bascule sur elle, bloquant ses mains afin de l'empêcher de continuer à me chatouiller. Je me retrouve ainsi assis sur le bas de son ventre et fait balader mes mains vers ses aisselles, car je sais que c'est ici son point faible.

Mais, elle dégage mes deux bras et je manque de tomber sur elle. Alors, je me rattrape de justesse en mettant mes mains par terre et nous continuons à rire aux éclats.

Ce moment que je passe avec elle me rend nostalgique de l'époque ou on s'amusait comme des gosses quand elle venait pratiquement tous les soirs à la maison en compagnie de son défunt père. On était beaucoup plus jeunes, on était insouciant, inconscients, terriblement naïf et innocents.

Après plusieurs secondes, le calme revient peu à peu, mais quelque chose de différent se passe cette fois-ci. Mes yeux bleus croisent les siens et j'aperçois son iris se dilater petit à petit. Mon regard se pose ensuite vers ses douces lèvres pulpeuses, brillantes et lisses et mon rythme cardiaque s'accentue considérablement. Plus aucun sourire ne se trouve maintenant sur nos visages et la tension est à son comble.

Mon corps s'abaisse doucement et ma tête se rapproche de la sienne sans que je ne m'en rende compte. Pour la première fois depuis très longtemps, j'écoute ce que veut mon cœur et me laisse doucement porter par l'envoutante berceuse que me chante ses lèvres.

Mais rapidement, ma raison revient au galop et me fait prendre rapidement conscience de la situation. Je recule vivement ma tête et je me lève en lui tournant le dos. Lana se relève et tente de communiquer avec moi en me mettant sa main sur mon épaule droite mais je refuse en haussant celle-ci.

- Viktor ... murmure-t-elle.

- Je partirais au lever du jour. Je ne peux pas rester ici plus longtemps.

- Mais pourquoi ?

Dois-je lui dire ? Dois-je vraiment lui parler que j'ai terriblement peur de l'attirance et des sentiments que j'éprouve pour elle ?

- C'est comme ça, répondis-je fermement. Ce ne sont pas tes oignons. Retourne au camp et laisse moi tranquille.

Non. Je ne peux pas lui dire. Elle pourrait s'en servir contre moi.

- Je suis heureuse de t'avoir revu. Prend soin de toi, finis-t-elle en marchant vers le camp.

... Fait chier !

- Attend Lana, l'interrompais-je dans sa course.

- Oui ? me répond cette dernière, tout sourire.

Je vais le regretter, mais tampis. C'est plus fort que moi.

- J'aimerais ... Te demander quelque chose, hésitais-je en repartant partout sauf ses beaux yeux de biche.

- Je t'écoute ?

- ... Partons ensemble, demain. Au soleil levant. 

L'Atlantide, l'île perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant