Brutal | Dark romance

Chapitre 6

🎵 Middle of the night - Joel Sunny

Irina

Mes pieds frappent sur le bitume légèrement humide. Mes larmes brouillent ma vision mais je continue de courir. Je suis perdue et désemparée. Je suis contrainte de m'arrêter pour reprendre mon souffle. Mes mains se posent sur mes genoux et je me penche en avant. L'air entre dans mes poumons mais pas suffisamment à mon goût. J'hyperventile et mon cœur bat si fort qu'il pourrait exploser.

Je tente de crier pour vider tout l'air de mon corps et en reprendre une bouffée suffisante mais seul un râle sort. Je me maudis de ne pas être capable de me calmer. Je ferme mes yeux et j'empêche tout air de rentrer dans mes poumons. Alors que je ne peux plus tenir, je prends une grande inspiration. Petit à petit ma respiration revient à la normale.

Je rouvre mes paupières et me redresse. Mes pensées plus claires, je pars à la recherche de mon appartement. Je n'ai aucune idée du lieu où je me trouve actuellement. Mon attention se porte sur tous les détails autour de moi, il fait sombre. Seuls les lampadaires éclairent dans la nuit noire et la rue dans laquelle je me trouve ne me dit rien. Je suis dans un quartier extrêmement riche, il me suffit de regarder autour de moi pour le voir. Ou simplement de penser, le chef de la Bratva a bien le luxe de s'offrir une vie dans un lieu aussi riche.

Les immenses bâtisses sont protégées par des murs tout autour surplombés de barbelés. Des lettres en ferraille sont fixées sur les parois qui entourent ces maisons de la haute société. Je ne serai pas surprise de voir arriver la police appelée par des voisins inquiets de voir une personne errer par ici. Toutes ces richesses exposées dans ces maisons bien trop grandes pour ces personnes. Ils ne savent tellement plus quoi faire de leur argent qu'ils se construisent des logements reclus.

Je continue de courir jusqu'à arriver sur des quartiers plus populaires. J'aperçois des grandes tours d'immeubles, des arbres nus le long de la route. Je reprends mon chemin en marchant. Calmée de cette course folle et de la décharge d'adrénaline provoquée par ma fuite, mon corps se réveille. Mes pieds me font souffrir et je grelotte de froid. Les températures oscillent autour de zéro à cette période de l'année. Je me rends compte que mes pieds sont écorchés. Je souffle et m'en occuperai plus tard. Je dois retrouver mon chemin et mon logement. Je déambule dans les rues, tournant à droite ou à gauche sans réelle certitude. Le temps me paraît s'étendre.

Au bout de minutes ou bien d'heures, je n'en ai aucune idée, j'aperçois au loin la porte taguée de l'immeuble. Un sourire de soulagement illumine mon visage et j'accélère le pas. Une fois le code tapé et la porte ouverte, je monte immédiatement les escaliers. Devant ma porte je cherche mes clés et me rends compte que je ne les ai pas. Je fouille les poches de mon jean encore et encore comme si cela allait les faire apparaître. Comment puis-je être aussi stupide ? Roman et Vladimir m'ont pris mes clés et mon téléphone lorsqu'ils m'ont enlevée, j'ai également enfilé d'autres vêtements. Je me retrouve les bras ballants devant la porte de mon appartement.

Puis me vient en tête la babouchka de l'immeuble qui est également la concierge. Elle doit probablement avoir les clés de mon logement. Je descends les marches en les dévalant, je me rattrape de justesse à la main courante de l'escalier. J'aperçois la porte de babouchka et me met à tambouriner dessus. La porte finit par s'ouvrir et je vois ses yeux encore endormis. Elle porte une chemise de nuit blanche à petites fleurs, le col est brodé et le tout lui arrive au niveau des pieds. Elle a enfilé ses chaussons marrons rembourrés. En la voyant dans cette tenue je me rends compte qu'il est bien tard et que je la sors de son lit.

— Je suis désolée de vous déranger mais j'ai perdu les clés de mon appartement. Est-ce que vous auriez un double ?

— Je crois bien que c'est la première fois que je t'entends mon enfant, me répond simplement la babouchka de sa voix usée par l'âge.