Chapitre 16

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🎵 Cravin' - Stileto, Kendyle Paige

Irina

Mon corps se remet doucement de cet orgasme qui vient de me traverser. Mes joues sont rougies. Ma respiration est légèrement plus rapide que la normale. Mes yeux sont toujours rivés sur Roman qui ne semble pas avoir cligné les siens.

Le monde autour de moi se met de nouveau en mouvement. Comme si l'espace de quelques instants il était sur pause. Une pause octroyée qui m'a permis de souffler, de relâcher des tensions accumulées au plus profond de moi. Me laisser porter par la luxure m'a donné accès à ce bouton d'arrêt qui met sur silence tout ce qui m'entoure. Les gens. Mes pensées. Mes envies de vengeance. Cet homme qui me touchait. Mon passé. Tout. Tout sauf Roman qui me regardait si intensément que ça ne devrait même pas être légal. La noirceur avait englobé ses yeux. On ne distinguait plus la limite entre sa pupille et son iris. L'obscurité qui l'entoure au quotidien l'avait entièrement englouti. Et moi avec.

Alors que mon esprit repasse la scène qui vient de se dérouler, je suis horrifiée et en colère. L'homme qui a tué mon frère a posé les mains sur mon corps, il m'a certes donné du plaisir mais celui-ci se retrouve bien loin actuellement. Je me maudis d'avoir réagis ainsi.

Andrei s'est redressé et a quitté la table. Pendant ce temps, je reprends mes esprits, toujours dans ce brouillard. Vladimir me lance un clin d'œil et je sens mes joues rougir encore plus. Je n'ai pas réellement honte d'avoir éprouvé un quelconque plaisir, simplement du lieu où cela s'est passé. Nous sommes dans le bar où je travaille, entourés de clients et de mes collègues. Je regarde dans toutes les directions et personne ne semble nous regarder. Je tente d'éteindre les pensées qui m'assaillent. Je suis une femme libre, en quelques sortes, j'ai le droit d'éprouver du plaisir avec qui je le souhaite. Cela ne fait pas de moi une traînée ou que sais-je.

L'invité de Roman s'installe de nouveau à côté de moi. Il glisse une enveloppe en direction de mon bourreau. Celui-ci ne montre rien mais ne touche pas pour autant ce que l'homme vient de déposer en face de lui. Les quatre hommes se toisent en silence. Roman fait un signe de tête en direction de Vladimir qui prend dans ses mains le pli et l'ouvre. Il montre son contenu au chef de la Bratva. Je me tords le cou autant que possible, dévorée par la curiosité. J'aperçois des billets, par centaines. La couleur rouge de cette monnaie me saute aux yeux. Des centaines de billets de 5000 roubles. Tout cet argent sous mes yeux alors que j'en manque cruellement.

Je me prends à imaginer ce que je pourrai faire avec une telle somme. Je pourrai aisément quitter cette ville. Rejoindre St Pétersbourg en train, éventuellement changer de nom comme pour me défaire de ce qui me colle à la peau. Ou même partir du côté du lac Baïkal et vivre dans une cabane de chasseur quelque temps avant de remonter plus haut en Sibérie. Même sans argent je pense que ce serait possible. Voyager clandestinement dans des trains-couchettes ou des trains de transport de marchandise. Tout est faisable. Pourtant, fuir n'a jamais été une option. Ces idées sont passées plus d'une fois dans mon esprit mais je le répéterai encore et encore, pour me persuader que je fais les bons choix. Je ne fuirai pas. Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle.

La conversation des mercenaires parvient à mes oreilles :

— Tu crois faire quoi avec ça Andrei ? la phrase de Roman sort dans un rire cynique. Quatre-vingt pourcent de ce que tu touches. C'est ce que tu vas me donner. Et estime toi encore chanceux que je ne prenne pas tout.

— Quatre-vingt pourcent ? Ce n'est pas ce qui était prévu Roman. On devait passer à soixante. C'est déjà énorme !

— Rappelle-moi qui décide ici Andrei ? Est-ce que c'est toi ? Toi et ta minable bande de revendeur ? Ou... Moi ?

Brutal | Dark romanceWhere stories live. Discover now