Brutal | Dark romance

Chapitre 17

🎵 Dark paradise – Lana Del Rey

Irina

Je lève les yeux et vois Roman qui me fixe. Ses orbes noirs me sondent. Sa barbe me semble avoir légèrement poussé depuis la dernière fois. Ses cheveux cachent presque ses yeux. Sa bouche est pincée, pourtant je vois son torse bouger un peu plus vite que d'ordinaire.

L'air glacial de l'hiver pénètre mes bras découverts. Mes jambes sont à la limite de se retrouver gelées, déposées sur un fin lit de neige. Ma tenue n'est pas du tout adaptée à ce temps. Dans cette posture, Roman assoit encore un peu plus sa forme de supériorité. Il montre qui tient les rênes, qui déplace les pions.

— C'est bon Roman, j'ai compris, on touche pas à ta petite protégée, lance Andrei.

— Pour commencer, tu n'as pas compris. Ensuite ce n'est pas ma protégée.

Crois moi Andrei, je suis tout sauf sa protégée.

— открой рот ирина, m'ordonne alors Roman.

Tu espères des larmes ? Tu n'en auras aucune. Je souris alors à Roman avant d'ouvrir ma bouche comme il vient de me le demander. Pendant ce temps, il défait les boutons de son jean avant de laisser sortir son membre. Sans autre échange, il s'enfonce entre mes lèvres. Mon bourreau commence des vas-et-viens dont je tente de suivre le rythme. Ses mains attrapent mes cheveux tandis que la mienne rejoint la base de sa hampe. Alors que je pense pouvoir me calquer sur son allure, il me force à le prendre en entier. Je manque de m'étouffer. Le manque d'air se fait ressentir, je commence à suffoquer et tente de l'écarter mais il m'empêche de le faire, sa force est supérieure à la mienne. Mes mains se déposent sur ses cuisses dans une énième tentative pour le repousser et enfin pouvoir respirer. Je n'ai pas peur, je ne suis pas répugnée par cet acte plus qu'intrusif. Non, j'ai besoin d'une grande bouffée d'oxygène. Des larmes viennent border mes yeux et je suis prise d'un haut le cœur. Roman attend ce moment pour s'écarter et me laisser reprendre ma respiration. Mais la trêve ne dure que quelques secondes et il retourne de nouveau dans ma bouche, la baisant sans relâche.

Mes paupières se ferment quelques instants avant de s'ouvrir de nouveau. Aucune image de mes sévices passés ne vient se loger dans mon esprit. Lorsque la seconde Irina prend le pouvoir, tous mes traumatismes sont enfouis avec elle. Je suis présente comme si nous étions en co-conscience. Mais les émotions négatives ou les souvenirs ne m'affectent pas dans ces moments-là. Je ressens tout comme elle perçoit. Nous cohabitons à deux dans mon esprit, nous entraidant, main dans la main. J'aimerai parfois que ce soit celle-ci qui vive à l'extérieur, n'attendant pas des évènements propices à la dissociation et à cette forme d'échange pour arriver. Cette Irina est si forte que rien ne peut l'atteindre, elle est puissante, imbattable. Personne ne peut la mettre à genoux si elle ne coopère pas.

Mes jambes se resserrent pour étouffer cette excitation naissante. Entendre Roman grogner par intermittence ne fait qu'augmenter l'embrasement qui traverse mes entrailles. Mon corps auparavant gelé se retrouve bouillant. Je pense pouvoir faire fondre la neige autour de moi, dévorée par un désir qui réchauffe mes veines. Mes yeux ne décrochent pas de ceux de Roman. Son visage tente de ne rien laisser transparaître mais je ne suis pas aveugle. Je vois qu'il prend plaisir, en témoignent ses yeux plissés, la contraction de sa mâchoire, sa cadence, la dureté de son membre qui cogne contre le fond de ma gorge, sa main qui tire mes cheveux.

Mon intimité pulse de plus en plus fort, me priant de mettre un terme à ce supplice d'attente. D'elle-même, ma main part au sud, touchant ce point de nerfs gonflé de plaisir. Un gémissement s'échappe de ma bouche.

— Putain, lâche Roman.

Un mot de plus de sa part et je suis persuadée que je pourrai jouir tout de suite. De ma main gauche, je continue de remonter et descendre le long du membre de mon tourmenteur tout en suivant le rythme qu'il m'impose. De ma main droite, j'intensifie les mouvements circulaires pouvant déclencher un orgasme dévastateur à tout moment.