Brutal | Dark romance

Chapitre 10

🎵 Dizzy - Missio

Irina

Des cris me sortent de mon sommeil tourmenté. J'ouvre rapidement les yeux et me rends compte que ces hurlements proviennent de ma bouche. Ma gorge me brûle, mes joues sont trempées par les larmes et la sueur qui émanent de mon corps. Je n'ai pas Volya pour me calmer et je ne gère plus mon corps.

Des spasmes de sanglots m'animent. Mes mains tremblent et ma respiration est hachée. Je repousse tant bien que mal la couverture trempée qui me colle à la peau. Le pyjama probablement hors de prix que j'ai enfilé me fait une seconde peau. J'étouffe. Je tombe en sortant du lit.

Mon dieu quelle image pathétique, je déteste cette faiblesse qui s'empare de moi dans ces moments. Je voudrais me lever le matin calmement même si mon sommeil était agité. Je ne supporte pas cette fragilité en moi.

Je parviens à me redresser et j'ouvre la fenêtre. L'air frais de la nuit entre dans ma chambre et apaise le brasier qui me consume. Ma respiration se calme au gré du vent qui souffle. J'aperçois au loin le ciel qui change de couleur. Il se peint de nuances orangées annonçant l'arrivée du petit matin. Je prends le temps de m'apaiser tout en regardant les jardins qui entourent cette maison. L'espace extérieur est immense. Les arbres bougent au rythme de l'air qui s'insinue entre les branches nues.

Je me dirige vers la salle de bain pour prendre une douche. En me déshabillant je vois mon reflet dans l'immense miroir de la salle de bain. Je m'approche de l'image qui se reflète.

Mes yeux sont attirés par une trace rouge foncé sur ma peau. Je me penche en avant contre le lavabo pour voir de plus près mon cou. Roman m'a rendu la pareille après que je l'ai blessé. Ce souvenir ravive en moi une chaleur. Je la sens se propager dans toute la région de mon bas-ventre. Cet homme me mènera à ma perte, c'est une certitude. Je me remémore ce moment où il m'a léché le cou, ce moment où j'ai gémi au contact de sa langue contre ma peau sensible. Je détourne le regard, honteuse de ressentir de l'excitation pour cette situation, pour cet homme qui ne fait que se servir de moi. Tout ce que je suis censée ressentir est de la haine, de la colère. En aucun cas mes pensées ne sont censées me détourner de mon but. Mon corps ne doit pas réagir à sa présence, en tout cas pas de cette manière.

Une fois habillée, je retire le fauteuil qui bloquait la porte de ma chambre. J'ouvre la porte pour sortir et je tombe sur mon coupe-papier posé sur le sol. Je le prends entre mes mains et le regarde sous toutes les coutures. Il est propre, il s'agit bien de celui que j'ai utilisé la veille sur Roman. Celui qu'il a utilisé à son tour sur moi. Je porte furtivement ma main contre mon cou. Je regarde des deux côtés du couloir mais je ne vois personne. Je serre l'arme de toutes mes forces et la glisse dans mon jean noir.

Il me paraît plus sûr de rester équipée face aux hommes qui vivent sous ce toit. Puis je descends les escaliers à la recherche de la cuisine. La maison est silencieuse. Je continue de déambuler dans les pièces. Je marche discrètement. En y pensant cela n'est pas forcément utile, bruyante ou non Roman sait probablement où je me trouve. Derrière ses caméras, il peut me suivre à sa guise.

Je lève la tête à la recherche de ses fameux moyens d'observation. Mon regard est happé par un léger clignotement rouge. J'adresse un signe de tête dans cette direction puis repart à la recherche d'un repas, mon ventre me rappelant qu'il n'a rien eu depuis bien trop longtemps.

Je finis par entrer dans la cuisine. Les murs sont blancs et les plafonds sont ornés de caissons creux, bordés par des moulures comme celles dans ma chambre. Un immense lustre scintille. La pièce est spacieuse et bien trop grande pour l'homme qui vit ici. On pourrait cuisiner suffisamment pour accueillir autant de clients qu'un restaurant un samedi soir. Des plans de travail en granit rouge orangé en font le tour et un îlot central trône au milieu. Il y a énormément de placards, je devrai trouver de quoi manger.