Chapitre 1 : le violon avait retenti

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Dans notre futur, dans un monde détruit par les révoltes anarchiques, un monde où les conditions climatiques ont changé et que l'eau ne cesse de monter, un monde où la mort est assise à côté de vous en permanence... Ce monde est le vôtre, quelques siècles après votre présent.

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Le matin même, le violon avait retenti.

Ses lèvres se posèrent sur la pomme qu'elle avait entre les mains. Elle croqua dans cette dernière et mâcha. La sirène d'alerte retentit. Une larme glissa sur la joue de la jeune fille. Elle laissa tomber le fruit, se leva et courut se réfugier. Les cris et les pleures envahissaient les rues, tout comme l'eau qui emportait tout sur son passage. C'était le jour de la crue, le jour de la mort, encore un de ces jours interminables et remplis de peur.

Roxane se réveilla auprès d'Espoir, son chat qui dormait encore blotti contre elle. Elle se leva, prit une couverture et la posa sur l'animal qui tremblait.

Son refuge était un vieil appartement haussmannien encore solide malgré qu'il n'ait pas été restauré depuis environ trois cent ans. La jeune fille avait quand même pris soin de le personnaliser avec les quelques objets qu'elle trouvait ou ceux que ce passeur, Jayce, lui offrait. Les passeurs étaient généralement des hommes de jeune âge qui venaient de l'extérieur de la cité. On pouvait les distinguer par leurs manteaux bordeaux vifs et étincelants. Jayce était souriant et discret, un regard tendre, une mâchoire finement dessinée, des cheveux blonds et des yeux bleus qui s'opposaient à la couleur de ce fameux manteau.

En ouvrant les rideaux, ces magnifiques rideaux qui avaient viré au bleu céleste avec le temps, un faible rayon de soleil se déposa sur le museau d'Espoir qui lui fit ouvrir l'œil. De la fenêtre on pouvait voir la Tour Montparnasse qui se dressait au centre de la cité. Les immenses murs, formant un cercle parfait, entouraient la zone de survie pour la protéger de cette étendue d'eau qui souvent, débordait et emportait tout sur son passage pour les entraîner dans l'ombre de la gare. Seuls les passeurs pouvaient savoir quels seraient les jours de crues.

Roxane resta toute la journée sur son lit à se tresser des bracelets avec des fils de soies provenant des vieilles couvertures usées maintenant inutiles et à dessiner des robes parfaites et élégantes dont elle a toujours rêvé. Une nuit de plus devrait suffire pour que l'eau disparaisse.

LE MURMURE DE LA PLUIE | Science-FictionWhere stories live. Discover now