Chapitre 29 : La rose anarchiste

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- Les Rôdeurs ne sont pas des ennemis, assura Evelynn, en réalité ils nous préviennent depuis le début. C'est un sixième sens que ses créatures ont : elles prévoient l'avenir dans ces dessins et tuent ceux ou celles qui créent une divergence dans le futur. Ils ne visent qu'un seul et même horizon : la postérité.

- C'est très utopique tout ça, riait Léopold.

- Le pire dans tout ça, c'est que depuis le début, on les empêche de faire leur travail !

Tous les bergers avaient les yeux rivés sur Roxane. La jeune fille se tordait les doigts et, de temps à autre, se mordillait les ongles.

- La voilà, articula le vieil homme, notre belle et puissante rose anarchiste. Notre petit anneau qui monte au pouvoir et les bergers qui doivent à présent suivre le troupeau.

- Non, non, répéta la commandante, les bergers ne suivront pas le troupeau. On continuera à encadrer les habitants de la Tour jusqu'à la sortie.

- Attendez ! s'exclama Rosalind, et si l'extérieur, derrière les murs, ce serait pire qu'ici ? Et si Montparnasse était un vrai paradis par rapport à dehors ?

Le silence envahit la salle.

- J'ai une question, ajouta Roxane, si on sort, on ne reviendra jamais, c'est ça ? En réalité, ce ne sont pas des vacances, mais une fuite, un exil ?

Tous baissèrent les yeux. Tous, sauf Léopold.

*

Le ciel était illuminé d'étoiles ce soir-là. Léopold et Roxane s'était allongée sur la terrasse pour regarder les étoiles.

- Ma petite, j'ai quelque chose à t'avouer : Je ne suis pas d'ici.

Roxane se redressa et lui demanda :

- Comment ça pas d'ici ?

Léopold se redressa à son tour et regarda dans le vide.

- Je me reconnais tellement en toi. J'étais tout aussi affolé, perdu, ébahi de cette richesse... par rapport à en bas.

- T-Tu... ?

- Oui, j'étais comme toi. J'avais vingt-six ans, je dormais au côté de celle que j'aimais, et puis je me suis réveillé. Je suis descendu dans la rue, j'ai marché sur la grande place, puis j'ai vu un visage, une personne dans la Tour qui me regardait. Alors je suis resté un peu devant la Tour... L'alarme commença à retentir. J'étais condamné à mourir, emporté par la crue. Je me suis assis, et j'ai fermé les yeux. Quand je les ai rouverts, j'étais dans la Tour.

Roxane était perdue.

- J'ai connu ton grand-père ! Mais je les ai tous perdu... Je ne sais même pas s'il y en a encore des survivants... Je ne sais même pas si ma femme est encore là.

- Comment s'appelait-t-elle ?

- Anne, elle s'appelait Anne.

Un bruit d'explosion se fit entendre. La Tour trembla. La fissure sur les murs s'était allongée.


LE MURMURE DE LA PLUIE | Science-FictionМесто, где живут истории. Откройте их для себя