Aimer, c'est surtout comprendre

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 Le troisième jour des compétitions interclasses battait son plein. Les collégiens s'affrontaient en volley, basket et handball, mais les lycéens avaient déserté les terrains de sport pour les salles de classes. Le baccalauréat approchait à grand pas, et il était maintenant impossible de traverser la cour du lycée sans croiser des élèves les yeux rivés sur leurs cours, le canotier vissé sur la tête pour affronter le soleil pendant toute une après-midi.

Aline, en tant que vice-présidente du bureau des élèves, avait dû assurer l'organisation des compétitions du jour. Et, grâce à elle, se plaisait-elle à penser, il n'y avait aucun souci majeur. Le matin, des quatrièmes avaient manqué d'en venir aux mains pendant un match de rugby parce que l'arbitre n'avait pas vu une passe en avant. Mais c'était Constance qui chapeautait l'organisation des interclasses le matin. Même si elle s'était officiellement réconciliée avec son ancienne rivale, Aline considérait toujours que la place de présidente du bureau des élèves lui aurait mieux convenu qu'à la brune.

Elle glissa sa main dans celle d'Arthur, qui marchait à côté d'elle, et la serra doucement. Il avait réussi à se libérer quelques jours, mais Aline le soupçonnait d'avoir séché des cours. Elle le guida vers le premier banc qu'ils trouvèrent, pas loin de l'infirmerie.

« Tu es sûre que tu es à jour dans tes révisions ? s'inquiéta-t-il. Je ne veux pas être responsable si tu ne rentres pas à Sciences Po.

– T'inquiètes, grâce à tes super conseils, je vais avoir un super dossier et une super culture pour passer ces épreuves. Quant à l'oral, c'est dans la poche. »

Arthur fronça les sourcils. Aline soupira :

« Mieux vaut mettre toutes mes chances de mon côté. Et puis, sinon, à quoi ça servirait ?

– A prouver que tu respectes une certaine éthique.

– Je ne me servirais de mon Don qu'en dernier recours, monsieur le vicomte.

– Mouais. En tous cas, c'était sympa ces interclasses. Enfin à part le moment où les quatrièmes quatre ont voulu m'agresser pour ne pas avoir vu leur "en avant"...

– Oui, et la fois où tu avais complètement oublié les scores de volley des cinquièmes, et celle ou tu t'es rendu compte à la deuxième minute que c'était à toi d'arbitrer le match de foot des troisièmes 1 contre les troisièmes 2...

– Oh, ça va...

– La prochaine fois, il faudra te coller à la buvette, ce sera moins risqué. Bon, je pourrais au moins prouver à Constance que je suis capable de faire autre chose que des beaux discours.

– Aline ! »

Elle le fixa, une lueur amusée dans le regard. A chaque fois qu'elle prononçait le nom de sa cousine, il se crispait.

« On s'entend mieux. Nous ne sommes pas les meilleures amies du monde, mais on se comprend, maintenant. Et puis, elle fréquente un certain Pierre-Louis, non ?

– C'est plus compliqué que cela...

– Si ça évolue, elle pourra nous lâcher un peu la grappe. Je soutiens à fond son couple. Et puis c'est tout à fait son genre de garçon, les beaux prépas musclés qui se préparent pour les écoles d'officiers...»

Elle se retint d'ajouter "dans dix ans, dix enfants" devant le regard désapprobateur que lui lançait l'étudiant. Elle ressentait toujours un besoin de lancer des piques à le jeune littéraire pour compenser toutes celles que celle-ci ne s'était pas gênée de lui lancer il y a deux ans.

« Au fait, cette histoire avec tes cousines, le fils de Garentenay et le vélo ce matin, ça va mieux ? lança-t-elle pour changer de sujet.

– Constance a appelé ma tante Maïwenn, qui est compétente pour gérer ce genre de situations. Elle fera semblant d'aller chercher Brieuc, qui simulera comme d'habitude un mauvais rhume, et puis voilà. Solange s'est rendue plusieurs fois dans l'année devant le bâtiment Nord et a vu des choses qu'elles n'était pas censé voir, mais normalement, elle est censée croire qu'à chaque fois des élèves de post-bac lui ont empêché de venir dans le coin..;

De mes cendres je renais -- Tome IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant