3 - La bague et le berceau

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 Ce soir-là, bien après que le soleil ait déserté l'horizon, je quittai Zora près des murailles de la ville qu'il devait franchir afin de rejoindre son clan. Je lui promis de revenir le voir dès que possible et le charmant sourire qu'il m'envoya contracta mon cœur.

Je rentrai chez moi d'un pas pressé et filai me coucher sans manger. Une fois assis sur mon lit, à la lueur faiblarde de ma lumière, je pris la bourse en velours. Nous avions tellement parlé que je n'avais pas eu l'occasion de l'ouvrir de la journée. Mais maintenant que j'étais seul en face de cette sacoche, je me sentais mal.

Zora était plutôt clair dans ses intentions me concernant et je savais que mon temps avec lui était compté. Il finirait par partir, que ce soit à la fin des festivités ou à cause de mon rejet constant. En conséquence, je devais absolument profiter au maximum de ses informations, avant qu'elles ne disparaissent avec lui.

Je parlai un instant à voix basse, priant Elysia de me pardonner ce que je m'apprêtais à faire, me promettant d'aller au temple dans les prochains jours afin de déverser mes doutes dans l'oreille attentive d'un des prêtres.

Distrait, je dénouai les rubans qui fermaient le petit sac et je retournai ce dernier, faisant tomber une bague sur ma couette. Je la saisis et l'observai avec curiosité. Son anneau, en argent et assez fin, était paré de trois pierres rondes de la même couleur pourpre que le collier qui m'avait plu sur son étal. Elle ressemblait à un bijou de fiançailles, délicate et magnifique. Par défi, je l'enfilai juste au-dessus de mon alliance. Un peu grande, elle tremblota pourtant et rétrécit, sous mes yeux ébahis, afin de s'ajuster à ma phalange à la perfection.

Je réprimai un sourire en voyant sa bague à mon doigt, mais je repris vite mes esprits. Oui, il était beau, oui, il me faisait du rentre-dedans assez assumé, mais j'étais marié et fidèle.

Lorsque je la glissai sur mon index, elle changea à nouveau de taille afin de lui convenir et je décidai de la conserver là. Je passai de longues minutes à observer les reflets et volutes d'une magie qui virevoltaient dans les joyaux.

En me levant le lendemain, mon humeur était meilleure que ces derniers temps. Je saluai Lya, installée dans le salon, et saisis un fruit juteux en guise de petit déjeuner. Je m'assis ensuite à côté de ma femme, soucieux.

— Tu es rentré tard hier soir, me dit-elle avec douceur. Tu as passé une bonne journée ?

— Oui, c'était très agréable. Lya, nous devons parler.

Elle déposa le bijou qu'elle confectionnait et se tourna vers moi, l'air sérieux.

— Je t'écoute.

Je lui saisis la main, souhaitant l'apaiser avant la discussion que nous aurions dans quelques instants. En vérité, j'avais peur. J'étais terrifié par la décision que nous allions devoir prendre.

— Tout va bien, Syriel, tu peux te confier sans crainte, me rassura-t-elle en resserrant ses doigts autour des miens.

Je soupirai, accablé par la situation.

— Nous sommes mariés depuis plus de deux ans. Ils vont commencer à se poser des questions sur notre absence d'enfants. Je sais que les tests de fertilités poussés et les centres ne sont demandés qu'au bout de trois ans, mais l'échéance approche et... s'ils fouillent... ils découvriront que nous n'avons jamais consommé notre union.

Sa mine s'assombrit.

— J'y pense aussi. Notre difficulté est... enfin...

— C'est moi qui suis responsable de la situation, la coupai-je à moitié. Je t'avoue ne jamais avoir entendu une histoire semblable à la nôtre dans l'oasis. Je ne connais donc pas les possibilités pour nous dépêtrer de ce mariage, mais... Il y a une autre solution...

Mirage [MxM] [Terminé]Where stories live. Discover now