10.2 - Le campement

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 Nos pas résonnaient contre les parois de pierres où se dessinaient des fresques de notre monde. Je vis des représentations des diverses régions de notre planète, d'autres contant des batailles historiques et meurtrières, puis, assez vite, j'aperçus le ciel étoilé du désert.

Lorsque nous dépassâmes le mur, un vent fort souleva mes vêtements et Zora s'amusa de mes tentatives vaines de les retenir.

— Aah, qu'elle est paisible la vie dans l'oasis, n'est-ce pas ? ironisa-t-il.

Je hochai la tête tout en le suivant. Autour de nous, une véritable seconde ville s'était créée. Il y avait des centaines de roulottes, des dizaines de feux de camp et l'air portait avec lui de délicieuses odeurs. Nous passâmes près d'un regroupement de danseurs. Une femme chantait et quelques autres se mouvaient gracieusement au son des tambours qui les accompagnaient. Plus loin, une bande de démons riaient, chacun une grosse choppe à la main. Ils se tapaient de grands coups amicaux dans le dos qui les faisaient basculer un peu puis s'esclaffer de plus belle.

À mes côtés, Shenzi était surexcitée. Elle sautillait, puis bondissait.

— Tu peux, lui accordai-je. Va t'amuser, mais ne t'éloigne pas et fais attention aux gens.

Elle jappa plusieurs fois, puis se transforma, attirant les regards. Elle s'étira, puis déguerpit, passant entre les clans en leur jetant des tonnes de grains. Je plaquai ma paume contre mon visage, dévasté, tandis que Zora riait à gorge déployée.

— Arrête de te moquer ! Aide-moi à la rattraper !

Je m'élançai derrière le grand félin, hurlant son nom sous les mines diverties de chaque campement que nous dépassâmes. Bien entendu, elle ne m'écouta pas le moins du monde et bientôt, je fus à bout de forces ; courir dans le sable se révélait bien plus dur que je le pensais ! Plus loin, Shenzi sautait à pattes jointes sur une petite dune qui perdait de la hauteur chaque fois qu'elle retombait dessus.

Une fois la furie calmée, nous marchâmes de longues minutes avant de nous approcher un campement qui me parut immense. Il y avait au moins une vingtaine de caravanes en bois ainsi que des remorques. Disposées en un demi-cercle abstrait, l'espace laissé vacant au milieu recevait ce soir un grand nombre de personnes. Un feu de joie y brûlait et j'entendais avec clarté les créatures déjà présentes s'amuser et rire.

Zora saisit ma main avec douceur et je lui lançai un regard incertain alors que Shenzi revenait vers moi en reprenant sa forme de poche.

— Ici, on ne risque rien, me rassura-t-il. Nous ne sommes plus dans ta prison, mon Prince.

Je me détendis un brin à ses mots, resserrant mes doigts autour des siens. Nous avançâmes droit vers l'attroupement principal où se trouvait Vali qui s'activait sous une large tenture qui contenait une immense table remplie de mets fumants.

Autour de nous, je vis des créatures de tout horizon, il y avait tant de teintes, de textures de peaux que je ne savais plus où poser mon regard. Dans un groupe, j'aperçus même une femme avec des zébrures phosphorescentes sur le corps.

Nous fendîmes la petite foule afin de nous approcher du cœur de cette place improvisée où un feu brûlait tout en cuisant une pièce de viande impressionnante. Juste derrière, un vaste salon avait été établi. Protégé par la plus immense tenture que je n'avais jamais observée, il se composait d'une zone principale emplie de coussins colorés installés sur de spacieux tapis, ainsi que d'une table centrale, ronde où certains mangeaient déjà. Des dizaines de lampions avaient été suspendus aux poteaux et poutres qui constituaient la base de cette tente, apportant une douce lumière orangée. Autour, des aires de repas plus petites, plus intimistes, le jouxtaient.

Mirage [MxM] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant