14 - La réappropriation

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 Je n'eus pas le temps de m'épancher sur mon malheur que la porte s'ouvrit de nouveau. Un démon habillé d'une combinaison rouge qui lui enveloppait le corps, couvrant même jusqu'à la moitié de son visage, me toisa puis ricana, mauvais.

— Eh ben, pour une fois qu'on en a un qui a pas la gueule en vrac... Viens là, mon mignon, on va te décrasser.

Je me redressai, obéissant, et sortis de la cellule, les bras croisés sur mon buste nu. Nous traversâmes derechef le couloir puis montâmes d'un étage tandis que j'observai mon accompagnateur. Lui aussi faisait partie de la race de Tekka et Derken, mais ses yeux étaient d'un jaune assez déstabilisant. Je baissai d'ailleurs vite les miens quand ils croisèrent son regard. Il rit de nouveau.

— Pourquoi t'es là ?

Je ne dis rien, ne voulant pas m'attirer plus d'ennuis. Mais il saisit mes cheveux et tira ma tête en arrière, stoppant mon avancée. Il se pencha vers moi avec une aura menaçante qui me statufia.

— Réponds quand on te parle, 27.

— On m'a dénoncé pour homosexualité, avouai-je d'une traite sans savoir si mon explication serait bien prise ou pas.

Cette fois, il rit à gorge déployée puis me poussa à progresser en me donnant un coup vigoureux sur le crâne. Je tressaillis, la mâchoire serrée, mais ne répliquai pas. Je me contentai d'avancer, en bon chien suivant les ordres de son maître maltraitant. Nous continuâmes notre chemin en silence, jusqu'à ce qu'il se stoppe devant une porte. Je levai les yeux vers la goutte gravée dans le mur et soupirai intérieurement ; les sévices allaient commencer.

Il me fit entrer dans une pièce rectangulaire comprenant du carrelage anciennement blanc où il me demanda de me déshabiller. Je pensai, sans la moindre once d'humour, qu'en moins de vingt-quatre heures, je m'étais retrouvé nu devant trois démons...

Une nouvelle fois, j'obéis et me défis de mon unique pantalon beige. Il était affreux, trop court et ses extrémités, abîmées, me prouvaient que je n'étais pas son premier propriétaire. En l'examinant de plus près, je vis le numéro « 27 » écrit en noir sur l'avant et l'arrière du vêtement.

— Au fond de la pièce, 27. Jambes collées, bras écartés.

Je dissimulai mon intimité en rejoignant ma place. Je me positionnai dos au mur, comme il me l'avait demandé et il appuya sur un bouton usé. Il y eut des grincements, puis une grande rasade d'eau glacée me tomba dessus. Surpris, je fermai les yeux et interrompis ma respiration une seconde, le temps que le plus gros du liquide quitte mon visage.

— Allez, 27, grouille-toi, on n'a pas beaucoup de temps.

Lorsque je rouvris les paupières, je le vis en possession d'un large tuyau rouge pointé dans ma direction. Je pinçai les lèvres, peu confiant sur le déroulement des évènements et avant que je puisse même penser à ce qui allait suivre, il ouvrit l'arrivée d'eau.

La puissance du liquide fut telle qu'elle me propulsa contre la paroi derrière moi, égratignant la peau de mon dos. Je me frappai une nouvelle fois la tête et dérapai sur le carrelage. Je terminai au sol, humilié et tremblant de froid, tandis que le démon riait en continuant de m'arroser généreusement.

— Retourne-toi, ça n'a pas de sens si on fait que l'avant. Les mains contre le mur.

Je me redressai pitoyablement, remarquant des éraflures sur mes jambes, et me positionnai. Je savais que me trouver ici ne serait pas une partie de plaisir, mais je ne m'attendais pas à ce que tout aille de mal en pis aussi vite. Je me sentais honteux, sale et en danger. Je regrettais le campement du clan de Zora, leurs sourires et leur bienveillance à mon égard. Les démons avec qui je cohabitais en cet instant ne m'inspiraient aucune confiance, pire, ils me terrifiaient, car, de mon point de vue, ils étaient imprévisibles.

Mirage [MxM] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant