21 - La décision

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 — Il ne désire pas m'en parler et je n'ai pas le pouvoir de l'y obliger.

— Tu veux, tu peux, clama Kyro. Mâles simples et stupides. Hu hu. Tenue de Kyro plaire à Bhalzora ?

— Oui, avouai-je, un peu gêné.

Elle rit de manière machiavélique en frottant ses paumes l'une contre l'autre.

— Ah ! Mâles réfléchir avec ça ! argumenta-t-elle en pointant son entrejambe. Kyro sait !

Son air satisfait nous amusa. Je ne savais pas la démone si malicieuse. Avec sa sœur, elles étaient des opposés parfaits et je me demandais pourquoi Kyro avait tant de problèmes pour parler.

— Tu penses ça de moi aussi, Kyro ?

Ma question lui fit perdre contenance un instant, puis elle balaya ma remarque de la main.

— Syriel, mâle intelligent ! Très rare, très rare !

— C'est gentil, ris-je, touché par tant de sollicitude.

Finalement, discuter avec elles avait mis du baume au cœur. J'appréciais énormément Kyro et Orika, chaque fois que je les croisais, je retrouvais le sourire.

— Les filles, il faut que j'y aille. On se voit plus tard ?

Elles acquiescèrent et elles repartirent vers les caravanes en reprenant une conversation pleine d'hilarité. De mon côté, j'inspirai un grand coup et dépassai enfin l'angle de l'habitation sur roues.

Le temps que j'approche, Shenzi avait levé la tête, révélant ma présence aux deux autres qui me scrutèrent aussi. J'eus la dérangeante impression de les interrompre. Lya s'écarta de Zora d'un mouvement si brusque que même le démon sursauta.

Entre nous, la large table était couverte de mets fumants, de bouteilles d'alcool à moitié vides et quelques personnes y dévoraient un repas mérité. Un bras à la peau piquante griffa mes épaules en s'y plaçant et je grimaçai en reconnaissant Arath.

— Alors, le petit humain est enfin sorti de... attends, t'es brûlant. Tu as de la fièvre ?

Alors que j'allais me plaindre de sa promiscuité, Arath me tourna face à lui. Ses grands yeux vides se plissèrent dans une expression terrifiante et sa main s'écrasa sur mon visage.

D'abord surpris, je le repoussai à la hâte et sans douceur.

— Je peux savoir ce qui te prend ?! Quelle brute tu es, vraiment ! explosai-je en pressant mes doigts sur mon nez qu'il avait épaté avec sa paume.

— Tu exagères, râla-t-il. Je ne faisais que prendre ta température !

— En m'aplatissant le visage ?

Il haussa les épaules, l'air désintéressé.

— Chacun sa façon de faire. En tout cas, si tu es malade, tu vas en quarantaine. Il n'est pas question que tu contamines tout le clan.

J'ouvris la bouche sans réussir à formuler un seul mot. Il se moquait de moi, n'est-ce pas ? Ils allaient m'enfermer si j'étais souffrant ?

— Arath arrête, tu lui fais peur, gronda Zora. Viens, mon Prince.

Il tendit la main et je reculai dans sa direction avant de tourner le dos au cauchemar sur pattes. Je pris place entre mes époux et Shenzi se retrouva sur mes genoux. Je me penchai vers Lya qui me scrutait, elle aussi. Ses sourcils s'affaissèrent d'une tristesse palpable et elle posa ses doigts sur ma joue.

— Tu es pâle comme un mort. Comment tu te sens ? C'est vrai que tu es chaud...

Alors qu'elle s'inquiétait pour moi, je ne pouvais focaliser mon esprit sur autre chose que ma discussion avec Garoth. Que faire ? L'abandonner ? Partir avec elle ? M'en aller tout seul pour ne pas avoir à faire de choix ? Ou même, la laisser avec le clan, afin qu'elle soi en sécurité ?

Mirage [MxM] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant