12.1 - Lune de miel

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 Dans le silence du désert, à peine perturbé par une brise fraîche, je frappai quelques coups à la porte de la caravane. Elle s'ouvrit sur Zora qui laissa échapper une exclamation de surprise teintée d'amusement.

— Eh bien, quel accoutrement !

Il se décala pour que j'entre. Je gravis les quelques marches et pénétrai chez lui, dans son cocon. Je n'avais jamais réfléchi à l'apparence qu'aurait sa maison, quelle qu'elle soit, mais maintenant que j'y posais un pied, je me fis la remarque que j'aurais été incapable de l'imaginer d'une autre façon.

L'endroit était plutôt sombre, à peine éclairé par quelques orbes orangés qui voletaient contre le toit arrondi, rebondissant dessus lorsqu'elles le percutaient. Comme j'étais entré par le côté de la roulotte, l'espace s'en trouvait scindé en deux. À ma gauche se tenait un mur en bois, creusé d'une arche en arc brisé travaillée directement dans les planches qui constituaient la paroi. L'entrée de cette pièce était dissimulée par un rideau foncé qui m'empêchait de voir l'intérieur.

Sur ma droite par contre, un grand salon vide s'étendait. Toutes les assises reposaient sur des coffres de rangements, ce qui permettait d'obtenir un espace bien moins encombré que chez Vali. Quelques coussins habillaient l'ensemble, mais ils semblaient présents seulement pour moi, pour donner un peu de vie à ce lieu qui me parut d'une tristesse sans nom.

Tout était décoré de couleurs sobres, de matières agréables et même les matériaux de construction et les divers tissus étaient de bonnes factures. L'endroit était impersonnel, mais ça correspondait à ce que je connaissais du démon ; il ne parlait presque jamais de lui. Pourquoi en serait-il autrement chez lui ?

Il m'invita à prendre place sur un large canapé dont les assises moelleuses s'enfoncèrent sous mon poids et me servit un verre qu'il posa sur une table basse devant nous.

— Où est Shenzi ?

— Elle est restée avec Kyro. J'irai la récupérer demain matin, quand...

Je ne pus achever ma phrase et il soupira pour moi. Il s'assit à côté de moi et me sourit. Je savais qu'il cherchait à me faire oublier, mais comment pouvais-je extirper de mon esprit le fait que d'ici quelques heures, tout serait terminé ?

— La nuit n'est pas finie, mon Prince. Nous avons encore du temps, me rappela-t-il en embrassant ma tempe.

Je hochai la tête, pas convaincu mais résigné, puis je me forçai à lui sourire à mon tour. Ce faisant, je me souvins du voile qui cachait la moitié de mon visage. J'esquissai un mouvement pour le défaire, mais Zora saisit mon poignet.

— Est-ce que..., hésita-t-il. Est-ce que je peux le faire ? D'ailleurs, je suis désolé, je ne suis pas aussi bien apprêté que toi.

Je ris, amusé par le désespoir que je discernais dans son regard.

— Qui te dit que je suis « bien apprêté » ? Si ça se trouve, j'ai juste remis mes vêtements habituels.

— Et tu t'encombrerais d'une cape avec la chaleur ambiante ? Bien sûr, c'est tout à fait plausible, plaisanta-t-il avant de recouvrer une expression plus sérieuse. Tu sais, je crois que c'est la chose la plus romantique qu'on ait faite pour moi. Et je suis fier de pouvoir partager ça avec mon mari.

Il se ponctua sa phrase par un baiser délicat qu'il déposa sur mes lèvres. Le voile nous séparait, et quand il s'écarta, je remarquai du rouge sur sa bouche. Je tendis la main, le cœur battant à tout rompre à cause du fait qu'il m'avait appelé son « mari », et essuyai la couleur avec mon pouce.

Elle s'étala plus qu'elle ne s'effaça et il grimaça légèrement puis m'enlaça avec force. À cause de mon mouvement brusque, ma capuche chuta, révélant le diadème et la pierre sur mon front. Il les fixa un instant avant de planter son regard dans le mien. Il retira le voile avec douceur, caressant ma joue au passage, puis sourit en me dardant d'un air tendre en même temps que le tissu retombait au sol.

Mirage [MxM] [Terminé]Where stories live. Discover now