8 - La légende de Flicka

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 Lorsque je me levai pour aller au travail, le lendemain, j'accusai le coup. J'étais épuisé. En plus, mon tatouage me causait une douleur terrible qui m'avait empêchée de dormir. Ce n'était pas seulement la nouvelle zone qui se montrait un peu sensible, mais l'entièreté de la marque qui me brûlait.

Ça ne me plaisait pas du tout, car je n'avais jamais connu ce genre de réaction. Lors de leurs premières apparitions, elles chauffaient, diffusant une chaleur agréable qui faisait frissonner, tout au plus. Mais cette fois, j'avais mal, à tel point que de la sueur perlait de temps à autre sur mon front.

Heureusement, Shenzi ne semblait pas affectée par ça. Étant liée à la déesse, j'avais eu peur la nuit dernière, mais elle se portait comme un charme, égale à elle-même.

Rien ne s'arrangea à la pépinière quand Tekka me questionna sur le « truc bizarre » qui se déroulait sur mon visage.

— C'est rien, j'ai un peu mal au ventre. Ça va passer.

Déjà qu'arriver ici avait été un exploit, je ne souhaitais pas non plus me bagarrer avec lui maintenant. L'accumulation se révélait mauvaise dans cette situation.

— Tu aurais dû rester chez toi. Vous êtes faibles, la maladie peut vous tuer.

Je me retins de répliquer avec véhémence. La douleur me rendait méchant. De plus, je savais qu'il ne pensait pas à mal en me décrivant comme « faible ». C'était exact que les créatures demeuraient plus résistantes que les humains, mais il y avait des façons plus agréables de transmettre ce qui se voulait être un conseil avisé...

— Tout va bien, Tekka, tu t'inquiètes toujours trop.

— C'est mon rôle, répliqua-t-il du tac au tac.

Je stoppai la conversation ici, j'en avais assez. Aujourd'hui, je n'avais pas envie de supporter les « gentilles » remarques du démon qui me servait de patron. J'avais mal et la chaleur n'aidait en rien.

En fin de matinée, la douleur se calma enfin. Le pic était survenu une heure plus tôt, en plein soleil de midi, le pire. Donc, pour la première fois, j'avais pris une pause de mon propre chef. Évidemment, mon action avait engendré un chaos complet dans la serre. Toutes les créatures qui œuvraient ici avaient alors paniqué, inquiets qu'il m'arrive quelque chose. Ils m'avaient gavé de fruits jusqu'à ce que mon ventre menace d'exploser et n'avaient accepté que je me remette au travail qu'à condition de tout pratiquer à l'ombre.

Pendant ma douche, je soufflai, excédé par ce procédé. Au moins, et même s'il semblait me vouer un culte assez bizarre, Zora ne me considérait pas comme une petite chose fragile. Il me dorlotait, oui, mais il me bousculait aussi parfois. Il me traitait en égal, avec respect.

Alors que je m'apprêtai à sortir de la pépinière, Tekka me rappela.

— Tu rentres chez toi et tu te reposes, m'ordonna-t-il. Sinon, tu es privé de travail demain !

J'ouvris la bouche, choqué, mais ne répondis rien. Est-ce qu'il pensait que cet emploi ne représentait qu'un simple passe-temps agréable pour moi ? Nous en étions encore là ? À m'en déposséder si je n'obéissais pas ? Je ne voulais pas risquer de m'énerver définitivement, parce qu'agir de la sorte lui aurait apporté des problèmes. Alors, je décidai de couper court.

— À demain, chef.

Sans plus de cérémonie, je me détournai et partis avec Shenzi. En me dirigeant vers la maison, mais pas pour y rester. J'enrageai. Ces derniers temps, rien n'allait. Entre ce maudit tatouage, cet enfant en prévision et mon besoin de fuir qui finirait par me tuer, ma vie était triste à pleurer. Ayant promis à Lya de l'aider à cuisiner, je m'attelai à la tâche dès que je posai un pied dans la cuisine. Nous y passâmes d'ailleurs une belle heure durant laquelle je parlais peu, au grand dam de mon épouse dévouée. Une fois le plat rangé, je filai.

Mirage [MxM] [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant