Chapitre 19

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Aziz mâchouillait des gâteaux aux amandes dans son petit bureau quand la cloche sonna. Il fourreau discrètement les pâtisseries dans son imperméable et se présenta comme travaillant sur un dossier.

Un petit homme bossu passa à travers l'entrée. Sa tête allongé lui donnait des airs de cafard.

— C'est vous le meilleur inspecteur du quartier de l'Ampoule ? demanda celui-ci en reniflant l'endroit.

— Bien sûr, mon frère !
En réalité, il était le seul inspecteur du quartier de l'Ampoule, mais Aziz n'avait pas précisé ce détail sur sa carte de visite.

— Alors pourquoi vous vivez dans ce taudis?

— Je préfère garder mon argent pour les mendiants, mentit Aziz. Ils ont en plus besoin. Et après tout, les biens de cette terre ne sont-ils pas que des emprunts ?

L'homme s'assit en face de l'inspecteur. Son chapeau arrivait à peine aux yeux de Aziz.

—Si vous résolvez cette affaire, vous pourrez peut-être jouir des biens en emprunt de cette terre... Vous suivez un peu la politique ?

-Vaguement.

Il dégaina une photo depuis son costume. On y voyait un homme à l'allure de bon vivant, souriant à l'objectif.

— Vous le connaissez ?

— Il me dit quelque chose...

— C'est le candidat à la mairie en tête des sondages : El Doukalli !

—Mais bien sur ! mentit Aziz. Je comptais justement voter pour lui.

Le petit homme sortit une seconde photo. Elle semblait prise à la va-vite dans l'un des nombreux marchés de la ville. Dessus, un homme aux cheveux gominé fronçait les sourcils sans regarder la caméra, en compagnie du candidat en djellaba.

-Et bien, ce candidat n'est pas tout blanc. Je veux que vous prouviez le lien entre ces deux personnes pour l'empêcher de corrompre un peu plus la ville aux prochaines éléction .

Aziz sourit. Voilà son affaire de reve, loin des histoires de quartie ! Le petit inspecteur indépendant qui défiait un gros politicien et qui, grace à son intégrité, parvenait à se hisser dans les plus grandes firmes de la ville. SPeut-être même ouvrirait-il son propre cabinet, celui dont il avait toujours rêvé : Aziz Enquête. Toutefois, quelques questions restaient en suspens.

-Pourquoi moi et pas la police ?

-La police est corrompu jusqu'à la moelle. Si je serais parti les voir aujourd'hui, El Doukkali les aurait fait tout oublier le lendemain avec une mallette de dix mille.

-Je vois...

-Je vous préviens, c'est risqué. Un journaliste que j'ai mis sur la piste est déjà mort. Mais si vous arrivez à monter un dossier solide... »

Il dégaina une enveloppe. Aziz la scruta avec envie.

-Il y a cinq milles dirham à l'intérieur. Quand vous aurez résolu l'affaire, vous en aurez dix milles de plus.

Aziz sourit. Le petit homme rond et lui se serrèrent les paumes. Le chapeauteux sortit du cabinet alors qu'Aziz relisait le dossier.

Le petit homme rond continua sa route en silence, il marcha longuement à travers le peuple puis arriva dans une rue labyrinthique et obscure. Alors, sa démarche ralentit. Sa peau brunit et de longues pattes remplacèrent ses mains, D'autres jaillirent des poches discrètement placées dans son costume. Sa taille diminuait de plus en vite. Lorsqu'il ressortit dans le marché, il dut éviter les enfants qui voulaient l'écraser. 

El MehdoumaWhere stories live. Discover now