Chapitre 20

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-Tu sais si ça va marcher ? demandait Bilal, sceptique.

Mehdi secoua la tête. « Ce que je sais, en revanche, c'est qu'on n'a pas d'autre piste pour le moment. »

Zakaria retenait son sourire. « Donc, tu es en train de nous dire qu'on devrait passer toute la journée à enquêter sur ton oncle, car il serait possédé par un jnoun ? D'où tu sors ça ?

-Je peux pas vous le dire. Ce serait trop risqué, mais je vous demande de me faire confiance. Sur notre amité.

— Jure sur Dieu ? lanca Jamal.

— Surtout pas ! grogna Zakaria.

-Moi, je dis que ça vaut la peine d'essayer. mamonna Bilal. On a pas d'autre piste pour mon cousin.

-Ouais, ça sera marrant, lâcha Jamal.

Le plan de Mehdi était simple : les amis suivrait en vélo et en filature la voiture de son oncle toute la journée. Ce ne serait pas facile, mais si un jnoun se promenait réellement dans le corps de son oncle, il devait essayer. Les amis se réunirent à la gare de la ville, point de rencontre de tous les taxis. Des chauffeurs au véhicule large leur demandèrent s'il voulait aller à Rabat ou à Casablanca, mais les enfants déclinèrent à chaque fois.

En voyant tous ses chauffeurs de taxi se démener pour embarquer de grosses valises qui courbait leur dos, Mehdi lança inopinément :

-Dites, vous ferez quoi quand vous serez grand ?

Zakaria, avec un fier sourire, lança : « Je serais un grand imam ! Comme grand-père. »

-Moi, je sais pas, lâcha Bilal, je crois que je reprendrais la ferme familiale.

Les compagnons attendirent dans le silence des négociation de chauffeur.

-Et toi Jamal ? relança Mehdi

Jamal fixa le ciel . « Je serais le plus gros bandit de la ville... Et je serais hyper riche ! »

Zakaria donna un coup derrière la tète de son compagnon. « Arrête de dire des bêtises. Tu sais mieux que personne ou ça mène... »

-Moi, je serais plus malin !. De toute façon, ma décision est déjà prise : profitez bien de cet journée, c'est peut-être la dernière fois que j'aurais le temps pour vous voir.

Les amis éclatèrent de rire. Aucun d'entre eux ne prenait ces paroles au sérieux. Avant que Jamal ne se fâche, un homme ventripotent et moustachu débarqua dans la gare. Il salua ses collègues puis embarqua dans un taxi beige poussière. Les amis, camouflés derrière une Renault, embarquèrent sur leur deux roues et galopèrent dans cette filature hasardeuse.

Il devait rouler assez vite pour suivre la voiture qui changeait régulièrement de direction et, en même temps, se faire discret. Ce n'était pas une tâche facile, mais leurs mollets noircis par le soleil avaient l'habitude des longues journées en vélo. Ils tendirent le rythme plusieurs heures, profitant des pauses ou le taxi embarquait et descendait ses clients pour reprendre leur souffle.

-Ça sert à rien ton truc, finit par Dire Zakaria alors que le soleil commençait à bailler. « Ton oncle n'est pas jnouné et même si il l'était, ce n'est pas ses trajets en taxi qui vont nous le prouver.

-Sa journée vient à peine de commencer ! Ça dure parfois jusqu'à une heure du matin. Faut vraiment pas arrêter maintenant.

Les compagnons reprirent donc leur course à travers les longues allées.

Zakaria abondonna en premier, trop fatigué pour la cou5se. Ils promirent de le revoir demain matin au terrain de foot.

Jamal le suivit après quelques kilomètres, essoufflé, mais heureux de cette petite aventure.

Bilal aurait abandonné si sa colère contre le destin de son cousin ne poussait pas ses jambes déjà mortes.

Heureusement, un arrêt soudain lui donna la force de continuer .Le véhicule s'était arrêté, et avait embarqué un homme au sourire étrange. Ils leur disaient vaguement quelque chose et Bilal prétendit que l'homme était passé à la télévision. Mehdi, lui, se souviendra l'avoir vu dans une affiche du centre-ville.

Avec cet homme souriant, le taxi partit dans une allée encore plus sombre, le grener pleine de démon. Les marmots s'y embarquèrent à leur tour mais très vite, le taxi sortit de leurs champs ; seul son écho dans cette grand zone resta.

Lorsqu'ils racontèrent l'anecdote à leur ami le lendemain, Jamal sourit. Que cet histoire soit vrai ou fausse, il s'en foutait, cela lui laisserait un bon souvenir de cette époque qu'il savait proche de la fin.

Quant à Zakaria, il se frotta le menton comme son grand-père le faisait avec sa barbe, puis chuchota à ses amis :

-Si ton oncle est réellement possédé par un jnoun... Comment on va faire ?

Mehdi sortit une petite carte de visite qu'il avait gardée du mariage. « J'ai une idée... 

El MehdoumaWhere stories live. Discover now