chapitre 4

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Je vois plusieurs regards se tourner vers moi à travers les fenêtres des portes. Il n'y a que des hommes, je ne vois aucune femme.

- Tu veux me faire une pipe beauté ? lance un type en collant sa langue contre la fenêtre.

Je recule en fronçant les sourcils. C'est quoi sa maladie à lui, c'est un pervers ?

J'avance lentement et aperçois enfin une femme. Elle a le crâne rasé et des yeux tellement clairs qu'ils pourraient presque illuminer sa chambre. Elle me dévisage en silence.

Un type de l'autre côté se met à aboyer et plusieurs autres le rejoignent. Je ne suis plus si sûre de vouloir avancer dans ce couloir, en fin de compte...

Je me retourne donc pour rebrousser chemin, et mon cœur frôle l'arrêt cardiaque quand je manque de rentrer dans quelqu'un.

Je lève alors la tête et aperçois un homme au sourire effrayant. Ses cheveux et ses yeux noirs n'aident pas à lui donner un côté plus aimable. Il semble un peu plus âgé que moi, et ne bronche pas. Alors, je recule de quelques pas.

- Pour qu'une telle créature de rêve se retrouve ici, elle n'a pu que se perdre, dit-il alors d'une voix grave.

- Je... qu'est-ce... pourquoi tu es en dehors de ta chambre ?

Un air moqueur prend place sur ton visage.

- Tu n'es pas infirmière à ce que je sache. Je n'ai aucun compte à te rendre. Mais de ce que je pense comprendre, sache que tu n'es pas la seule à savoir voler des badges...

Je fronce les sourcils tandis que je l'observe un peu mieux. En fait, il n'a qu'un seul œil noir. L'autre est tout blanc, il a dû perdre la vue de cet œil. Il a des cicatrices autour du cou, comme s'il avait eu la peau brulé ou arrachée.

- Si tu es trop effrayée tu peux partir maintenant, dit-il alors.

Je reprends contenance et m'approche de lui.

- De un, non je ne me suis pas perdue. De deux, je suis loin d'être effrayée par toi.

- C'est vrai, tu ne sembles pas si faible que ça. Tu as réussi à battre des médicaments.

J'entrouvre la bouche. Comment est-ce qu'il sait que j'ai tenté de mettre fin à mes jours en me gavant de médocs ??

- Peu importe, je lance.

Un bruit retentit au bout du couloir, et je tourne automatiquement la tête dans cette direction.

- Il y a quelqu'un ? lance alors la voix d'une infirmière, sans doute.

Je me retourne vers l'inconnu à l'œil sombre, sauf qu'il n'est plus là. Il a disparu, il s'est volatilisé. Je fronce les sourcils mais ne perds pas une seconde et me dépêche de partir d'ici. je n'imagine pas pendant combien de temps on m'enfermerait si on découvrait que j'ai volé un badge pour pouvoir me promener dans les couloirs tel un fantôme la nuit.

Je descends donc les escaliers, passe le badge sur la sortie de la porte et fais bien attention à ne croiser personne dans les couloirs.

Une fois de retour devant ma chambre, j'y entre et me remets sous les draps comme si de rien n'était. Heureusement, personne ne m'a vu et personne ne vient donc m'embêter.

Je me contente donc de fermer les yeux et de tenter de m'endormir, sauf que je n'y arrive pas. Qui était cet homme ? Pourquoi était-il au troisième étage ? Est-ce qu'il fait partie de ces gens qualifiés de « déments » ? Il m'aurait fait du mal si cette infirmière n'était pas arrivée ?

Mes yeux s'ouvrent par eux-mêmes et je commence à fixer le plafond dans le noir. Je déteste cet endroit. Je veux partir, et je ne parviendrai sûrement pas à m'enfuir comme je le souhaitais au départ. Alors, je vais devoir me montrer exemplaire pour espérer revoir l'extérieur un jour et décider de mon propre sort...

Third FloorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant