chapitre 16

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Olivia

- Pourquoi tu es enfermé ici ? je lui demande.

Il semble intéressé par ma question.

- À ton avis, pourquoi ?

- Répondre à une question par une autre question, un grand classique. Mais tu ne m'auras pas.

Il incline à nouveau la tête sur le côté en souriant.

- Je ne te dirai pas pourquoi je suis enfermé ici. Pas pour le moment.

Je croise mes bras sur ma poitrine.

- Toi tu sais sûrement pourquoi je suis ici. J'ai le droit de savoir.

Il secoue la tête en s'approchant lentement de moi.

- Si je te disais pourquoi je suis enfermé ici...

Il s'arrête à quelques marches de moi et me regarde pendant plusieurs secondes avant de finir sa phrase.

- Tu ne voudrais plus m'adresser la parole.

Je fronce encore les sourcils.

- Dire ça, ça me fait sûrement plus peur que la raison pour laquelle tu es ici.

Il hausse les épaules.

- Tu me laisses me rapprocher de toi ? demande-t-il alors.

Je ne sais pas quoi répondre. J'apprécie le fait qu'il me demande la permission, mais j'ai quand même peur de lui.

Il semble attendre ma réponse avec la plus grande impatience. Alors, contre toute attente y compris la mienne, je hoche la tête. Il descend donc de quelques marches et désormais, il n'y en a plus qu'une qui nous sépare.

- Tu sais que n'importe quelle infirmière pourrait débarquer ? je lance alors.

Il hoche la tête.

- Et tu sais que toi comme moi, nous aurions des problèmes ?

Il hoche à nouveau la tête.

Pendant la quinzaine de secondes qui suit, nous ne faisons que nous dévisager mutuellement.

Je suis la première à baisser le regard, et croise mes bras sur ma poitrine.

- Je vais... je vais retourner dans ma chambre.

Il ne dit rien. Alors, je commence à redescendre mais juste avant que je ne disparaisse de son champ de vision, il ouvre la bouche.

- J'espère que tu feras de beaux rêves.

- Si tu es dedans, ça sera surtout un cauchemar.

Il sourit.

- Je suppose, oui.

Et il sourit de plus belle.

- T'es vraiment dérangé, je lance en apercevant à quel point l'idée que je fasse un cauchemar le réjouisse.

- T'as même pas idée à quel point.

Je fronce les sourcils, mais il fait déjà demi-tour, et referme la porte du troisième étage derrière lui.

Alors, confuse comme toujours après lui avoir rendu visite, je redescends dans ma chambre.

Je ne sais même pas pourquoi j'ai eu envie d'aller le voir. J'étais simplement réveillée, et je me suis dis que ça m'occuperait. J'ai réalisé qu'il était celui qui empêchait mes journées de toutes se ressembler. Ses visites nocturnes sont ce qui motive mes journées. Est-ce bizarre ? Oh oui, ça l'est.

Une fois allongée dans mon lit, mes yeux ouverts fixent le plafond. Je n'aime pas la nuit, c'est là que mes pensées les plus sombres reviennent. J'ai l'impression d'être étouffée et prise au piège par la noirceur et le silence qui m'entourent. C'est idiot, mais c'est ce que je ressens.

Je me souviens qu'une fois, j'avais tenté d'en parler à ma mère et qu'elle m'avait rie au nez en disant que je n'étais pas la première personne à avoir peur du noir. Elle n'a pas compris et elle ne comprendra jamais. Sa vie lui a toujours souri avant de rencontrer mon père : elle a grandi dans une famille bourgeoise, elle était cheerleader de haut niveau et appréciée de tout le monde, et invitée à plusieurs événements. Je l'ai toujours entendu parlé de sa vingtaine comme la plus belle période de sa vie. Avant de m'avoir, en fait. Sympa, maman.

Réfléchir à tout ça me fatigue plus que je ne le pensais, et je finis vite par rejoindre les bras de Morphée...

Third FloorOnde histórias criam vida. Descubra agora