chapitre 6

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Olivia

Le lendemain matin, je me réveille avec une drôle d'impression. Je pense toujours à ce drôle de type que j'ai rencontré un peu plus tôt et ça me perturbe. Il était plutôt attirant mais... il paraissait surtout très effrayant.

- Comment ça va aujourd'hui ? demande la gentille infirmière qui m'apporte mes repas.

D'ailleurs, j'ai lu sur son badge qu'elle s'appelle Sylvia.

- Plutôt bien...

Je vais éviter de recommencer avec les blagues du genre « Mal puisque mon cœur bat encore ». Une fois c'est marrant, deux ça commence à faire beaucoup. Et puis je n'ai pas envie que l'on me gave d'anti-dépresseurs. Quoique... ça me paraîtrait plutôt étonnant qu'ils me bourrent de n'importe quel médicament que ça soit.

- Aujourd'hui il y a la projection d'un film à la cafétéria, cela t'intéresserait ?

Je hoche la tête.

- Par ailleurs, dit-elle, l'hôpital va t'accorder un peu plus de liberté. En journée, ta porte sera déverrouillée.

Un petit sourire s'installe sur mon visage. Enfin, ça fera moins prison.

- Quel film est-ce qu'ils passent ? je demande alors, curieuse.

- « Grease », il me semble.

Mes yeux s'arrondissent. J'adore ce film. C'est même mon préféré.

- Et... est-ce que les patients du troisième étage viendront le voir aussi ?

Elle se tourne vers moi en fronçant les sourcils.

- Oui, ils seront dans le fond de la salle. Pourquoi me demandes-tu cela ?

J'arbore un sourire parfaitement calculé sur mon visage.

- Comme ça, je m'interrogeais.

- D'accord...

Je lui souris et elle me sourit en retour. Puis, juste avant de quitter ma chambre sans la verrouiller, elle ajoute quelque chose.

- Ne fais ou ne dis pas quelque chose qui pourrait leur donner envie de te laisser enfermée.

Je n'ai pas le temps de réagir qu'elle est déjà partie.

Mais je ne m'en formalise pas beaucoup : je peux sortir librement maintenant. Il faudrait que je vois s'il n'y a pas des endroits non surveillés qui me permettraient de m'enfuir de cet endroit. Les beaux yeux noirs du patient du troisième étage ne sont pas une motivation suffisante pour rester ici.

Je me rends donc dans le jardin, et me rapproche des hautes haies qui me séparent sans doute de l'extérieur. J'inspecte les endroits les moins feuillus, et suis tellement prise dans ma contemplation que je sursaute lorsqu'une voix retentit près de moi.

- Il n'y a aucune échappatoire.

Je me tourne alors vers cette drôle de voix et rencontre les yeux gris d'un garçon qui semble avoir mon âge. Je porte une main à ma bouche en remarquant la cicatrice qu'il porte à son cou.

- Enchanté, je suis Alex, se présente-t-il en me tendant sa main.

Je la regarde une seconde.

- Désolée, je ne suis pas fan du contact physique. Je suis Olivia.

Il hoche la tête puis m'observe.

- Allez vas-y, pose-la ta question, dit-il.

- Quoi ? Quelle ques...

- Non, on ne m'a pas tranché la gorge et oui, c'était une tentative de suicide et c'est donc pour cela que ma voix est si faible. Mes cordes vocales sont endommagées à vie.

J'incline la tête sur le côté.

- Moi aussi je suis là pour ça, je lance alors, comme pour créer un certain lien qui n'existe même pas.

- Je m'en doutais, dit-il en passant une main dans ses cheveux blonds. Tu observes tout le monde avec crainte et tu as un teint plus blafard qu'un cadavre. Avant que tu ne le demandes oui, j'ai déjà vu un cadavre.

J'entrouvre la bouche, mais au lieu de dire quoique ce soit, me contente de sourire.

- Nous traverserons l'adversité ensemble, mon cher Alex.

Il sourit à son tour.

- Ouais, seulement je serai plus à l'aise si je ne sentais pas le regard assassin de ce type au troisième étage.

Au... troisième étage ?

Je lève le regard et c'est alors là que je l'aperçois, à travers la fenêtre à barreaux de sa chambre. Il nous regarde comme si la situation ne lui plaisait pas, comme s'il en voulait au monde entier. Et même de loin, je peux le reconnaître entre mille... c'est le type d'hier soir, le type du troisième étage...

Third Floorحيث تعيش القصص. اكتشف الآن