chapitre 5

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Stenson

Elle est si belle, si douce. Je suis persuadé qu'un rien pourrait la faire s'embraser. Littéralement.

Lorsque je l'ai vu tout à l'heure dans le couloir du troisième étage, j'ai tout de suite su qu'elle n'avait rien à faire
ici. Elle semblait curieuse et intéressée. Or, aucune personne n'ayant déjà vécu entre ces murs n'est curieux ou intéressé.

Je l'ai suivi jusqu'à sa chambre, et je la regarde désormais dormir. C'est risqué pour deux raisons : je peux me
faire prendre par une infirmière de nuit, et elle peut éventuellement se réveiller. Ce n'est pas grave, je n'ai rien à perdre.

Je la quitte des yeux une seconde et commence à marcher dans la petite pièce dénommée chambre qu'elle occupe. Il n'y a pas grand chose. Des barreaux aux fenêtres, comme partout, des toilettes, son lit, une table qui semble incassable... Je m'en approche et soudain, je trébuche et ma main cogne cette même table.

Un bruit assourdissant retentit et elle se redresse d'un coup. Entre temps, j'ai le temps de me cacher dans un coin de la pièce, là où elle ne peut pas me voir mais moi je le peux. Elle observe tout autour d'elle, ennuyée ou inquiète, peut-être même les deux. Un rictus prend place sur mon visage. Pas très étonnamment, cela me plaît. En même temps ça paraît logique lorsque l'on sait pour quelle raison j'ai été admis ici. Elle n'a pas besoin de le savoir.

J'aimerai bien parler avec elle, elle me plaît. Mais je ne peux sûrement pas la réveiller et lui dire bonjour. Elle risque de flipper en pensant que je suis un psychopathe venu pour la tuer ou la violer.

Lorsqu'elle se rendort enfin, j'en profite pour sortir de la pièce. Dans les couloirs à travers les fenêtres des portes, j'observe plusieurs personnes qui ne dorment pas. Elles m'observent tout autant. Sauf que moi je suis dehors et elles sont enfermées. Seule l'intelligente créature de rêve qui occupe désormais mes pensées a été assez maligne pour voler un badge. Les infirmières et infirmiers ne s'en préoccupent pas lorsqu'ils en perdent un, pensant à une erreur d'inattention. Eh bien ils devraient, pourtant. Tant mieux pour moi et ma nouvelle obsession.

J'ai envie qu'elle sache que je la remarque. Je veux lui faire peur s'il le faut. Comment attirer l'attention d'une femme autrement ? Je n'ai pas beaucoup d'expérience avec le sexe opposé, je suis enfermée là depuis que j'ai quinze ans, soit depuis sept ans et demi.

Bon ok, je me suis déjà envoyée des patientes et même quelques infirmières, mais ça ne compte pas, ce n'est pas comme si je connaissais leurs prénoms. C'est pour cela que je dois connaître le nom de cette femme aux cheveux aussi noirs que mes pires cauchemars et aux yeux aussi clairs que des flammes.

Je me demande pourquoi elle est là. Va-t-elle rester longtemps ? Je peux faire en sorte que cela soit le cas...

Je regagne discrètement ma chambre et constate que l'excitation du moment ne part toujours pas. J'ai adoré l'expression qu'il y avait sur son visage lorsqu'elle a regardé s'il n'y avait pas quelque chose d'anormal autour d'elle. J'ai besoin de soulager cette pression.

Alors, je me positionne au-dessus de mes toilettes et commence à faire glisser mon jogging. À l'aide d'une main, je m'appuie contre le mur et avec l'autre, je commence à caresser mon membre. Je ferme les yeux et revois l'expression effrayée et inquiète dans ses beaux yeux clairs. Est-ce qu'elle me prendrait pour un fou si elle savait que j'adorais ressentir la peur chez les autres ?
Oui sûrement, comme tout le monde ici.

Et au fond, ils n'ont peut-être pas si tort que ça...

Third FloorOù les histoires vivent. Découvrez maintenant