Les Terriens n'y verraient qu'un désert
Car il n'y a ni arbres, ni fleurs, ni rivières
Notre ciel toujours noir n'a jamais donné la moindre goutte de pluie
et toute l'eau de notre planète a disparu depuis longtemps
Les Terriens ne sauraient y vivre
Le jour y est si long
et brûlant comme la gueule de leurs volcans
Tandis que la nuit est plus froide encore que leur plus terribles hivers
Notre pays d'origine est sec,
et désolé depuis que nous l'avons quitté,
abandonnant aux étoiles nos palais de pierre blanche
Même si les Terriens étaient capables d'y vivre,
ils y mourraient de tristesse
Je les appelle Terriens, mon enfant,
mais en ce temps-là nous étions les Terriens
Car le sol sous nos pieds était la Terre
et nous les appelions les Cyans,
car leur Terre est si bleue
Aujourd'hui, ils nous appellent Sélénites
et dans notre propre langue nous nous appelons Mondalben
Mais, mon enfant, sache qu'alors nous ne parlions pas
Sans air pour porter le son de nos paroles,
nous laissions nos mains et nos yeux transmettre notre pensée,
et il nous était impossible de mentir
Mondalben fut le nom qu'un dieu nous donna
et ce fut lui qui nous apprit à parler
-Mondalben ! ? s'écria Clarensia. Mais oui : tu es un Feueralbe, et « Feuer »signifie « Feu », de même que « Mond »veut dire « Lune » !
-En quelle langue ? demanda Goupil, qui garda le doigt sur le vers auquel il venait de s'arrêter, désireux de ne pas perdre le fil d'un texte qu'il avait déjà du mal à déchiffrer, tant la calligraphie et le style lui en paraissaient étranges.
-La langue sacrée d'un peuple qui vit dans le nord.
-Ça ne serait pas aussi une autre langue enchantée, tant qu'à faire ?
Clarensia acquiesça d'un air coupable, comme si elle avait honte de l'aisance avec laquelle elle apprenait, autant que de son insatiable curiosité. L'intuition de Goupil avait fait mouche : Clarensia ne se bornerait sans doute pas à connaître deux des neuf langues enchantées. Son ambition était plus audacieuse encore.
Il s'étonna de voir qu'elle semblait sensible à ce qui était plus une question qu'un reproche, mais elle ne lui laissa pas le temps d'y réfléchir et le pressa de poursuivre sa lecture. Assise à côté de lui, sa tête appuyée sur son épaule, elle suivait son doigt des yeux comme si elle essayait d'apprivoiser les lettres alambiquées de la langue ténébreuse, en attendant de les maîtriser un jour.
Ce dieu était beau comme le jour
et c'est pour cela que les Terriens le nommèrent Delling
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Nos Enfers Multicolores
FantasyGoupil et Pieds-Bleus, au départ petites frappes d'une cité populeuse, dominée par une aristocratie dont le pouvoir se fonde sur la magie, se distinguent seulement par le fait que Goupil est doué d'un pouvoir magique lui permettant de manipuler le f...