SCUDERIA ADESSI - O POINTS

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Je pince les lèvres tout en tenant un jeans. Ma valise posée sur mon lit, je suis en grande discussion avec ma mère tandis que je me prépare au départ. Elle est sceptique depuis mon retour, mais je la comprends. J'ai mis un moment à lui expliquer tout ce qui s'était passé, je devais d'abord digérer ces infos. Moi-même, j'ai encore du mal à y croire. Mon père a pris une décision débile. Et en plus de ça, il ne me laisse pas vraiment le choix. L'accord était simple, j'héritais de l'écurie à hauteur de quatre-vingts pourcents et d'une grosse somme d'argent, seulement si j'acceptais cet héritage. J'ai soudain songé à tout ce que cet argent pouvait représenter pour mes proches. Maman a passé sa vie à avoir du mal à joindre les deux bouts. Et je sais moi aussi ce que signifie un frigo vide, mon deux pièces à peine meublé me le confirme. Toutefois, c'était les deux ou rien. Un choix cornélien, qui plus est, car hériter de l'écurie comprenait des mentions spécifiques.

Durant une année, je serai la principale décisionnaire. Je n'ai même aucune idée de comment fonctionnent tous les rouages d'une telle structure, mais mon paternel a pensé que j'en était capable pour une raison que j'ignore. La vérité, c'est que j'ai tellement été surprise de cette décision, que j'ai d'abord souhaité refuser. Mais... j'ai aussi songé à tout ce que cela pouvait représenter. Après tout, le contrat est plutôt simple. Ce n'est qu'une année, une saison complète où je suis supposé faire mes preuves et ensuite, la totalité de l'écurie m'appartiendra. Rien que le visage de la veuve et de son fils a suffit à me convaincre. J'ai donc accepté.

Je suis maintenant la patronne de la Scuderia Adessi. Et mon paternel a songé à tout, car le notaire a été très clair à ce sujet. Un conseil a été présidé peu avant son décès avec les donateurs fidèles de l'écurie et bien évidemment, la décision de mon père n'a pas été approuvée. Sauf qu'ils n'ont pas trop eu leur mot à dire, c'était lui le patron, mais il l'a joué fine. Riccardo est également décisionnaire, même si ce n'est pas avec le même appui. Je suppose que mon père voulait rassurer ses donateurs. Toutefois, il ne leur a pas laissé une grande option : moi ou rien. En soi, ça signifie que je dois amener la scuderia numéro un du championnat constructeur, et tout m'appartiendra.

— Ton avion est à quelle heure ? interroge ma mère.

Je relève le menton, encore dépassé par toute cette situation.

— Dans une heure.

Elle hoche la tête en grimaçant, puis vient s'asseoir sur le rebord du lit.

— Tu pouvais refuser l'héritage, Emy.

Oui, j'y ai songé. Mais en même temps...

Je plante mes prunelles dans les siennes. Maman me scrute avec tristesse. Ou inquiétude ? Certainement les deux. Je sais qu'elle a fuit ce milieu il y a bien longtemps. La rencontre avec mon père était brève et intense m'a-t-elle toujours dit. Mais elle n'appartient pas à ce monde. Toutefois, il y a encore des zones d'ombres qui planent. Maman ne me dit pas tout, je m'en doute. Elle garde ses petits secrets bien dissimulés pour une raison que j'ignore. Du moins, je sais qu'elle ne voit pas tout ça d'un bon œil. Elle a certainement peur pour moi. Enfin, je crois ?

— Et ne pas botter le cul à tout ces hommes qui se croient plus intelligent qu'une femme ? répliqué-je. Non. J'ai pris la bonne décision.

Elle pouffe, amusée.

— Oui, je te connais, ma fille. Tu adores prouver que tu en es capable. Mais là, ce n'est pas juste un garage, c'est plus grand, plus puissant et ça risque de mettre tes nerfs à rudes épreuves.

Je la fixe, silencieuse. Elle n'a pas tort, mais plus l'enjeu est colossal et plus étrangement, cela me plait.

— Que veux-tu qu'il arrive ? Tout est bien huilé. Les équipes sont en place, les pilotes aussi. Je vais juste ajouter ma touche personnelle, ricané-je.

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