POLE POSITION

SCUDERIA ADESSI - 190 POINTS

— Bienvenue au grand prix de Monaco ! La température extérieure est de vingt-cinq degrés, le ciel est dégagé et je suis persuadé que nous allons assister à une course incroyable sur ce circuit mythique.

— Exactement ! renchérit le co présentateur que je scrute dans l'écran grand format du QG. Nous attendons tous le revirement de situation de MacLean, à trois points de retard contre la Scuderia, Madame Leclerc et son équipe n'ont pas le droit à l'erreur aujourd'hui s'ils veulent garder la tête du classement.

Je détourne le regard, la gorge sèche. Comme si la pression sur mes épaules n'était pas assez grande. Certains de mes mécaniciens sont aussi rivés à la TV. J'ose un bref regard vers eux, avant de leur sourire avec confiance et de prendre la parole plus fort :

— Allez tout le monde, nous savons ce que nous avons à faire aujourd'hui !

Certains sifflent, encourageant mes mots. Ils se remettent ensuite tous au travail, retournant à leurs occupations d'avant course. Pour ma part, je m'avance dans le stand en ignorant la mère Adessi qui me toise, mauvaise. Je passe devant elle en maintenant son regard. Meurs, grognasse. J'ignore où est Riccardo, mais il ne doit pas être bien loin. De toute façon, je m'en fiche et fonce en direction de mon tabouret attitré aux abords du circuit. Je salue José. Ce dernier est déjà accaparé par les nombreux écrans devant ses yeux.

— Où est Lorenzo ? m'enquis-je, ayant déjà remarqué Liam proche de sa monoplace, mais pas mon pilote titulaire.

— Il signe des autographes, dit-il avant de scruter sa montre, il ne devrait pas tarder à arriver.

J'opine, et tapote l'épaule de José. Ce dernier me rend un sourire avant de reporter son attention sur ses écrans. Je relève le menton et scrute un instant les gradins face à nous. En tournant la tête un peu plus loin, je remarque les balcons de cette cité prise d'assaut par les spectateurs. Le commentateur avait raison sur un point. Le circuit de Monaco est mythique, car il est le seul qui se déroule dans le centre-ville. Chaque année, la municipalité refait ses routes pour accueillir les vingt voitures les plus rapides du monde. Ce circuit est connu pour sa difficulté à dépasser. Les lignes droites sont bien peu nombreuses et les écarts entre les pilotes peuvent vite se creuser. Ce qui signifie qu'il est bien plus compliqué de remonter dans la grille, à moins de faire preuve d'ingéniosité et de risques. C'est d'ailleurs pour cette raison que je cherche Lorenzo. Clay partira en pole position, avec Lorenzo derrière lui. Mon pilote va devoir se montrer agressif dans les premiers tours pour espérer lui arracher la première place. Nous n'avons pas beaucoup le choix, et il le sait. Notre réunion d'avant course était claire : presque tout repose sur ses épaules. Il doit doubler Clay.

Toutefois, je ne peux m'empêcher de penser que Johnson est bien meilleur que lui. Il nous l'a encore une fois prouvé lors du grand prix d'Espagne il y a une semaine. Il a fini premier, ramenant son écurie dangereusement à côté de nous dans le classement. Bien que je n'oublie pas notre soirée et la gentillesse qu'il a fait preuve envers moi, je ne perds pas de vue qu'il reste mon rival pour cette saison.

— Te voilà ! hurle soudain Gabriela qui trottine vers moi.

La jeune femme semble essoufflée, et pose sa main sur mon épaule avant de se pencher comme si elle avait un poing de côté. Je la dévisage, amusée.

— Qu'est-ce qui t'arrives ?

— Tu ne regardes jamais ton portable ? s'agace-t-elle.

Je retrousse mon nez, confuse, avant d'extirper mon téléphone de ma poche. J'ai plus de dix appels en absence. Huit de sa part et deux de Momo.