SCUDERIA ADESSI - 43 POINTS

82 14 0
                                    


Les basses résonnent. Je me déhanche sur le canapé du carré Vip, une coupe de champagne dans la main, je profite de la soirée. Riccardo n'était pas d'accord, mais je l'ai forcé à sortir le porte monnaie pour louer une partie de ce night-club. L'équipe le mérite. Ce dernier sirote son champagne un peu plus loin, le regard vers la piste de danse. Je jette moi aussi un coup d'œil. Lorenzo se frotte à une jeune femme. Liam bouge lui aussi autour du staff. Il n'y a que moi et Riccardo, en retrait, sur la banquette, mais les voir s'amuser vaut le détour. Entre les mécaniciens qui ont fait la danse des canards, d'autres qui chantent à tue-tête ou quelques ingénieurs qui se sont vidé un magnum de champagne à trois... Je me marre depuis tout à l'heure. Mais au moins, on peut décompresser, demain sera une autre affaire. Nous serons de retour en Italie et pour ma part, je prendrai le premier avion pour Nice. Après un weekend comme celui-ci, j'ai besoin de retrouver mes origines. Tout était si affolant ici, que je ne tiens pas à oublier d'où je viens.

Mes épaules bougent de droite à gauche tandis que je reprends une gorgée de champagne. Un mouvement sur ma droite me fait dévier du regard. Riccardo se rapproche de moi avant de pencher son visage vers mon oreille.

— Tu ne veux pas danser ? me hurle-t-il tant la musique est forte.

Je secoue la tête en guise de réponse.

— Toi, vas-y ! indiqué-je.

Ce dernier me lance un regard amusé. Je lève les yeux au ciel avant de me pencher à nouveau vers lui :

— Quoi ? Ton balai dans le cul t'en empêche ?

— Mon balai t'emmerde, grince-t-il.

Je ris, bien qu'il ne le voie pas tant l'obscurité règne.

— Alors quoi ? Ce n'était pas une bonne idée, demandé-je. Regarde-les !

Son attention se reporte sur une partie de notre staff qui dansent tous ensemble.

— Ce n'était pas dans les habitudes de Giuseppe.

Je grimace. Mon ventre se contracte en songeant soudain à mon paternel.

— Mon père est mort. Et c'est toi et moi qui prenons les décisions maintenant. Tu as quoi ? La trentaine, et alors ? Tu es déjà trop vieux pour t'amuser un peu ?

Riccardo m'offre un léger sourire. Il reprend une gorgée de champagne avant de se pencher à nouveau vers moi.

— Ce n'est pas dans mes habitudes, hurle-t-il. Je vais rentrer, ne sois pas en retard pour le vol de demain.

Je hausse les épaules. Tant pis pour lui. Ce dernier se lève, il hésite une petite seconde, mais finit par fouiller dans la poche intérieure de son costard. Il sort son portefeuille et me tend une carte toute noire avant de se baisser à ma hauteur.

— C'est la scuderia qui régale, ajoute-t-il. Prends juste garde à ce que tout le monde soit bien dans l'avion demain.

J'attrape la carte de crédit de ses mains avec un sourire victorieux. C'est un sale con, mais je vais finir par l'apprécier, surtout s'il me donne le saint graal.

— Bonne soirée, Riccardo, réponds-je toujours souriante.

Ce dernier ricane, les jeux de lumière éclairent assez son visage pour que j'y distingue une marque de gentillesse sur ses traits. Puis, il avale une dernière gorgée, pose son verre et décampe. Je l'observe se faufiler entre les employés. Certains le retiennent pour danser, mais il les esquive et file dans la foule. De mon côté, je clos les paupières et me laisse porter par la musique. Je savoure cet instant. Un léger moment de plénitude. Ma tête tourne quelque peu, mais l'alcool aidant, j'ignore mon état, me concentrant sur la musique. Toutefois, je rouvre les yeux lorsque je sens quelqu'un s'asseoir lourdement sur le sofa. Gabriela attrape une coupe, la remplit de champagne et avale tout d'une gorgée sous mon regard ébahi. La community manager accro aux réseaux sociaux vient de me couper le souffle. Ses épaules s'affaissent ensuite et elle se tourne vers moi avec un large sourire. Je me marre aussitôt.

POLE POSITIONWhere stories live. Discover now