SCUDERIA ADESSI - 43 POINTS

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Je claque la porte de mon appartement, épuisée. Ma valise encore sous le bras, je m'en débarrasse dans un coin de l'entrée et allume l'interrupteur. Un silence religieux règne, mais c'est ce qui me fait le plus de bien après un tel week-end. J'ôte mes vans, les balances sous ma console à l'entrée et m'étire la nuque. Il est onze heures passées, et tout ce dont j'ai envie, c'est de me foutre sous la couette. Toutefois, je sais que maman m'attend. Je lui avais promis de venir déjeuner avec elle dès mon retour. Et je tiens ma parole. Surtout qu'en ce moment, je n'ai plus du tout le temps pour rien. J'ai l'impression de manger, respirer et vivre Formule 1. En plus de cela, j'aimerais bien éclaircir certaines choses avec ma mère. Depuis ma nomination à la tête de la scuderia, maman est devenue plus distante. Je sais bien qu'elle s'inquiète pour moi, mais je me doute qu'il y a une raison sous-jacente à tout ça.

Je m'avance dans le couloir de mon ridicule deux pièces et fonce vers la chambre au fond. Dès que j'ai été prise dans le garage de Momo, j'ai rapidement trouvé cet appartement en à peine cinq minutes à pied du travail. Et pour couronner le tout, il est juste à côté de celui de ma mère. Je suis restée dans le même quartier et c'est tout ce qui comptait pour moi à l'époque. Je sais que maintenant j'ai les moyens de me payer une villa à Nice, mais je n'ai pas le courage de le faire. C'est ici chez moi, même si tout n'est pas en état. Comme mon armoire qui a une porte cassée et que je n'ai jamais remplacée, par faute de moyen. Aujourd'hui, j'aurais l'impression de la trahir si je la changeais. J'ignore d'ailleurs le battant encore en vie qui ne se referme plus correctement et sort de mon armoire un jeans plus décontracté et un pull court. J'attrape ensuite dans un tiroir des sous-vêtements et fonce dans la salle de bain. La pièce est comme toujours sombre, avec un faible éclairage suspendu, mais je m'en fiche et tourne la molette pour faire couler l'eau. Je me déshabille en faisant craquer mon dos.

— Bon sang, je ne sais pas si j'arriverai à tenir ce rythme, dis-je à mon reflet dans le miroir.

J'ai une sale mine. La faute à la nuit dernière. Je crois qu'il était presque cinq heures du matin lorsque j'ai enfin posé ma tête sur l'oreiller de l'hôtel. Tout ça pour ensuite prendre l'avion quelques heures plus tard avec une durée de vol de plus de six heures. À cela s'ajoute le décalage horaire. Ici, le soleil brille au zénith, alors que pour mon corps et ma tête, il est l'heure de se coucher. J'ignore toutefois ma fatigue et glisse sous le jet d'eau. Je clos les paupières et profite de la chaleur de la cabine de douche. L'eau qui ruisselle sur mon visage me fait un bien fou. Mes pieds semblent aussi me remercier. Je ne m'en rendais pas compte avant d'être là-dedans, mais tout mon corps est tendu. Je reste sous le jet, sans rien faire, en songeant à ce week-end. La course. La victoire. Clay.

Clay Johnson.

Le pilote sexy. Le coureur qui me fout les jetons aussi. Un bref sourire passe sur mon visage en pensant à la nuit dernière. J'ai encore du mal à croire qu'il soit venu en pleine nuit dans cette discothèque juste pour moi. Mais Lorenzo a été catégorique : il ne sort jamais. Bien que mon pilote fétiche était dans un piteux état, cela ne l'a pas empêché de me taquiner au sujet de Clay. Me posant un nombre incalculable de questions à sur lui ou répondant lui-même à ses propres interrogations. Dont l'une que j'ai du mal à oublier :

« Il doit beaucoup t'aimer pour venir ici »

Le fil de la conversation se déroule dans ma caboche tandis que j'attrape un gel douche. Lorenzo m'a souri bêtement plus d'une fois, râlant même qu'il était dégouté que Clay puisse me plaire. Car d'après lui, c'est certain qu'il me plait.

Foutu Lorenzo.

Il faudra que j'aie une discussion avec lui. Je suis sa patronne maintenant, et je ne dois pas me laisser avoir par ces racontages. Surtout que non, c'est faux.

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