SCUDERIA ADESSI - 157 POINTS

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— Arrête de le dévorer du regard, grogne Gabriela à côté de moi.

— Ce n'est même pas ce que je fais, rechigné-je.

L'italienne pouffe avant de reprendre une gorgée de son cocktail. Heureusement pour moi, la musique est assez forte pour pas que l'on nous entende.

— C'est ça, ouais. Alors pourquoi tu ne le quittes pas des yeux depuis avant ?

— Je regarde tout le monde, me défends-je.

— Emy, je suis consciente que tu peux me virer, mais je croyais que tu voulais de la franchise entre nous ? me lâche-t-elle en arquant un sourcil.

Ses prunelles brunes me jugent. Je hais ça. Je plisse les yeux en retour, plus mauvaise.

— Effectivement, tu as raison, je peux tout à fait te renvoyer.

Gabriela s'offusque, la bouche ronde, puis retrousse son nez, ne se laissant toutefois pas démonter.

— Tu ne le feras pas. Tu m'apprécies beaucoup trop, jase-t-elle.

— Peut-être pas tant que ça surtout si tu ne me fous pas la paix avec Clay.

— C'est toi qui ne peux t'empêcher de le matter. Moi, je constate juste et te met ces baffes que tu ne t'accordes pas pour replacer tes neurones. Tu devrais me remercier.

— O.K, soufflé-je. Et alors quoi ? Tu veux que je l'ignore toute la soirée ?

Gabriela reprend une gorgée de son cocktail en haussant les épaules.

— Ne couche pas avec lui, c'est tout ce que je te demande. Clay...

Elle hésite un peu avant de lever les yeux au ciel.

— C'est un pilote, Emy ! reprend-elle. Et beau gosse qui plus est, que crois-tu ? Des femmes, il en a eu des centaines.

Je ravale ma salive, me sentant soudain stupide.

— Ne gâche pas ta notoriété, ajoute-t-elle. J'ai bien envie de te retrouver l'année prochaine.

— Ça ne sera pas le cas. Je te l'ai déjà dit, je ne suis là que pour un an.

— Laisse-moi espérer !

J'esquisse un faible sourire avant de lui donner un petit coup de hanche.

— C'est sympa de ta part, mais prépare toi à retrouver Riccardo.

Elle soupire avant de gonfler les joues.

— D'ailleurs, il n'est pas là ? m'enquis-je.

— Non, Lorenzo ne m'a pas demandé de lui envoyer d'invitation.

— Ah, bien fait ! crié-je soudain, satisfaite.

Son éclat de rire m'amuse aussitôt. Elle me dévisage, alors que je baisse mon poing de victoire, plus penaude.

— On le sait, c'est toi la préférée de l'équipe. Donc tu vois, peut-être bien que tu seras là l'année prochaine.

Ses mots me donnent du baume au cœur. Je pourrais bien la prendre dans les bras pour la remercier, mais non, ce n'est pas mon genre. Je me contente d'un regard du coin de l'œil avec un rictus. Je reporte ensuite mon attention vers la piste. Baila Morenna, de Zucchero résonne maintenant. Ça ne fait que quelques minutes que je suis ici, mais je commence vraiment à me demander si nous allons passer toute la soirée avec de la musique italienne. Je n'ai jamais vraiment pris le temps de m'attacher à mes racines. C'étaient surtout celles de mon père. Bien que maman ne m'ait pas caché que j'étais à moitié italienne, je n'ai pas senti le besoin de traverser la frontière. J'émets même un long soupir en y songeant. Maintenant, je dois avouer que ma vision a changé. Déjà grâce à la plupart des personnes présentes ici. A commencer par Lorenzo et Gabriela. Je pense que sans ces deux-là, j'aurais déjà foutu le camp en abandonnant l'écurie. Mais j'admets que toute l'équipe compte aussi sur moi et je ne les laisserai pas tomber. Il ne s'agit pas que de Riccardo ou moi. La Scuderia Adessi compte près de trois cents personnes embauchées, ce qui signifie autant de familles qui comptent sur nous. Alors Riccardo peut bien aller se faire voir, je ferai en sorte que cette année personne n'ait à craindre pour son emploi. Nous serons les premiers, je m'en fais la promesse. Pour eux, pour maman et même pour mon père. Je sais maintenant qu'il comptait sur moi, et malgré toutes ces années, je n'ai presque pas envie de le décevoir...

POLE POSITIONOù les histoires vivent. Découvrez maintenant