CHAPTER NINE | JEANNE

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Quand personne n'a fait attention à toi toute ta vie, tu apprends à t'occuper de toi seule.





Je suis revenue au lycée il y a à peu près une semaine. Personne n'a remarqué que je n'étais plus là, bien évidemment.

Je n'ai pas revu Sam depuis les événements qui se sont déroulés à l'hôpital. À vrai dire, c'est mieux comme ça. Je n’éprouve vraiment pas l'envie de le voir, de l'entendre parler.

Il est midi, je sors tout juste de mon cours de physique. La professeure est vraiment sympathique, elle explique parfaitement le cours, et puis sa manière d'enseigner est faite pour donner l'envie d'apprendre.

Mes mains sont prises de légers tremblements quand je me rappelle que je mange au self aujourd'hui. Je n’ai pas faim.

Tu ne mérites pas de manger Jeanne.

Tu vas grossir.

Tu es déjà grosse alors n’en rajoute pas.

Alors que je m’avance vers l’entrée du self avec crainte, je sens des bras m’attraper de tous les côtés. Je me sens emprisonnée.

Je ne peux plus respirer.

J’essaye de me débattre, mais rien, je n’y arrive pas. Mon regard porte sur les personnes qui me font mal et je remarque que ce sont les filles populaires du lycée.

Et merde… C’était trop beau pour être vrai.

Elles m'embêtent déjà depuis la première année de lycée donc j’aurais été étonné que tout s’arrête cette année.

– Tu voulais aller manger, bouboule ?

Bouboule… Le surnom qu’on me donne depuis maintenant trois ans.

Je ne suis pas grosse…

Je… Je

Tu es grosse Jeanne.

– Tu sais ce qui t’attend, Claine.

Non… Je ne veux pas.

J’aimerais le dire, pouvoir parler, mais mes muscles sont bloqués par la peur.

J’essaye désespérément de bouger mes membres afin de me libérer de leur emprise, mais à chaque tentative leur poigne se fait plus forte. Je me retrouve dans une salle sombre, sans aucune source de lumière. Alors que je me fais pousser dans celle-ci, je me retourne pour sortir de la pièce mais je me fais arrêter par un coup de poing rentrant dans mon ventre. La douleur de ce coup me fait tomber sur mes genoux. Je sens la douleur se répandre dans mon corps, ce qui délaisse toutes mes tentatives de m’enfuir.

Je suis déterminée à ne pas me laisser faire. Alors, je me lève pour aller vers la porte qui est encore ouverte à ce moment-là, mais j’entends la porte se verrouiller, me laissant seule à l’intérieur.

Ma respiration se saccade en comprenant que je suis enfermée seule dans cette salle. Mon premier réflexe est de taper sur la porte en espérant que quelqu'un m'entende. Je hurle à plein poumons, en sachant pertinemment que personne ne viendra me sauver.

Après une dizaine de minutes à tambouriner et crier, je perds espoir et me laisse tomber contre le mur. Mes larmes qui étaient peu nombreuses se transforment en marée dévalant le long de mes joues. Je ne peux plus rien contenir.

Je vais mourir.

Je vais mourir ici et seule.

Personne ne va te sauver Jeanne.

Je ne peux pas respirer.

                    Je n'y arrive pas.

Je pose mes mains dans mon cou en essayant de trouver l'air mais rien ne rentre dans mes poumons, ma tête tourne. Je vais mourir.

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