La maison des poupées [recueil de nouvelles]

08 - L'innocence perdue

Le poids du passé pesait lourdement sur mes épaules alors que je me tenais devant la vieille maison abandonnée. Son apparence délabrée et lugubre évoquait des souvenirs sombres et troublants. Je me souvenais des jeux innocents de mon enfance, des rires insouciants qui résonnaient jadis dans ces murs. Mais quelque chose avait changé, quelque chose de sinistre et terrifiant s'était emparé de cet endroit.

J'entrai à reculons, mes pas hésitants faisant grincer le plancher usé sous mon poids. La poussière dans l'air stagnait telle une toile d'araignée invisible, ajoutant à l'atmosphère macabre qui régnait ici.

Des poupées parsemaient la pièce, leurs visages figés dans des expressions dérangeantes. Leur présence me glaçait le sang, et je pouvais presque sentir leurs yeux de verre me scruter avec une malveillance sournoise.

Je fus tiré de mes pensées par un bruit étrange, un murmure à peine audible qui semblait provenir des poupées elles-mêmes. Je m'approchai prudemment, mes mains moites serrées en poings serrés, prêt à affronter l'horreur qui se cachait dans l'obscurité.

« Pourquoi es-tu revenu ici ? » chuchota une voix grêle et déformée, émanant d'une poupée au visage écorché. Ses yeux de verre semblaient briller d'une lueur maléfique.

Je reculai instinctivement, mais les autres poupées semblaient s'animer, leurs petites mains de porcelaine se tordant et se contorsionnant de manière inhumaine. Un frisson d'effroi parcourut mon échine.

« Nous sommes ici pour te rappeler les péchés de ton passé. continua une autre poupée d'une voix démoniaque. Les secrets que tu as enterrés dans les profondeurs de ton âme. »

Les mots résonnaient dans ma tête, m'évoquant des souvenirs refoulés que je préférais oublier. La terreur se mêlait à la culpabilité, créant un tourbillon d'émotions sombres qui menaçait de m'engloutir.

Les poupées s'avançaient lentement vers moi, leurs mouvements saccadés et anormaux. Leurs yeux brillaient d'une lueur malsaine, et leurs sourires figés étaient empreints d'une malveillance indicible.

Je me précipitai vers la sortie, bousculant les poupées sur mon passage. Leur rire strident me poursuivait, résonnant dans mes oreilles comme une symphonie cauchemardesque.

Enfin, je parvins à franchir le seuil de la maison maudite, le soulagement m'envahissant. Mais je savais que l'innocence que j'avais perdue était à jamais entachée, que les poupées d'horreur continueraient à hanter mes cauchemars, me rappelant les démons de mon passé.

Je m'éloignai précipitamment de la maison maudite, tentant de laisser derrière moi l'horreur qui y régnait. Les images des poupées démoniaques et de leurs voix sinistres me hantaient encore, me rappelant la noirceur de mon passé.

La nuit était tombée, enveloppant les environs dans un voile de ténèbres. Les rues étroites et désertes semblaient se refermer sur moi, éveillant en moi une sensation d'oppression insupportable. Je sentais le poids des souvenirs m'enserre le cœur, et l'angoisse grandissait en moi.

Alors que je m'enfonçais dans l'obscurité, un mouvement fugace attira mon regard. Une poupée de porcelaine se tenait au coin d'une ruelle sombre, les cheveux d'un blanc éclatant et les yeux vides fixés sur moi. Une terreur indescriptible m'envahit, sachant que je ne pouvais échapper à cette malédiction qui semblait me suivre partout.

La poupée se mit à bouger, ses membres articulés se déplaçant avec une grâce inhumaine. Elle s'approcha lentement, sa petite main tendue vers moi, et je sentis un frisson glacé parcourir ma peau.

« Viens avec moi. chuchota-t-elle d'une voix éthérée. Rejoins-nous dans le royaume des poupées, où ton innocence perdue trouvera sa rédemption. »