16 - l'enfant oublié

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J'étais assis seul dans la vieille maison abandonnée, mes yeux scrutant les ombres dansantes sur les murs décrépis. L'air était épais, empreint d'une atmosphère sinistre qui semblait me serrer la gorge. C'était ici que l'histoire de l'enfant oublié avait commencé.

Les souvenirs affluaient dans ma mémoire, un passé sombre qui avait été longtemps enfoui. J'étais un enfant solitaire, négligé et oublié par mes parents. La maison était remplie de poupées, toutes aux regards froids et vides. Elles étaient mes seules compagnes, mais quelque chose de malsain émanait d'elles, une présence inquiétante.

Un soir, alors que j'observais les poupées alignées sur les étagères, j'entendis un murmure provenant de l'une d'entre elles.

« Aide-moi... Sors-moi d'ici... » chuchota une voix à la fois enfantine et terrifiante.

Je reculai, pris de frayeur, mais ma curiosité l'emporta sur ma peur.

« Qui es-tu ? demandai-je d'une voix tremblante.

— Je suis Alice, l'enfant oublié. Je suis piégée dans cette poupée depuis si longtemps. Libère-moi, s'il te plaît... » supplia la voix.

Intrigué et effrayé à la fois, je pris la poupée dans mes mains. Ses yeux de verre semblaient me fixer avec intensité, et je sentais une énergie étrange émanant d'elle.

« Comment puis-je te libérer ? demandai-je, la gorge nouée.

— Trouve la clé, la clé de l'oubli. Elle est cachée quelque part dans cette maison. Libère-moi et ensemble nous pourrons retrouver notre liberté. »

Mon cœur battait violemment dans ma poitrine, mêlant la peur et l'excitation. Je me levai, déterminé à trouver la clé qui libérerait Alice de son enfer de porcelaine.

La maison était un labyrinthe sombre et délabré, ses couloirs emplis de souvenirs effacés et de secrets oubliés. Les poupées semblaient me guider, leurs regards glaciaux me poussant à poursuivre ma quête.

Alors que je fouillais chaque pièce, je sentais une présence malveillante se resserrer autour de moi. Les ombres dansaient, semblant prendre vie, et un frisson d'horreur parcourut mon échine.

Soudain, dans une petite chambre au fond du couloir, j'aperçus une vieille commode en bois. Je m'approchai, espérant y trouver la clé tant recherchée.

Mes doigts tremblaient d'anticipation alors que j'ouvris le tiroir supérieur. Et là, parmi des objets oubliés et poussiéreux, brillait une petite clé en argent.

Je savais que c'était la clé de l'oubli, la clé qui libérerait Alice de sa prison de porcelaine. Mais je sentais aussi que l'acte de la libérer aurait des conséquences terrifiantes.

Alors que je m'apprêtais à insérer la clé dans la serrure de la poupée, une pensée m'envahit : était-ce une erreur de réveiller le spectre de l'innocence perdue ?

***

Les battements de mon cœur résonnaient dans mes oreilles alors que je contemplais la clé scintillante dans ma paume. Une bouffée d'angoisse s'empara de moi, mais je ne pouvais plus reculer. Je m'agenouillai devant la poupée d'Alice, les yeux de verre me fixant avec impatience.

« D'accord, Alice. Je vais te libérer. » murmurai-je d'une voix tremblante.

J'insérai la clé dans la serrure, sentant une tension palpable dans l'air. Un cliquetis sinistre retentit tandis que la poupée s'ouvrait lentement, comme si elle dévoilait une vérité longtemps cachée.

Et alors, devant mes yeux horrifiés, l'esprit d'Alice se matérialisa devant moi. Son apparence était déformée, un mélange grotesque de porcelaine et de chair décomposée. Ses yeux vides s'emplirent d'une lueur malveillante, et un sourire tordu s'étira sur son visage.

La maison des poupées [recueil de nouvelles]Where stories live. Discover now