CHAPITRE 4 | Alexander

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❄︎ 𝐀𝐋𝐄𝐗𝐀𝐍𝐃𝐄𝐑 ❄︎

Silencieusement, je chausse mes mocassins Prada, de réelles merveilles peu confortables et coutant un smic. Je ne saurais réellement qualifier mon obsession pour le luxe. D'un côté, j'y ai baigné depuis ma naissance, de l'autre, je me rends bien compte qu'il y a quelque chose d'un peu malsain dans mon besoin constant de porter des marques hors de prix.

A l'internat, Heather disait souvent que les articles les plus couteux servaient seulement à dissimuler ce qu'il y avait en dessous... la pauvreté de l'âme. Elle aimait lâcher des remarques cinglantes en prétendant que je les méritais simplement à cause de mon apparence.

Je ricane.

Elle a toujours été d'une hypocrisie incontestable.

-       Tu vas où ? grogne Harry en se réveillant péniblement.

Sa voix est rauque et son oreiller a laissé une méchante trace sur sa joue.

-       A la bibliothèque, j'ai 50 pages de droit de la propriété intellectuelle à ingérer avant lundi.

Il soupire bruyamment avant d'écraser son coussin sur sa tête. Je lève les yeux au ciel. Il n'est pas du matin.

Mais maintenant qu'il est réveillé, je n'hésite pas à ouvrir en grand les rideaux de notre chambre afin de laisser le soleil d'hiver illuminer la pièce.

-       Ah ! Connard, souffle-t-il en s'étirant dans tous les sens.

Je récupère mes livres de droit, mon MacBook et mes écouteurs avant de sortir de la pièce.

Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit, nous sommes rentrés tard de la soirée des Excès. Plus le temps passait et plus les gens se dévergondaient, l'alcool et la drogue coulaient à flot. Mais je crois que pour moi, la soirée s'est arrêté dès lors que Heather a quitté les lieux, sa douce menace toujours présente dans l'air au même titre que son parfum fruité.

Mmh.

Je ne sais pas quoi penser de tout ça. Je me languissais de cet affront tout en le repoussant le plus longtemps possible. Mon esprit est sous contradiction, je lui en veux pour beaucoup, et je m'en veux pour encore plus.

Lorsque je mets un pied dehors, la neige tapissant le trottoir s'écrase sous mes semelles. Je plonge mes mains couvertes de gants en cuir dans les poches de mon manteau et traverse la rue pour trouver mon coffee shop favori.

-       Salut Alex, je te sers comme d'habitude ? m'accueille le barista.

-       C'est Alexander, et oui, comme d'habitude, souris-je.

Nous avons la même conversation tous les jours de l'année (sauf le dimanche) lorsque je récupère mon double espresso chez eux. Il aime m'appeler par mon diminutif et je déteste ça. Si je me nomme Alexander, ce n'est pas pour qu'on réduise mon nom comme une vulgaire technicalité. A la différence de mes deux meilleurs amis, j'aime la longueur prétentieuse de mon prénom et je ne m'en cache pas.

-       Merci, à lundi, le dis-je en me tournant vers la sortie.

Je tombe sur Skyler. Ce n'est pas la première fois que je la vois ici, je crois qu'elle aime cet endroit. Puis, elle est comme Stan, insomniaque et accro à la caféine, un combo vraiment sain.

-       Skyler, dis-je en levant mon gobelet pour la saluer.

Elle me dévisage. Emmitouflée dans un sweat-shirt de Stan, la brune m'offre une moue peu sympathique. Je lève les yeux au ciel, pas d'humeur à me faire insulter par la petite copine un poil agressive de mon meilleur ami. J'ai conscience qu'elle pourrait me mettre au sol en quelques secondes et je ne cherche pas à m'y retrouver.

NOSTALGIA #2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant