CHAPITRE 9 | Heather

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❄︎ 𝐇𝐄𝐀𝐓𝐇𝐄𝐑 ❄︎

En arrivant à Londres par la gare de Paddington, je me suis dépêchée de retrouver Lily (et de m'éloigner le plus possible d'Alexander). Je ne supporte pas qu'on perturbe mes certitudes et il excelle dans ce domaine.

Mais j'ai l'esprit volatile et quelques troubles de la concentration, alors lorsque nous sommes arrivés à notre hôtel de destination, l'hôtel Waldorf Hilton à deux pas de Covent Garden dans le vibrant quartier de Westminster, je n'avais d'yeux que pour le lieu. La bouche légèrement entrouverte devant le style victorien de l'édifice, j'avais des étoiles pleins les yeux. Un mélange de moulure, dorure et autre démonstration ostentatoire de la richesse ont attaquer mes iris.

Et toi, tu te plais dans celle de la boursière hypocrite qui prétend haïr les riches tout en espérant secrètement le devenir ?

Cet abruti est terriblement perspicace.

-       Tu es sûre que tu le connais juste « à peine » cet Alexander ? demande Lily tout en s'étalant de tout son long sur le lit de notre chambre d'hôtel.

La pièce est plutôt sobre mais fonctionnelle, ils n'allaient tout de même pas nous donner la suite royale de l'hôtel. Deux lits trônent au centre alors qu'un espace salon avec un canapé en velours gris et une table basse en verre sépare la chambre de la salle de bain.

-       Oui, mais il est un peu obsédé par moi. J'ai cet effet sur les gens, raillé-je.

J'ai mis plusieurs mois à avouer l'origine de ma relation avec Alexander à Skyler. Ce n'est pas une partie de plaisir d'avouer ma faiblesse de cette façon, alors je garde une certaine distance autant que je le peux.

-       Je n'en doute pas, ricane Lily.

Je plisse mes lèvres dans un petit sourire tout en déposant mon sac sur mon lit. Je fouille dans mes affaires afin de sortir la petite robe noire que j'ai prise à l'occasion de l'exhibition. Je n'ai pas l'habitude de porter du noir, je trouve la couleur trop sobre et elle fait un peu trop ressortir mon teint blafard. Mais je n'ai pas forcément envie d'attirer l'attention cet après-midi. Ce week-end devait me permettre de reposer mon esprit, à la place, je suis angoissée et tout ça à cause de lui.

J'attrape ma paire de collant couture et ma robe noire en simili velours avant de rejoindre la salle de bain pour me changer. Le tissu m'arrive mi-cuisse et les manches longues tombent jusqu'au milieu de mes mains. Je remets une couche de mon rouge à lèvre et observe mon reflet dans le miroir. J'ai l'impression qu'il y a deux images lorsque je me regarde, l'une est objective, c'est la jolie jeune femme que je suis devenue et personne ne pourrait me faire croire le contraire. La seconde reste cette pré-ado blessée à la confiance fragile que j'étais autrefois. Je crois qu'elle est toujours un peu en moi. Alexander me rappelle cette fille-là, parce qu'il me rappelle ma vulnérabilité. C'est aussi pour ça qu'il doit payer.

En arrivant au Royal College of Art, une bouffée de nostalgie m'envahie. L'immense édifice moderne renferme une multitude de salle aux larges bais-vitrés pour chaque type d'art différent. Aujourd'hui, la salle d'exposition principale au rez-de-chaussée a été mobilisé pour l'exhibition. Celle-ci est exclusivement réservé aux élèves des meilleures écoles d'art du pays. Le but, présenter aux démarcheurs d'art, collectionneurs, propriétaires de galerie d'art, les étudiants aux plus grands potentiels afin de leur assurer un avenir prospère.

Lors de mes trois ans dans cette école, personne n'a jamais vu un intérêt dans mes jolies peintures gaies. Apparemment, le bonheur, la guérison et la paix d'esprit n'attirent pas les amateurs d'art. Ce n'est pas une coïncidence si tous les artistes connus dans l'histoire étaient profondément dérangés, dépressifs, torturés.

NOSTALGIA #2Where stories live. Discover now