NOSTALGIA #2

CHAPITRE 12 | Heather (partie 1)

❄︎ 𝐇𝐄𝐀𝐓𝐇𝐄𝐑 ❄︎

Je n'ai pas dormi de la nuit. Plutôt mourir que de retourner dans cette maudite chambre. J'ai récupéré mes affaires et je suis retournée à la Royal Academy of Art. Je ne savais pas où aller et le dernier train à destination d'Oxford était déjà parti depuis longtemps. J'ai passé la nuit dans la salle de peinture où j'avais l'habitude de travaillé les années passées. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai eu froid.

Le lendemain, je suis allée à la gare de Paddington et j'ai pris le premier train. Installée au fond du dernier wagon vide, je sors mon portable et appelle mon psychiatre en visio. Il est 6 :30 et c'est dimanche matin. Mais il répond.

-       Heather ? Tout va bien ? demande-t-il inquiet alors que ses yeux à peine éveillés apparaissent à l'écran.

Il est inquiet. Je ne l'appelle jamais sans prévenir et j'ai même tendance à rater quelques-uns de nos rendez-vous récemment. J'allais si bien.

-       Je crois que je vais faire une crise, avoué-je.

L'image que me renvoi ma caméra me met mal à l'aise. J'ai l'air malade. Mon maquillage a coulé sous mes yeux mais ça ne suffit pas pour dissimuler les cernes que j'ai récoltés cette nuit.

-       Que s'est-il passé ? Tu prends toujours tes médicaments ?

J'acquiesce en plissant les yeux. Je n'ai pas pleuré une seule fois depuis hier, c'est ça qui m'inquiète.

Mon psychiatre est un vieil homme rassurant. L'un des seuls à qui je fais confiance.

-       Je prends mon traitement. Mais c'est lui, Alexander, il a réussi à m'atteindre hier. Il parvient tout le temps à me blesser, alors que moi, je n'y arrive pas. J'effleure à peine la surface.

Mon psychiatre soupire.

-       Je ne savais pas qu'Alexander était de retour dans ta vie...

J'aspire ma lèvre inférieure entre mes dents pour dissimuler ma gêne.

-       Je n'ai rien dit. Je pensais pouvoir gérer cette situation seule. Ça fait trois ans.

Le vieil homme secoue la tête, un peu désespéré je crois.

-       Pourquoi a-t-il essayé de te blesser ?

Je ferme les yeux.

Il pose toujours la même question. Pourquoi ? Alexander n'a pas besoin de raison pour me vouloir du mal, mais mon psychiatre souhaite toujours que j'y réponde.

-       Parce que c'est un sociopathe, lâché-je, agacée.

Mon psychiatre secoue la tête.

-       Heather, pourquoi ? gronde-t-il.

Je réfléchis à raccrocher. Mais je me retiens, j'ai besoin d'aide.

-       Parce que je lui ai dit qu'il méritait que je lui fasse du mal aussi.

L'homme de l'autre côté de l'écran parait encore plus vieux qu'il ne l'est réellement. Et je crois que c'est de ma faute. Il a un jour dit que je lui faisais perdre ses cheveux. Je lui ai répondu que c'était mal de blâmer les autres pour ses problèmes de calvitie.