Chapitre 7 (Megan)

111 12 26
                                    

          Nous roulons un temps qui me paraît interminable. La fatigue qui m'animait il y a peu s'est totalement évaporée pour laisser place au stress et à la peur. J'ai deviné que nous avons pris plusieurs routes secondaires pour rejoindre l'autoroute que nous avons suivi durant un peu plus d'un quart d'heure à mon avis. A présent, nous parcourrons depuis une demi-heure, peut-être une heure entière même, une route sinueuse. Je me prends des à-coups violent à cause de ma position inconfortable dans le coffre. Tout mon corps est endolori. En plus, il y a quelques minutes, j'ai compris la provenance de l'intense douleur qui fait souffrir mon épaule : j'ai une profonde ouverture qui saigne abondamment au niveau de l'omoplate.

Deux, trois ou peut-être même quatre heures plus tard, je n'en peux plus. Les à-coups ne cessent pas et mon corps doit à présent être entièrement recouvert d'hématomes. Je pense à Alex qui a dû se rendre compte de ma disparition à l'heure qu'il est. Je n'ose pas imaginer son état. J'ai aussi une pensée pour ma mère qui sera sur le point de faire un infarctus si elle l'apprend avant mon retour... s'il y en a un... Mon esprit vagabonde ensuite vers mes amis, qui m'ont toujours considérée comme leur petite sœur, défendue, aidée, prise sous leurs ailes... mais il se dirige surtout vers ma meilleure amie, Louane, ma jumelle de cœur. Je la connais depuis toujours et notre lien est incassable. Nous avons vécu tellement de choses ensembles et nous nous sommes tellement tout dit que je connais tout aussi bien sa vie que la mienne et inversement. Nous pourrions échanger nos vies, il n'y aurait aucun problème...

La voiture s'arrête enfin et l'Hispanique me ressort du coffre. Il fait encore nuit mais ici, des lampadaires illuminent la route... non... pas la route... une piste de décollage ! Je regarde autour de moi. Je vois une tour de contrôle et plusieurs petits avions. Nous sommes dans un aérodrome ! Pitié ! Non ! Déjà que me retrouver à Los Angeles ou même en Californie aurait été d'une difficulté monstrueuse pour la police, mes ravisseurs m'emmènent dans un autre état d'Amérique et peut-être carrément dans un autre pays ! Le stress augmente et j'ai l'impression que ma poitrine va exploser. Il faut que je me calme. Stresser n'arrangera en rien mon cas.

L'Hispanique me pousse vers le jet posé sur le tarmac. J'essaye de me défendre et de me défaire de sa main qui tire sur mon épaule droite à chacun de mes faux pas, en vain. Il s'amuse en me la tirant encore plus fort d'ailleurs. S'il continue comme ça, il va me l'arracher ! Il m'a dit plus tôt qu'il n'était pas là pour me faire du mal et qu'il avait pour consigne de me traiter comme une princesse, eh ben, c'est louper alors ! Il m'oblige à monter les marches menant à l'intérieur de l'avion et me pousse vers le fond de la cabine. Nous passons une porte qui s'ouvre sur un petit salon et il me fait m'assoir sur un confortable fauteuil en cuir.

— Le temps de vol est d'environ douze heures alors à ta place, je me reposerais. Les toilettes sont juste derrière, m'informe-t-il en désignant la porte dans mon dos. Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu toques à la porte, continue-t-il en m'indiquant l'espace par lequel nous sommes entrés dans le petit salon.

— Et si j'ai besoin de rentrer chez moi ? lui demandé-je d'un air de défi.

— Et bien, tu seras bientôt dans ton nouveau chez toi alors ça ne devrait pas trop poser de problèmes, me répond-il en s'éloignant.
Je n'ai pas le temps d'ouvrir la bouche pour lui rétorquer quoi que ce soit que j'entends déjà le cliquetis de la serrure. Il m'a enfermée.

Nous décollons environ un quart d'heure plus tard. Le sommeil m'assaille et je m'autorise un somme. Dormir ou non ne changera rien à ma situation. Nous sommes dans le ciel, je ne peux pas m'enfuir. Il vaut mieux que je me repose pour trouver une bonne solution une fois sur la terre ferme.

Je ne te lâcherai pasWhere stories live. Discover now